Chapitre 65

2 0 0
                                    

-

Il ne me regarde plus, pourtant j'attends qu'il le fasse, menton levé vers le ciel. "Alan je te fais confiance. C'est juste que ça m'énerve d'être assistée pour pouvoir dormir une nuit entière, comme si j'étais un bébé. Il ne manque plus que le biberon !", un soupir s'extirpe de mes lèvres. Je pose mon front contre son torse, tout en gardant les bras le long du corps. Un peu comme si Alan était le volant de ma voiture sur lequel j'ai l'habitude de m'appuyer de la sorte. Grincheuse, je garde les sourcils plissés.

"Tu flirtes là ?", je l'entends très nettement sourire. Je tente de relever mon front pour me justifier mais il m'empêche en me gardant contre lui, avec ses deux grandes mains à l'arrière de ma tête. "Lâche moi ! Je ne suis pas en train de flirter !", "tu flirtes", il dit d'une voix faussement monotone. "Anderson ! Lâche-moi, c'est une agression ça, si Berquin te voyait, il t'enverrait en taule !" Il attrape ma tête et l'écarte avec une mine renfrognée, il n'apprécie pas mon évocation. Et moi, je n'apprécie pas la façon dont il écrase mes magnifiques cheveux. "Pourquoi tu parles de Berquin ?", "parce que lui m'a aidé plus que toi, c'est un très bon officier." Un rictus je vois à la commissure de ses lèvres tandis qu'il trace une ligne horizontale sur mon front avec son index. Ses yeux se plissent, j'y vois un sentiment de fierté apparaitre. "C'est écrit sur ton front", "quoi ? Qu'est-ce qu'il est écrit sur mon front", "que tu mens." Mes yeux deviennent petits, "ok, c'est bon, j'y vais."

Il s'incline pour poser trois baisers sur mon front, ensuite, il me fait pivoter en saisissant mes deux épaules. Il me pousse jusqu'à ma chambre et je cède à son choix de destination. Dès que je m'arrête, je le consulte en le guettant du coin des yeux, mais je ne vois pas grand-chose, car il se trouve derrière moi. Il me fait tourner une seconde fois, et embrasse mon front. Il continue avec mes joues sur lesquelles il pose plusieurs baisers à la suite. Je ne peux réprimer le sourire qui s'affiche sur mon visage alors qu'il couvre de tendresse mon menton, ma mâchoire en se penchant au point où il pourrait se casser le dos.

Ça n'est toutefois pas une raison suffisante pour le pousser à arrêter. Alan descend dangereusement vers mon cou, et sa pluie de baisers se propage jusqu'à cette zone. Ma main prend appuie sur son épaule car mes genoux fléchissent, et je suis consciente que ce n'est pas simplement lié à ma fatigue. Il se fige, puis appuie ses lèvres contre ma gorge. Il attend quelques secondes avant de se relever doucement, jusqu'à ce qu'il retrouve sa taille initiale et que je sois forcée de lever le menton pour lui faire face. "Tu dois aller dormir, vas faire ce que tu as à faire. Je te demande seulement de ne pas revenir vers moi. Si tu viens à moi, je ne te laisserai pas repartir dans ta chambre. Je ne pense pas posséder l'immense force de te laisser m'échapper une seconde fois. Je resterais sagement au salon, et toi dépêche toi d'aller dormir. Je sais que t'es épuisée", il finit en dégageant la mèche de cheveux qui pendait sur mon visage, entre mes deux yeux. Je confirme ses propos en reculant. Ses mains se détachent difficilement de moi, et je lui fais un bref signe de tête en effectuant plusieurs pas en arrière.

.

Un cognement bruyant provient de la porte de l'appartement d'Enra. Alan se relève et ouvre celle-ci promptement, pour faire taire la personne qui risque de réveiller la jeune femme. Anderson fronce les sourcils en voyant Léo face à lui, avec un sourire béat aux lèvres qui lui donne la forte envie de lui flanquer une gifle. Le frère est plus que surpris de voir le lieutenant ici, vêtue d'un jogging noir, le torse-nu, les cheveux ébouriffés et les yeux petits, qui témoignent d'un réveil encore frais. "Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, vous pouvez retourner à vos occupations !", "je dormais, vous... voulez entrer ?", "non non, je passais voir Enra. Est-ce qu'elle va mieux ?" Alan gratte sa nuque, "oui, elle a pu dormir cette nuit", "j'ai insisté pour dormir chez elle, elle n'a pas voulu..." il se précipite de se justifier. L'infirmer paraît presque désolé, "je sais, elle têtue. Enra est encore troublée à cause de Nathan, mais euh... je crois qu'elle vous aime bien." Léo montre ses dents, et Anderson remarque qu'il porte une blouse blanche, similaire à celle d'Enra. "Excusez moi pour le réveil brutal, et tenez- ce sont des pains au chocolat. Embrassez là de ma part", "je lui donnerais, merci, et bonne journée." Léo effectue un geste vague de la main en dévalant les escaliers.

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant