Polos énonça dans une voix encore empreinte de sa joie
- Qu'il est agréable d'entendre ta voix, Mernehan. Je sais que tu ne peux me rejoindre, je sais aussi combien cette douleur de ne point pouvoir nous toucher te hante à chaque fois que tu viens ici. Ce qui provoque notre hilarité à tous, mon ami Ombraltet vient d'assassiner mon ami Hahess en le suçant si bien que son cœur s'est arrêté.
Les rires reprirent, plus nerveux que francs. La femme marcha devant chaque cellule, puis revint devant celle d'Ombraltet.
- Est ce vrai Ombraltet ?
Ombraltet se rapprocha du juda, essaya de dire quelques mots, mais n'y parvint pas, tant son hilarité obnubilait ses pensées. Il riait si fort que son épaule droite le faisait souffrir, ce qui provoqua à nouveau une hilarité non contrôlée, au point qu'il dut s'asseoir sur son lit pour reprendre son souffle. Il fit quelques essais, du lit à la porte, dès que l'énormité de ce qu'il s'apprêtait à dire le saisissait, son épaule le faisait souffrir à nouveau, de la porte au lit. Finalement, il resta sur son lit, souffla plusieurs fois, essuya les larmes qui lui inondait le visage, et réussit à dire :
- Polos est un génie de la formule !
Et il repartit dans un grand rire qui se communiqua encore une fois à chaque cellule. Mernehan se déplaça et s'arrêta devant une cellule. Elle parla assez fort pour que chaque prisonnier entende.
- Pourquoi ne ris tu pas Byssann ?
Byssann prononça quelques mots qu'Ombraltet n'entendit pas.
- Pourquoi es-tu triste Byssann ?
Byssann parla, et encore une fois Ombraltet n'entendit pas. Une forte émotion lui monta aux yeux, car même s'il n'avait pas compris la réponse, il n'eut aucun mal à l'imaginer. Il pleura. La femme revint à la cellule d'Ombraltet :
- Pourquoi pleures-tu Ombraltet ?
- Je ne sais pas.
- Est ce ton dernier mot Ombraltet ?
Ombraltet ne put dire un seul mot.
Cela est bien dommage de savoir pourquoi on rit d'un mort et de ne pas savoir pourquoi on pleure un vivant, ne trouves-tu pas Ombraltet ?
- Est ce qu'il a dit que c'était la premiè...
Il pleura, chercha au fond de lui-même quelques forces pour finir sa phrase :
- Est ce qu'il a dit que c'était la première fois ... qu'il entendait ... son père rire.
Ombraltet finit sa phrase dans un souffle et toutes les larmes contenues dans son corps tombèrent en cascade de ses yeux. Le flot de larmes n'en finissait pas. Ombraltet entendit son voisin de cellule se moucher bruyamment. Mernehan parla :
- Oui c'est bien ça qu'il m'a dit. Bientôt tu seras libéré, je plaiderais ta cause auprès de Vaos, qui la plaidera lui-même auprès du roi et de la reine des dieux. Ils reviennent tous deux d'une campagne militaire qui a vu bien des corps sanglants. C'est le bon moment pour qu'ils te pardonnent et que tu leur pardonnes à ton tour. Mais sitôt libéré, tu devras faire face à un autre pardon, bien plus difficile et éprouvant que tout ce que tu as vécu. Il est presque certain que tu en mourras, ainsi que tous ceux qui vivent sur cette planète. Tout cela est écrit depuis bien des éons, c'est le prix à payer pour ton unique faute et pour le plus grand espoir que toute l'humanité est portée. Pour cela il te faut répondre à une question : Qui es-tu ?
- Je me souviens.
∞
Après le départ de Mernehan, Ombraltet avait le sentiment d'une presque complétude de ce qu'il était. Il ferma les yeux et plongea dans ses pensées, il retrouva son premier nom : Epha, nom qu'il s'était donné après qu'Eteph l'ait guéri de la rose. Il retrouva son nom d'homme : Issa, nom qu'Eteph lui avait donné et que Massoul n'avait fait que confirmer. Il retrouva son nom d'ombre, Maahmat, nom qu'il s'était donné dans la colère et l'orgueil. Il savait désormais ce qu'il était :
- Je ... JE ... JE SUIS
Un chant naquit des gorges des dix-sept prisonniers. Ombraltet prit une profonde inspiration
- JE SUIS LUMIERE
De chaque cellule vint une clameur plus profonde.
- JE SUIS MATIERE
Le chant devint celui d'une armée qui se met en mouvement.
- JE SUIS HUMAIN
De chaque cellule, les chants se virent accompagnés de tambours improvisés.
- JE SUIS VIVANT.
Le son résonnait dans tout Ephern, Massoul et Mernehan l'entendirent et se joignirent à la clameur.
- JE SUIS ISSA
Le silence absolu.Ombraltet ainsi que les autres prisonniers restèrent dans cette absence debruit pendant un bon moment. Puis les premiers ronflements se firent entendre.A son tour, Issa s'allongea dans sa couche et s'endormit du sommeil de celuivenait de se rendre victorieux d'un si âpre combat. Un combat contre soi-même.
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Chimère - saison 2 - La dame
ParanormalNuméro de dépôt (copyrightdepot.com) : 00070529-1 Thème du livre : Romance fantastique une histoire sombre, celle des dieux de l après l aube des temps. Les dieux de la mythologie grecque ont ils existé ? Sont ils véritablement ces êtres extraordina...