Episode 3 - Henri - La politique

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La vie étant ce qu'elle est, la réalité prends souvent le pas sur les reves. Henri était roi, il avait ces obligations et Anna le sollicitait de plus en plus pour qu'ils rendent visite à ces parents, le duc et duchesse de Worslater. L'état de du père et de la mère d'Anna l'inquiétait de plus en plus. Marie, la duchesse de Worslater était de plus en plus exédée par les pertes de mémoires de son mari, Jacques, le duc de Worslater. Il était maintenant évident que le père d'Anna était victime d'une maladie qui affectait la conscience et la mémoire. Parfois, Jacques était conscient de sa maladie, parfois, il oubliait jusqu'au nom de ses petits-enfants.

Lors d'une visite au manoir des Worslater, Jacques prit Henri à part. Malgré une conversation un peu décousue, faites de répétitions et d'oublis, le duc finit par lui confier ce que le roi pressentait déjà :

- J'espère que je ne vous ennuie pas avec ma conversation. Ces derniers temps, je sens bien que je perds la tete, il m'arrive meme fréquement de me réveiller et de ne plus savoir où je suis. Mon père lui-même était atteint de cette maladie, c'est terrible, mais je crains de ne pouvoir assurer mon role de duc encore très longtemps.

- J'en suis bien conscient Jacques, c'est ce que votre famille redoute le plus, à commencer par votre fils. Cette maladie est héréditaire, il s'inquiete énormément pour vous, mais aussi pour lui.

Henri sentit que Jacques était à nouveau perdu, en le prenant à part Jacques avait souhaité lui dire quelque-chose, mais il semblait avoir perdu le fil de sa pensée. Peut etre qu'il ne savait meme plus pourquoi il parlait au roi. Jacques lui confirma son impression :

- Excusez moi majesté, mais que vouliez vous me dire ? Je ne comprends pas bien ce que vous voulez que je fasse.

- Ce n'est rien Jacques ... en fait vous vouliez me dire quelque chose à propos de votre role de duc, car vous sentiez de plus en plus que vous aviez des difficultés à assurer vos fonctions.

- Ah oui ! Ce sujet là ... merci de votre patience majesté ... Je compte abdiquer.

- C'est une grave décision, mais je comprends.

- Quelle décision majesté ?

- Celle d'abdiquer.

- Ah oui, il est grand temps, j'espère que mon fils voudra bien reprendre la charge, je ne porte pas beaucoup de confiance en ma fille Ingrid, enfin surtout à son mari.

- Je comprends, en tant que roi, j'aimerais aussi que ce soit votre fils qui reprenne le flambeau.

- Quel flambeau majesté ? je ne comprends pas.

Henri senti qu'il fallait qu'il soit plus direct, il devait avoir la décision de Jacques.

- Vous voulez abdiquer et que votre fils reprenne votre charge, c'est bien ça.

- Vous m'otez les mots de la bouche, oui c'est bien ça.

A nouveau, les yeux de Jacques partirent dans le vide un micro instant.

- Bienvenue majesté, j'espère que le repas vous plaira. Veuillez me suivre, je crois avoir entendu Marie nous appeler.

Henri suivi Jacques et se retrouva dans le patio, la conversation redevint décousue, les sujets sans lien s'enchainaient à une telle vitesse qu'Henri avait du mal à suivre. Quand Anna et Marie vinrent les rejoindre, il fut soulagé de n'avoir plus Jacques à gérer. Ce dernier se mit littéralement dans les pieds de la duchesse et ne la lacha pas de la journée.

Le roi comprit tout de suite les conséquences que le refus de Hercules pourrait engendrer : Ingrid duchesse de Worslater et Rolland premier gardien, une concentration de pouvoir que Henri ne pouvait se permettre. Il se trouvait déjà bien affaibli politiquement par la mort de Charles, la suspension de Catherine, la gardienne des marchands et le limogeage de Myrhyn, l'ex-administrateur des golems pour le duché d'Ucarion.

