Chapitre 62

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Plusieurs semaines plus tard.

Léo est assis confortablement sur mon canapé couleur sapin. Mimi ronronne tout en frottant son museau contre lui. "T'es sûre que ça va ? J'ai le sentiment qu'une chose t'embête. J'ai pas été présent pendant toutes ces années et je le regrette amèrement, laisse moi me rattraper et dis moi ce qui se passe", il me dit en se penchant davantage vers moi, posant ses mains sur ses genoux. Je saisis un morceau de gâteau au chocolat que j'enfouis entièrement dans ma bouche. Elle est désormais pleine, je peux alors pouvoir réfléchir à une réponse raisonnable et logique. Car pour le moment, je ne sais pas quoi lui dire, je suis mal à l'aise.

"Enra ?", je lève le doigt, pour lui faire comprendre que je n'ai pas finis. Je fais semblant de mâcher alors que le gâteau a progressé dans mon estomac, je crois même qu'il a atteint mes intestins... Tout cela est vraiment embarrassant. "Ça va, ma vie a repris son cours, mais...", "mais ?", "c'est Alan, je fais au mieux pour ne pas le croiser, parce qu'à chaque fois qu'on se voit c'est douloureux", "pourquoi ? Je ne comprends pas, Nathan n'est plus là, qu'est-ce qui vous empêche d'être ensemble ? Il y a autre chose ?" Je croise les bras, "non rien... Mais je n'ai aucune certitude que les larbins d'Orcus ne s'en prendront pas à lui. Sa vie est en jeu à chaque fois qu'il m'approche", "mais... tu m'as dit que personne ne t'avais contacté depuis, si tu n'a aucun signe c'est peut-être parce qu'ils sont tout simplement passés à autre chose. T'es consciente que tu n'auras jamais la certitude qu'ils ne s'en prendront pas à lui ?"

Je lève les épaules, "bah tant pis. Je ne veux pas qu'Anderson meure par ma faute", "Enra, s'ils avaient l'intention de lui faire quoi que ce soit ils t'auraient envoyé une lettre de menace, c'est comme ça qu'ils procèdent depuis le début. Ils ne passeront pas à l'acte comme ça, subitement. Et puis Anderson est un flic, il est lieutenant, ceux qui n'ont pas été chopé ont probablement peur pour leur liberté, ils ne vont pas s'attaquer à un lieutenant de police judiciaire alors qu'ils sont recherchés. Personne ne ferait ça, personne n'est assez stupide pour faire ça. Et puis Anderson était l'obsession de Nathan, pas forcément celle de ses gars. Ils font partie d'un groupe qui s'attaque aux femmes et enfants, des personnes vulnérables, pas des hommes de 1m80. Donc si tu dois craindre pour la vie de quelqu'un, c'est la tienne. Ils ne feront aucun mal à Anderson, la seule personne qui est suffisamment entêté pour s'en prendre à un flic c'était Nathan, et il n'est plus là."

Je regarde dans le vague, je dois avouer qu'il est convaincant. "Tu ne seras jamais sûre à 100%, ça signifie que tu ne pourras jamais être avec lui." Je souris doucement, "tu es coach conjugal durant ton temps libre c'est ça ? En plus d'être infirmier ?", "c'est ça." Il prend une part de gâteau qu'il savoure en s'arrêtant toutes les 30 secondes pour complimenter ma cuisine. Mimi se faufile entre mes jambes alors que des rayons dorés traversent la dentelle de mes rideaux pour atterrir sur mon mur, projetant des motifs vintage sur celui-ci. "Alors tu penses qu'Alan ne risque rien ?", "mh, j'en suis même sûr. Tu ne peux pas vivre dans cette peur pour le restant de tes jours. Nathan était le cerveau, le big boss de cette secte, sans lui, ils ne sont rien. Ces malades ont probablement retrouvé leur vie normale. Fin de l'histoire. Ça fait combien de temps que t'as pas vu le lieutenant ?" Je pose mes deux paumes contre mes joues, "ça fera 7 semaines, presque deux mois. Je ne suis pas sûre de faire ça, je ne veux pas lui faire de faux espoirs", "réfléchis un moment si tu préfères, et fais un choix. Mais tu connais mon avis sur ça... Meriem, tu ne la vois pas non plus ?", "mh, il les a trop souvent menacé tous les deux, j'ai peur pour eux. Mais je devrais réfléchir un peu, je dois être certaine avant de prendre une quelconque décision."

Il acquiesce, et je quitte mon pouf pour déambuler dans mon appartement. "Anderson me manque tellement, que j'ai acheté ce ridicule pot de fleurs en sa mémoire", je dis en soulevant le pot en céramique, couleur crème, donc la forme est on ne peut plus basique. "Il me fait penser à lui, comme si un vase pouvait remplacer sa personne, c'est n'importe quoi", "ne sois pas si dure envers toi-même, tu fais de ton mieux pour combler le manque. Dis-moi plutôt quels étaient vos projets tous les deux avant que Nathan ne mette fin à tout ça, est-ce que c'était-  sérieux ?" Je prends ce vase entre mes doigts et je le caresse avec douceur, "bien sûr que c'était sérieux, il m'a parlé de mariage. Quand Alan l'a menacé, on venait à peine de se considérer comme un "couple", mais je suis persuadée que j'épouserai Anderson. Et de toute façon c'est lui ou personne." Léo sourit en me montrant toutes ses dents, puis je réalise doucement à quel point j'ai ouvert mon cœur. "J'aurai jamais cru te voir amoureuse. Mais c'est très bien, moi je suis persuadé que cette histoire finira bien. Vous vous marierez." Je repose l'objet à sa place en haussant les épaules, "j'en sais rien. Ça fait presque deux mois, je n'ai pas la certitude qu'Alan est toujours célibataire, ou qu'il a tout simplement envie de reprendre notre relation. J'en sais rien, peut-être qu'il a perdu espoir, et qu'il est passé à autre chose. Je ne veux pas trop y penser pour l'instant."

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant