Chapitre 67

1 0 0
                                    

-

Je pose mes fesses sur les marches d'escalier, j'ai besoin d'assimilier ce que je viens d'entendre. "Par rapport à la tenue c'est ça ?", "oui, elles me l'ont décrit et honnêtement, j'ai directement pensé au lieutenant. Qui d'autre que lui dans ton entourage porte ce type de vêtement ? Je ne sais pas pourquoi il les approcherait, il est censé passé par toi non ? Je trouve ça suspect, et je n'aime pas le fait que les petites soient embarquées dans ce truc."

Je dissimule mon visage à l'aide de mes deux mains, "ne te justifie pas. Je... je te comprends. Je suis désolée, vraiment désolée pour tes sœurs. Je ne comprends pas pourquoi Alan aurait fait ça je... je vais aller le voir tout de suite. Je vais régler ça, personne n'approchera plus jamais les jumelles", je dis en m'appuyant sur mes paumes pour me relever. "Enra, fais attention s'il te plaît. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Fais attention, si lui aussi est aussi fou que Nathan, tu risques ta vie en allant le voir...", "je vais au poste de police, il ne me fera rien et c'est... Il y a forcément un malentendu, Alan n'est pas avec Orcus, ce n'est pas lui qui a interrogé tes soeurs..." Je descends les marches rapidement en envoyant un message à Anderson afin de savoir s'il est à son bureau, il me confirme cette information.

Je n'hésite pas une seconde, je roule en dépassement largement les vitesses autorisées, et je finis par arriver au commissariat. Mes chaussures claquent bruyamment contre le sol alors que j'entre à l'accueil. Je m'autorise seule à traverser le couloir, et on ne m'empêche pas de le franchir.

Je pousse la porte, je n'ai pas la patience d'utiliser la politesse aujourd'hui. J'ai besoin d'explication, et le plus rapidement possible. "Ça va ?", il me demande en remarquant à quel point je suis essoufflée. Mes pensées sont rongées une nouvelle fois par la possibilité qu'Alan menace mon entourage et s'en prenne à moi. Je suis bloquée, mon corps refuse maintenant de m'obéir. "Je...", il se lève, se poste en face de moi et pose ses deux mains sur mes épaules. "Enra ? Ça va ?", "c'est toi qui est allé voir les sœurs à Meriem ?", "comment ?", "tu as entendu ma question, je te demande seulement de me répondre par oui ou par non. Est-ce que t'es allé voir les petites soeurs à Meriem ?" Il effectue un pas en arrière et met fin au contact physique dont il a eu l'initiative il y a quelques secondes.

"Non, je ne suis pas allé voir les petites sœurs à Meriem, il affirme les yeux vers le sol, pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?", "parce qu'un homme vêtu comme toi s'est présenté à elles et leur a posé des questions sur moi. Elles l'ont décrit comme un homme de la police. Tu peux arrêter de mentir et me dire la vérité en me regardant ? Tu n'as pas l'air sûr de toi quand tu me dis que tu n'es pas allé voir les soeurs à Meriem. Je sais que tu raffoles des interrogatoires imprévus Alan, c'est ton truc ça : poser des questions dans des contextes déplacées pour avoir des infos... Et je sais aussi à quel point c'est chiant de subir ces interrogatoires", je conclus sur un ton tranchant, que je regrette amèrement.

Il demeure aussi rigide qu'une pierre, Alan me regarde droit dans les yeux, "tu ne me fais pas confiance", il constate tristement, avec une pointe de déception sur le visage. "Je... je- tu sais très bien ce que j'ai traversé avec mon frère, je ne peux pas te faire confiance à 100%. Je ne comprends juste pas pourquoi c'est si compliqué pour toi de me dire qu'il ne s'agit pas de toi, en me regardant." Il effectue un pas en arrière, hésitant, puis retourne s'asseoir sur son siège. L'une de ses mains est dans sa poche, et avec l'autre, il frotte sa nuque. "On ne peut pas continuer Enra, on ne peut continuer si tu m'accuses de chose comme ça tous les deux mois."

J'avale bruyamment ma salive. Le regret monte comme une flèche en moi, et je commence à mesurer l'ampleur des possibles conséquences. "T... tu... tu me quittes là ? C'est bien ça ?", il se redresse sur son siège, et des plis prennent forme entre ses sourcils. "Non. Bien sûr que non Enra, pour rien au monde je te quitterais je- même si tu... même si t'allais voir ailleurs je doute avoir le courage de te quitter. Je dis juste que ce sera compliqué entre nous si tu ne me fais pas un tout petit peu confiance, parce que me justifier pour de telles choses ce n'est pas plaisant. Je comprends pourquoi tu me le demandes, mais... je n'arrive pas à m'y faire, je... je pensais qu'on avait dépassé ce stade." Il soupire longuement, "pourquoi tu penses que c'est moi ? Parce que ton amie t'as suggéré que c'était le cas ? C'est ça ? Et pourquoi tu ne doutes pas d'elle ? Pourquoi tu ne doutes pas de son grand frère ? Le fait que l'homme portait une chemise et un pantalon noir c'est suffisant comme élément pour m'accuser ? Il a posé des questions à des gamines donc c'est forcèment moi ?"

Sa précieuse cibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant