Chimère - saison 2 - La dame

Episode 8 - Henri - Le leg

Pour parfaire son humour morose, Varance vécut un deuil d'une ampleur nationale, avec autant d'effets, si ce n'est plus, que la mort de Charles ou de Yalla. Une icône de la scène varancienne venait de s'éteindre, sa carrière avait marqué plusieurs générations, tant son interprétation de ces titres était intense et spectaculaire. Pour Varance, c'était comme l'Imam Ganda de la musique avait disparu. Il fut décidé en conseil des gardiens d'annoncer trois jours de deuil national, en soutien à sa famille et tous ses fans, c'est-à-dire plus de la moitié de Varance.

En assistant à la décision, Henri avait presque la gerbe en entendant les calculs politiques d'une telle décision. L'idée avait été énoncée par Rolland, il s'était fait applaudir par les treize gardiens. Le fait que le roi n'exprima rien, n'interpela personne, c'était devenu une habitude. Henri était pareil à un ornement qui donnait de la légitimité à l'ordre dans le lequel il était positionné.

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L'enterrement fut retransmis en direct sur l'ensemble des canaux de Varance, Henri et Anna étaient présents. La reine commentait ce qu'elle voyait avec une tristesse et un plaisir que le roi lui avait rarement vus. Il apprit plus tard, que c'était elle qui avait organisé la cérémonie, et c'est vrai que cela avait été un bel enterrement, entaché par un ou deux discours politiques qui selon Henri n'avaient pas leur place. Le point culminant de l'enterrement fut le discours de la famille. Tous les enfants, petits-enfants, femme et ex-femme du chanteur exprimaient une tristesse et donc un amour infini pour cet être cher qui les avait quittés.

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L'après funéraille fut beaucoup moins drôle, voire pathétique, cette famille qui avait été unis dans la souffrance, s'était déchiré sur l'héritage. Le plus âgé des enfants, issu d'un premier mariage, dénonça le testament. Pour lui c'était un vulgaire faux écrit six mois avant la mort du chanteur. La veuve du chanteur usa de tous les droits pour faire conserver ces écrits, et surtout les appliquer. C'est-à-dire devenir la seule et unique légataire des droits d'auteur et de représentation, de tous les albums et concerts du chanteur, y compris un nouvel album inachevé du chanteur. L'album qui fut mis en vente un mois après fit un carton, il y eut plusieurs dizaines de million d'exemplaires.

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La bataille judiciaire dura plusieurs mois, et au dernier appel, le premier fils fit une révélation qui bouleversa l'opinion et qui par le fait juridique du certificat d'affiliation, rendait le nouveau testament caduc. Le chanteur avait un fils caché, il n'était pas l'ainé. On apprit que le premier fils avait gardé cette information car l'ancien testament lui donnait une grande part qu'il ne souhaitait pas voir égratigné par un nouveau concurrent. Avec cette révélation, si le fils caché représenté par le certificat d'affiliation était toujours vivant, les deux testaments étaient non avenus. S'il était mort avant le premier testament, l'ancien devenait le bon, s'il était mort après c'était le nouveau testament qui était le bon.

Sur le certificat d'affiliation il y avait une marque, celle du fils caché, le tribunal fit auditer la marque par la caste des silencieux. Vu du roi, cette affaire entrainait des mouvements des silencieux qu'il n'avait pas coutume de voir. Il suivit ça de la base de registres des silencieux.

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Quand il intercepta l'analyse des silencieux, il tomba littéralement de sa chaise. Ce n'était pas possible, lui, Henri était le fils caché, sa marque était apparue dernièrement pour l'achat d'un titre de transport. Si cette information venait à être publique, le royaume ne s'en relèverait pas. Si Rolland et toute sa clique connaissaient ce secret, Henri pressentait que les conséquences pour Varance seraient désastreuses.

Pour le grand malheur de Henri, la grande prêtresse annonça le résultat publiquement, le fils était bien vivant, il se nommait « Olivier Menez », l'ancien auditeur du roi était toujours en vie, il avait utilisé sa marque récemment.