Il prit contact avec Hercules, l'unique fils de Jacques. Henri savait qu'avec lui, il marchait sur des œufs. Il avait toujours cette tendance à se renfermer sur lui-meme dès que la conversation n'allait pas dans le sens de sa propre perception, Hercules n'arrivait tout simplement pas à s'ouvrir à d'autre point de vue que le sien. Lors de la conversation, Hercules confirma la crainte d'Henri, il niait la dégradation cognitive son père.

- Majesté, bien loin de moi l'idée de vous manquer de respect, mais mon père est encore duc de Worslater et de ce que j'entends il s'occupe très bien de ces affaires. Je ne comprends pas du tout que vous me demandiez de préparer la succession de mon père. Il s'agit d'un homme dont je respecte et admire l'intelligence, parler d'abdication et de suite est tout bonnement de mettre des craintes sur quelque chose qui n'existe pas.

Pour Henri, c'était terminé, jamais Hercules ne serait prêt à temps lorsque son père abdiquerait et Rolland profiterait de l'opportunité pour placer sa femme à la tete du duché de Worslater. L'attitude d'Hercules mettait en danger Worslater et donc le royaume tout entier.

Anna toqua à la porte du bureau et s'annonça, Le roi fut soulagé, l'intuition qu'Anna pourrait peut etre débloquer la situation, de plus cette affaire la concernait d'autant plus, car il s'agissait de ces parents. Quand elle rentra dans la pièce, ce n'était pas la reine, qu'Henri acceuilli, mais une Worslater.

- Bien le bonjour à vous, j'espère que je ne vous dérange pas. Mais je te cherchais Hercules, maman m'a appelée, il est arrivé quelquechose grave à notre père. Il est important que tu sois au courant. Tu peux te rasseoir la crise est passée, mais il est nécessaire que tu sois au courant. Majesté puis-je emprunter votre bureau pour parler avec Hercules.

Henri sentit qu'Anna était la chance qu'il avait entendue, il aurait pu demander à rester, car après tout c'était son propre bureau et surtout en tant que roi, il avait le droit consultatif absolue, c'est-à-dire le droit d'etre ou de lire en tout endroit de Varances. Mais ce qui allait se jouer dans l'instant pourrait perturber Hercules et l'enfermer dans son attitude, alors qu'avec sa sœur, Henri savait très bien qu'elle était la seule personne avec qui Hercules se sentait plus libre de parler.

- Evidement, si vous avez besoin de moi je suis juste à coté.

Peu après cette conversation, Hercules alla voir son père et lui avoua qu'il était prêt à prendre sa succession. La passation de pouvoir se passa en petit comité. Rolland et César étaient présents, ils encensèrent Hercules de superlatifs qui ne pouvaient que contenter l'égo. Ils avaient oublié la personnalité bien plus complexe du fils de Jacques, les flatteries n'avaient pas d'incidence, l'égo de Hercules était autre part, il était cristallisé sur sa relation envers son père et sa mère. Henri de son côté avait fini par comprendre on ne peut mieux cette famille par alliance.

Il était fascinant de voir le passé et les blessures de chacun, ensevelis sous des tonnes et des tonnes de conventions. Lui savait que cette famille sous des airs d'ingénieux courtisans, n'était en fait qu'un ensemble de blessures toutes plus profondes les unes que les autres. Donc pour le roi, Hercules, malgré ses airs de grand garçon, restait toujours un enfant, celui qui étant jeune avait été ligoté à une chaise pour qu'il arrête de bouger.

Ce fait n'avait été évoqué qu'à demi-mot par Marie. Ces mêmes demi-mots qui expliquaient en partie l'origine de la maladie d'Anna. Ces mêmes demi-mots qui avaient fait comprendre à Henri qu'Ingrid était une bombe à retardement. Le discours était bien rodé, ça n'avait jamais été un fait, c'était quelque chose qui s'était passé ailleurs, jamais dans une famille aussi renommée que celle des Worslater. 

Chimère - saison 2 - La dameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant