Chapitre 73

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Ses mains sont agréables et réchauffent ma peau. "Je suis désolé d'être si maladroit, tu sais que j'ai du mal avec- tout ça", "et je suis désolée de t'avoir menti en disant que j'étais malade, j'avais juste peur de te voir." Des courtes rides prennent forme entre ses sourcils, "pourquoi tu avais peur de me voir ?", je lève faiblement les épaules, "j'en sais rien, je crois que j'ai peur à chaque fois que l'on passe une étape ensemble. C'est ridicule, ce n'est qu'une robe, des bijoux et un peu de maquillage mais... le fait que toi, je le pointe du doigt, tu me vois comme ça, ça me terrifie. Parce que c'est la première fois et même si ce n'est rien, ça reste la première fois de quelque chose. Tu me verras peut-être encore plus belle que maintenant, mais la première fois est toujours unique et différente." Il abaisse davantage la tête vers moi, "c'est vrai, elle est unique."

Ses doigts récupèrent une perle du magnifique collier qui embellit mon cou, "on ne doit plus se prendre la tête pour ces choses-là. Et euhm... en ce qui concerne ta difficulté à me regarder sache que tu peux m'observer autant que tu le veux, et tu peux me toucher aussi autant que tu le veux. Je doute que ça puisse m'être désagréable, d'accord ?" Ses yeux brillent, il acquiesce. J'écarte délicatement sa main et me place à ses côtés. "Maintenant tu dois m'expliquer pourquoi il n'y a personne dans ce jardin, et comment est-ce que ces cygnes ont atterri ici ?", "j'ai loué le lieu pour la journée, et les cygnes sont arrivés quand tu es venu par pur hasard. Malheureusement, je ne pouvais pas les télécommander", "c'est magnifique, merci beaucoup beaucoup", "te voir aussi émerveillée par des choses si simples est plus magnifique ça. Je... je ne pense pas avoir vu quelque chose d'aussi beau de toute ma vie, je suis sincère. C'est à ce moment que je n'ai su regarder ailleurs, comment aurai-je pu ?" Mes joues ont la couleur des pivoines, je suis sûre qu'il l'a remarqué.

"Euh Alan tant qu'on y est, j'aimerais te dire une chose à laquelle j'ai pensé... Je... je ne pense pas que ce soit nécessaire à ta survie de savoir ça, mais... ce que je t'ai dit ce jour sur le banc, en pensant que c'était la fin de Enra et Anderson, c'est toujours valable, et ça n'est pas valable seulement pour le lieutenant qui m'a protégé et surveillé durant toute cette période, ça l'est aussi pour Alan Anderson, l'homme qui me demandait de lui parler de l'absence de mes parents, celui qui veillait à l'hopital et qui ne me laissait pas sombrer seule quand ça n'allait pas, celui qui insistait pour dormir chez moi quand personne d'autre ne l'a fait. Tu me forçais à parler de ce que je ressentais, même si c'était moche et souvent violent. Je t'insupportais, mais tu m'avais dit : "je serais là, peu importe quand est-ce que vous aurez besoin de moi, que ce soit dans une heure ou dans quelques années", et cette phrase m'a fait réfléchir plus tard, le fait que tu insistais sur la longévité de ton aide m'a marqué, et je savais que si je venais dans 8 ans te demander de l'aide, tu aurais tenu ta promesse. On était censé se détester à ce temps-là, et je me suis demandé : s'il est comme ça quand il me déteste, comment me traiterait-il s'il m'aimait. À quel point serait-il dévoué à moi, à quel point serait-il serviable et attentionné, présent, respectueux et aimant et toutes ces choses que je n'avais jamais vu chez un homme. Quand tu m'as dit que si t'avais le choix tu ne m'aurais pas choisit moi mon cœur s'est brisé, je te jure que c'était difficile de savoir que c'était ce que tu pensais."

J'ai des frissons rien que d'y penser. Je passe mes mains contre ma peau nouvellement granuleuse. "C'était difficile et pourtant je refusais d'admettre que c'était la vérité. Je pensais à toutes ces fois où tu m'avais acheté des fleurs pour me voir sourire une unique seconde. Je ne pouvais pas me contenter de t'ignorer et de toute façon je t'aimais trop pour t'ignorer, même si ça signifiait que je devais fréquenter un homme qui, s'il le pouvait, aurait choisit une autre que moi. Alors j'ai continué, même si ce n'était pas toujours facile, même si je craignais qu'à tout moment tu décides de choisir une autre que moi."

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant