Chapitre 64

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Je me glisse sous la douche après avoir retiré tous mes vêtements. L'eau tiède me fait un bien fou. Je patiente un instant, puis fait couler l'eau froide. Les nombreuses gouttes glissent le long de mes cheveux, mes mains sont posées sur mon ventre. J'inspire beaucoup d'air chaud. Je ne sais pas pourquoi j'ai réagi de cette manière, mon subconscient croit peut-être que Nathan était un frère doux et bienveillant. Sa mort m'a fait un peu de peine, mais ça reste une délivrance. Je suis soulagée de le savoir parti définitivement, parce que j'avais l'impression que ma vie n'aurait plus jamais été la même. J'étais certaine qu'il finirait par être libéré. Son obsession pour moi aurait sans doute fini par me tuer. Toutefois, la cause de son décès me trouble encore, la dernière fois que j'ai vu Nathan, il paraissait vouloir vivre plus que quiconque. Il avait soif de vie et d'exister.

Lorsque j'ai fini de me savonner de la tête au pied, j'ajuste le pommeau de douche au-dessus de ma tête, et je me laisse noyer par cette forte pluie. Mes membres sont maintenant glacés, je me couvre avec ma serviette puis je m'assieds sur le sol en grelottant. Je n'ai pas pris de quoi me changer, et Anderson est, je le devine, toujours dans ma chambre. "Enra ? Ça va ?", "oui, est-ce que tu peux aller dans mon salon ? Je n'ai pas pris de vêtement...", "d'accord, j'y vais." Je patiente quelques secondes, puis je sors ma tête dans l'entrebaillement de la porte. Je vérifie qu'Alan n'est pas dans les parages pour ensuite retrouver ma chambre, en mouillant le tapis oriental à motif du couloir.

Quelques minutes plus tard, je pose le pied dans la pièce principale de mon appartement et remarque qu'Anderson déambule dans la pièce. Il frôle de sa main l'un des nombreux tableaux accrochés au mur. Je m'éclaircis la gorge, et quand il remarque ma présence, ses yeux me retrouvent. "Je vais bien, tout va bien", je lui assure en gardant une distance de sécurité entre lui et moi. Il s'avance, ses pas sont rapides. En une seconde il m'atteint, et sa main se pose sur ma joue. "Tu m'as manqué", je souris avec malice, "ah oui ?", "mh." Ses yeux ne veulent pas me quitter, et je crois que je commence à rougir. "Est-ce que tu... tu le pensais quand tu parlais de mariage ou c'était juste comme ça ?", "oui, je le pensai et je le pense toujours. Je suis très sérieux Enra, c'est tout réfléchi, c'est ce que je veux, tu es tout ce que je veux."

Je souris alors qu'il caresse délicatement ma joue, "si je te demandais de quitter la police pour moi tu le ferais ?", "mh", il enroule une mèche de cheveux autour de son index avec cette admiration unique dans les yeux. "Je ne veux pas que mon mari soit flic", "pourquoi tu ne les aimes pas, l'un deux t'as traumatisé ?", il rit doucement. "Oui, il y en a un qui m'en a fait baver, il est lieutenant, et s'appelle Anderson." Je ricane lorsque je vois qu'il ne s'attendait pas à entendre son propre nom, "le lieutenant Anderson te présente ses plus plates excuses", "sans rancune", "il est désolé pour tout le mal qu'il a causé." J'expire difficilement, puis hoche la tête de haut en bas. Ses deux grandes mains prennent mon visage en coupe, "je t'ai menti un milliard de fois, parce que je ne voulais pas accepter le fait que je t'aimais. Mais mon cœur t'appartiens Enra, crois moi. Laisse moi te donner tout ce que j'ai."

Je souris avec timidité, "d'accord, j'accepte de prendre tout ce que tu as." Mes joues s'empourprent lorsqu'une de ses mains quitte mon visage pour retrouver le bas de mon dos, et me presser contre lui. "Alan tu...", son regard est fixé sur mon cou, il analyse ma peau avec prévenance puis ses yeux remontent lentement jusqu'aux miens. "Je quoi ?", "rien... j... je ne sais juste pas quoi dire..." Je vois une expression sur sa face qui ne me plait pas. "T'as pas le droit de te moquer de moi", "je ne me moquerai jamais de toi, je pense l'avoir suffisamment fait", ses lèvres s'étirent davantage. "Suffisamment ?", "non, pas suffisamment, mais excessivement, oui, c'était beaucoup trop." Je bouge la tête de haut en bas, et Alan embrasse ma joue.

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant