Chimère - saison 2 - La dame

Episode 4 - Ombraltet - La filiation

Inverser la rotation d'une planète valut à Ombraltet beaucoup d'honneur au point que Farès paraissait être jaloux de toutes ces louanges. Une petite lutte d'ego dont Farès ne fit pas grand cas au vu des profits qu'engendrait la nouvelle notoriété de la planète Taahoub. D'un seul coup, les anciens s'intéressèrent de près à la planète. Ils demandèrent maintes et maintes fois à Farès quand il pourrait s'installer sur cette nouvelle conquête de l'humain.

Farès garda son sang-froid et renvoya tout le monde dans ces pénates. Avant de voir son domaine envahi par les anciens, il souhaitait asseoir au mieux sa fortune grandissante. Ombraltet quant à lui fut sollicité par les anciens pour etre embauché à leur service, il refusa poliment, en s'appuyant sur un contrat fictif avec Farès qui le liait encore pour quelques dizaines d'années.

∞

Tout bascula lorsque Ombraltet et Farès furent convoqués par Byssann en personne. Pendant le trajet qui les menait au palais de l'empereur, Farès était détendu, Ombraltet beaucoup moins. Quand ils rentrèrent dans la salle d'audition, Farès commença à montrer des signes d'inquiétude, dans la grande salle, il y avait son frère Soliss, sa sœur Mihinn, ainsi que ses parents Dohinn et Dohiss leurs mines réjouies ne présageaient généralement rien de bon pour leur fils.

Ses parents avaient toujours d'agir ainsi, c'est quand il était passif que le coup venait, comme un éclair d'un orage que l'on n'avait pas vu s'annoncer. Byssann trônait impassible, attendant que chacun fut à une distance réglementaire pour énoncer le fait du jour.

- En ma présence, Dohiss tu m'as déposé ta requête, voici donc de mon temps. Enonce clairement et simplement, Dohiss, ancien légitime et incarné.

- O grand roi immortel, je vous prie de croire que cette requête est on ne peut plus légitime et nécessite comme vous le savez la présence de mon fils Farès et du fils d'Aeph Ombral...

- Formule ta requête !

- O grand roi immortel, je souhaite reconnaitre Ombraltet comme mon fils.

- La requête est désormais formulée. J'engage ici sa filiation à Aeph. Dohinn ici présente acceptes tu de reconnaitre Ombraltet comme étant de ton sang ?

Dohinn sembla vaciller sous le coup, Dohiss la regardait avec le regard de l'homme qui sait qu'il joue gros mais qui a toute confiance en l'amour de sa femme. Dohinn le refroidi aussitôt

- Il n'en est pas question !

- Dohinn ... je vais reformuler la requête une deuxième fois, répond en ton âme. Refuses-tu d'inclure Ombraltet dans ta famille.

- O Grand roi immortel, je refuse d'inclure Ombraltet dans ma famille.

- Bien, je comprends donc que mon temps et mon engagement est perdu. Dohiss es-tu conscient de ce que le troisième refus de ta femme aura de conséquence pour toi.

- O grand roi Immortel, oui je connais les conséquences, avant que vous ne formuliez une dernière fois la question, je souhaiterais que l'on entende la nouvelle fratrie d'Ombraltet ... et je suis certain que Dohinn comprendra l'intérêt d'inclure Ombraltet dans notre grande et riche famille.

- Qu'il en soit ainsi, encore un peu plus de temps que je vous donne.

Soliss s'avança :

- Cher Père, chère mère, je ne vois pas l'intérêt d'inclure ce nouveau frère, il m'a déjà couté la moitié de ma fortune et mon inspiration.

Il recula et Mihinn à son tour parla

- Je suis du même avis que mon frère.

Dohiss se permit de recadrer son effrontée de fille :

- Donne ton avis clairement, tu es ici dans la salle du grand roi immortel, ne l'oublie pas.

- Cher père, je suis contre le fait de faire d'Ombraltet mon frère, il m'a couté mon plaisir de la chasse.

Elle recula, Farès s'avança un peu déstabilisé :

- Chère mère, j'ai longtemps vu Ombraltet comme un ennemi à ma personne, mais depuis j'ai appris à le connaitre et je suis presque à le considérer comme un ami. Je suis pour qu'il intègre notre famille.

Dohiss poussa un soupir de soulagement, il se tourna vers sa femme

- Alors Dohinn quelle est ta réponse ?

Byssann éleva légèrement la voix

- Rappelles-toi également où tu es ! Dohinn es-tu prête à voir en Ombraltet un enfant issu de ta chair, ceci est la dernière demande ?

- O grand roi immortel, je refuse de voir Ombraltet comme issue de ma chair.

Dohiss se rapprocha d'Ombraltet, il l'enlaça et lui chuchota rapidement :

- maintenant c'est à toi. Porte ce message au damam : nous allons les libérer.

- La décision est donc prise. J'ai perdu un temps précieux à écouter vos guerres de famille. Ma loi dit que cela vaut la mort. Réhinn te considère comme un parent, un sang de son sang, donc de mon sang. Dohiss je te condamne à l'exil ... non pas sur Aeph ou son satellite, encore moins sur Taahoub, non je t'exile sur la seule planète où je n'aurais que faire de tes agissements : Pyza. Hahess te conduira sur la planète prison, tu auras là, l'image de ton manque de discernement. Ces sous-humains blaffards sauront t'apprendre ton rang, les peaux blanches et les conditions de vie tribales vont t'éduquer bien mieux que tout ce que je t'ai donné. Qu'il en soit ainsi. Ombraltet reste fils d'Aeph et donc mien. La séance est terminée.

Dès le dernier mot de Byssann, Hahess ainsi que douze des chevaliers de Byssann emmenèrent Dohiss. Il ne protesta que faiblement, les seuls mots qui sortirent furent pour Dohinn :

- Tu me renies une fois de plus, cette fois sera la dernière.

- Toujours dans le mélodrame mon cher mari.

∞

L'entrevue terminée, chacun regagna ces affaires, pour Farès et Ombraltet se fut Taahoub. Pendant le voyage, les deux hommes restèrent silencieux, chacun digérait à sa manière ce qu'il venait de se passer. Pour Ombraltet, le trouble des derniers mots de Dohiss. Pour Farès, l'intuition d'un plan retord issu de sa mère. A l'arrivée sur la planète, chacun décida qu'il ne fallait pas faire cas de ce qu'il s'était passé, que l'essentiel était de travailler sur l'habitabilité de la planète Taahoub.

Ce qu'ils firent, en un an, ils étendirent le périmètre de l'installation d'origine. A l'équipage d'ingénieur et d'ouvrier vinrent se joindre les premiers colons. L'année écoulée ils étaient désormais deux cents à arpenter les couloirs de la petite ville. Pour marquer le coup Farès organisa un concours de création dont le gagnant aurait le privilège de baptiser la ville.

Ombraltet participa, mais ne gagna qu'une note médiocre lors des présentations d'œuvre. Ces quelques lignes étaient légères auprès des véritables chefs d'œuvre et créations des autres concurrents. Le plus surprenant fut Soliss, il avait créé un presque opéra en l'honneur de la planète Taahoub.

Cefut finalement un écrivain qui raconta l'histoire de Farès et Taahoub à lamanière d'un mythe. L'artiste donna son propre nom à la cité : Dami.Ombraltet se demanda si ce n'est pas juste sur son nom que l'artiste avaitgagné, la vraie Mi, comme une sorte de pantouflage à l'encontre du siège du roiimmortel Byssann et le siège de son trône : la cité Mi.