Episode 9 - Henri - Le train

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Il se présenta à l'entrée du gymnase. Il y avait trois membres de la caste des serviteurs, le premier, après avoir regardé son sac et fait une rapide fouille, lui indiqua qu'il pouvait rentrer dans le gymnase. Le deuxième l'accueillit en lui donnant un panier-repas. Le dernier le conduisit à une paillasse et lui indiqua d'un geste les sanitaires.

La confrontation avec la réalité d'une loi à laquelle il avait contribué était pour le moins perturbante. Henri qui comprenait en la vivant, qu'il n'avait compris, ou voulu comprendre que la partie théorique. Dans la pratique, c'était tout à fait autre chose, les occupants des paillasses les plus éloignées étaient purement et simplement rackettés, Henri vit également que deux bénévoles parmis la dizaine que comptais le gymnase participaient à ce système.

En voyant cela, Henri aurait pu agir, mais il n'en fit rien, son objectif n'était pas de devenir un justicier, encore moins de se mettre dans une position qu'il savait ne pas pouvoir tenir dans la durée. C'était ainsi, il pensait que quoiqu'il fasse cela ne changerais rien, dès qu'il serait parti, les habitudes reprendraient.

C'était un aveu de lacheté évidente, il considérait que ce n'était pas son role, il devait égoistement, juste survivre à cette semaine.

Pendant cette semaine, il aida à nettoyer le gymnase et le reste de la journée, il faisait de la marche jusqu'au tunnel afin de faire du repérage. La marche ne lui prenait pas plus d'une heure.

La derniere soirée avant le départ, il discuta avec quelques bénévoles, il ne put s'empecher de parler des rackets, ce que lui apprirent les bénévoles lui glaça le sang. Dans la réalité, ceux-ci étaient tout à fait conscient de cet état de fait, ils lui avouèrent qu'ils tournaient entre eux chaque semaine pour faire en sorte que cette forme de violence reste sous contrôle, le pourquoi était que sans cet amortisseur les méfaits devenaient bien plus graves, dans certains gymnases cela avait été jusqu'aux viols et aux meurtres.

Ici, c'était une petite ville, tout au plus il y avait eu quelques coups et blessures, pour ce qu'ils en savaient cela n'avait pas été plus loin. Le système qu'ils appliquaient actuellement, n'était certe pas parfait, mais au moins il n'y avait pas de déhumanisation, ils apprirent à Henri que ceux qui étaient rackettés recevaient le lendemain double ration et on plaçait leur paillasse au plus proche des bénévoles.

Cette nuit là Henri eu du mal à s'endormir, la réalité de l'humain était bien autre chose que cette vision un peu perchée qu'il avait lorsqu'il était roi. L'étape du gymnase n'était que la première, durant son exil, il apprit nombre de leçon similaires.

Le lendemain, il se leva aux aurores. Tout était calme. Il prit son bagage et partit. Au fond de lui il lui semblait qu'il était en retard, il pressa le pas. Il atteignit le tunnel en un peu moins d'une heure, il était largement en avance.

Il explora le début du tunnel et y trouva une alcôve peu lumineuse, où il y avait du matériel d'urgence dont une valise de réanimation recouverte de poussière et comble du bonheur une vanne d'eau. Inconfortablement il attendit l'arrivée du train. Plusieurs passèrent en trombe, l'aspiration résultante le mettait à chaque fois dans des états de stress très intense.

Il compta une vingtaine trains lorsqu'un train de marchandises s'arrêta. Henri était terrorisé. Il lui fallut toute la force de son mental pour sortir de sa paralysie. Du fait de la pénombre il ne put identifier correctement le numéro du train. Il décida de revenir à la lumière du jour et de s'arrêter lorsqu'il verrait correctement l'un des numéros. Lorsqu'il vit un le numéro cinquante et un, il avança rapidement sur quatre rames et se retrouva au niveau de l'alcôve. Il grimpa difficilement sur la citerne, trouva l'écoutille du milieu et l'ouvrit. C'était une petite pièce de trois mètres carrés, un mètre sur trois. Avec un plancher plat, avec un lit de camp pliable appuyé contre la paroi. Il y avait aussi une glacière, contenant de l'eau et de la nourriture pour au moins trois jours. Henri béni les silencieux et Myrhyn par tant de prévenance. Il était en sécurité, du moins l'espérait-il.

Il mangea et but ce qu'il put puis s'endormit profondément. Quand il se réveilla il fut pris d'une angoisse, le train s'était-il arrêté, avait-il dormi si longtemps que les trois arrêts étaient passés ?

Plus il y pensait, plus il sentait la panique poindre le bout de son nez. Il se résolu à se faire confiance. Il se convainquit que l'arret du train l'aurait réveillé. Il subsista un petit doute, mais cette pensée faisait refluer l'angoisse, il s'en tient à ce fait.

Le temps fut long, fait de pointe de doute et d'apaisement. Puis le train s'arrêta. Dans le compartiment il eut une sonnerie contenant trois drings de forte intensité. Il soupira et s'écroula sur son lit de camp et dormit. Il fut réveillé par le premier des trois bips lorsque le train s'arrêta une nouvelle fois.

Pendant le dernier trajet, il affronta le stress du dernier arrêt, quand allait-il survenir. Il s'assoupit sur son lit, et lâcha prise sur le stress. Après tout s'il devait louper ce dernier arrêt il le raterait et puis c'est tout. Et il s'endormit. Et réveilla en ayant très faim. Il mangea et bu tout son comptant, puis se rallongea. Le train s'arrêta, les trois bips se firent entendre.

Il mit son baluchon sur l'épaule et ouvrit l'écoutille. Il faisait nuit. Il descendit de sa citerne et avança au hasard du chemin. Finalement il arriva auprès d'une haie d'une maison, il était à un échangeur. La maison qu'il touchait était celle du gardien. A l'intérieur il y avait de la lumière. Il jeta un coup d'œil à l'intérieur, et vit une femme de dos, un couple assit autour d'une table qui mangeait. Celle qui était débout sembla familière à Henri.

Il tapa au carreau, lafemme se retourna, c'était Garance. En apercevant Henri, elle sourit. Tout pianotaquelques mots sur son téléphone tout en s'approchant de la fenetre.

Chimère - saison 2 - La dameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant