Chimère - saison 2 - La dame

Episode 1 - Henri - L'inauguration

Chacun s'enferme dans ces pensées, Henri comprend l'importance de l'échange qu'il vient d'avoir avec Charles : il n'a pas tort. Vu comme ça, la mort d'Olivier Menez, retransmise sur toutes les chaines d'informations, prend du sens. Putain, je me suis fait bien niquer quand même ! Moi qui me croyais super intelligent, qui avait préparé mon interview avec Babeth de façon à révéler au monde entier le visage du roi de Varance. Il leur a juste suffit d'un petit montage pour supprimer la partie où j'enlevais le voile et la remplacer par la vue d'un cadavre avec le visage d'Olivier Vargroas... donc le mien.

Charles est bien plus fin que ce que je croyais, dès qu'il a compris que moi et le personnage d'Olivier Vargroas ne faisait qu'un, il a tout organiser en un temps record pour intercepter la vidéo de Babeth et faire faire le montage. Le pire dans tout ça, ce sont les silencieux, comment leur faire confiance après ça : remarque, ils font leur taf, leur mission est la protection de la couronne, peu importe qui la porte.

Je me prête à penser que même dans ma résidence d'été, à Kabel, je suis constamment surveillé. Je croyais quoi ! Que j'étais le clampin du coin et que je pouvais évoluer dans la vraie vie comme si de rien n'était. Ah putain, je m'en veux d'avoir écrit ce livre et surtout d'avoir exposé Olivier, lui qui m'était si utile, lui qui me donnait un tant soit peu de liberté. Mais je n'ai pas de regrets, ni remords d'ailleurs. J'ai fait ce que je jugeais bon, j'ai pris du plaisir, c'est ça qui compte. Par contre, sans Olivier, je ne peux plus sortir de mon rôle de roi. Et ma reine ...Anna ... putain, ça fait chier quand même.

Mais il reste quand même quelques questions en suspens, Charles sait-il que j'ai un frère ? Que c'est lui qui prenait ma place lorsque j'évoluais en tant qu'Olivier. Non, si je lui demande et qu'il ne sait pas, il va me faire chier, et peut-être mettre mon frère, Madhi en danger. Et la Bohémienne, qu'est-ce que Babeth leur a dit ?

Je vais faire mon rôle de roi, je vais inaugurer cette école, je vais montrer le roi bienveillant et aimant. Et après, ... et après ma vie ma famille, mes enfants, oui je crois que je vais m'en occuper un peu plus. Reprendre mon rôle de père, ça je sais faire sans utiliser de masque ou de voile. Charles a raison, la mort d'Olivier me sera peut-être profitable : me reconnecter à ce que je juge essentiel et que j'ai si souvent éludé par manque de temps. Finalement je devrais peut-être le remercier ... Non, il n'en est pas question, tout ce que j'ai fait vient de moi, Charles n'est responsable en rien de mes actes et réciproquement.

∞

La voiture royale arrive en vue de l'école de Telvarest. Elle rentre dans la cour, des drapeaux du papillon indigo de Varance et ... des banderoles bleues. Putain, je vais encore sortir mon truc du « J'adore le bleu, quelle belle attention ». Quel hypocrite ! Nan mais en fait c'est bien, ça me ramène à ma propre humanité, à mes propres mensonges.

L'inauguration se passa aussi bien qu'un événement politique peut se passer, avec un final constitué par un discours d'une puissance extraordinaire où toute la foule regarda le roi avec des yeux emplis d'adoration. En vrai, c'était chiant comme la mort, sans aucune âme, tout dans le contrôle, tout était millimétré. Mais l'acte était là, le geste du roi, la mansuétude, la bienveillance, c'était déjà ça de gagné.

Le retour à Safira futcalme, sans discussion, juste un trajet où Charles et Henri se reposèrent, afinde grappiller les quelques heures de sommeil, qu'ils leur manqueraientindubitablement lorsqu'il s'agira d'être partout là où ils étaient attendus.