Épisode 102 : Massacre (2)

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Épisode 102 :

Mort, destruction, désolation, voilà tout ce qu'il restait de Fal'rair. Le village n'était plus que flammes, ombres et chaos. Malgré leur acharnement, les elfes avaient fini par succomber face au nombre d'orques. L'arbre du palais était dévoré par les flammes tandis que les armées du gardien rassemblaient les derniers survivants en colonnes. Aucun guerrier n'avait survécu, tous avaient été massacrés par les hordes sauvages. Une barbarie sans nom s'était abattue sur le village, fauchant des vies, semant la mort. Le seigneur Eldor était tombé de la main d'un lancier orque, perforé par une puissante lance. Après sa mort, les portes éventrées avaient laissé entrer le gros de l'armée qui avait mis le village à feu et à sang. La tête du seigneur reposait maintenant sur une pique au sommet des remarts. Femmes et enfants furent rassemblés sur la place centrale avant d'être enchaînés. Les bébés pleuraient en appelant leurs mères, inconscient qu'elles ne reviendraient sans doute jamais. De temps en temps, un orque écrasait la tête d'un elfe pour montrer l'exemple aux autres. Une odeur de sang et de mort flottait dans les ruines du village quand les colonnes de prisonniers se mirent en route. Ils serviraient d'esclaves au gardien pour la préparation et l'entretient de son armée. Les elfes marchèrent sur le cadavre des vaillants guerriers qui les avaient défendus sans pouvoir leur rendre honneur comme il se devait. Quand tous les prisonniers furent partis, les orques brûlèrent les maisons et rassemblèrent les cadavres en une montagne sur la place centrale avant de planter au sommet l'étendard de l'armée de la Purge. Leur odieuse tache accomplie, ils quittèrent le village, pensant aux dames elfes dont ils allaient s'occuper pour fêter leur écrasante et horrible victoire.

Du sommet de la tour d'Aaru, Alain Belenos avait assisté à cette tragédie. Capable de passer à travers le sortilège qui excluait la vallée du reste de la Duat, il avait senti le massacre. Les yeux emplit de larmes, il tomba à genoux sur son balcon, le cœur déchiré. Il aurait bien voulu intervenir mais le nombre de morts n'aurait qu'augmenté. Si il s'était montré, le gardien aurait compris où se trouvait Eru-Alsar et y aurait envoyé l'entièreté de ses forces. Alain voyait à travers son jeu, il aurait voulu trouver Eru dans le village ou, dans le cas inverse, il pensait que ce massacre l'inciterai à bouger. Cependant, Alain n'allait rien dire. Dans l'état actuel des choses, Eru allait se lancer à la poursuite de l'armée et il finirait par succomber. Il se releva, sécha ses larmes en sentant son cœur se gonfler d'une tristesse et d'une colère sans nom que même son entraînement de chaman n'arrivait pas à endiguer. Il prit alors une décision difficile : il allait garder le secret et ne rien révéler aux deux adolescents avant qu'ils ne soient prêts. Ils leur restaient quelques mois avant de repartir, ils allaient vivre l'enfer.

En effet, Eru ne comprit pas ce qui prenait à son maître dans les jours qui suivirent. Ils se levaient avant le soleil et terminait leurs heures de courses au petit matin avant d'enchaîner sur un entraînement spécifique de prise de muscles. En deuxième partie de mâtiné, ils alternaient entre simulation de combat ou travail sur une technique précise. Après un repas frugal, ils reprenaient sur un cours de stratégie ou d'art martial qu'ils mettaient en application jusqu'au soir. Une rapide douche et un repas précédaient une étude approfondie des Piliers de la Matière et de l'Espace ainsi que la lecture d'une immense encyclopédie sur les différentes créatures de la Duat. Ce fut dans ce rythme infernal que se passèrent les prochains mois, Alain étant pris dans une tempête de colère, il ne ménagea pas les deux amis.

Orano marchait dans les couloirs de la Défense, préoccupé. Cela faisait deux mois que la bataille de Belenos s'était terminée et la guilde était dans un état déplorable. César avait disparut en Égypte pour trouver Aqli de Valcan et Kunoai Josei afin de s'entraîner, délaissant ainsi ses responsabilités au sein de la guilde et Fantasia poursuivait sans succès la Secte d'Apep. Fos enchaînait les mission aux quatre coins du territoire et Skiar ne cessait de disparaître sans raison, traquant d'innommables monstres. Son frère, le maître de la guilde se débattait avec la paperasse et la législation afin de laisser plus de liberté aux chamans alors que le gouvernement français ne voulait qu'imposer plus de restriction depuis le fiasco de la bataille de Belenos. Il se dirigea vers une partie désaffectée de la Défense, en direction de l'ancienne salle des archives. Il voulait étudier les monstres qui étaient apparus à Paris car cet incident avait menacé de faire couler la guilde et il voulait éviter que ça se ne reproduise autre part sur le territoire.

Au cours de l'année, sans parler de la tragédie des Zones Mortes, la France avait fait face à une explosion du nombre d'apparitions de monstres et surtout, du nombre de victimes. César, Fos, Skiar et Fantasia tuaient leur vie et leur santé pour pouvoir résoudre ce problème mais, aussi puissants qu'ils étaient, ils ne pouvait pas tout faire seuls. Le gouvernement aurait bien voulu faire sauter les frères Dauphiné pour faire rentrer la guilde sous le contrôle de l'armée. C'est pour cela qu'Orano avait mis en place les escouades d'apprentis et il était plutôt fier du résultat. Même si le gouvernement s'opposait à envoyer des mineurs sans diplôme officiel sur le terrain, les politiciens s'étaient vite rendu compte que c'était la seule solution viable. Au moment où Orano allait ouvrir la porte de la salle des archives, il entendit un bruit sourd provenant de l'intérieur. Il sonda rapidement la pièce et l'ouvrit violemment.

-Skiar, lança t il, que fais tu ici ?

Skiar se retourna dans la pénombre de la salle et cacha quelque chose derrière lui. Orano entendit le bruit caractéristique d'une serrure qu'on refermait tandis que Skiar bougonnait :

-Je cherchais... un dossier sur l'incident d'Égypte.

Il cacha alors quelque chose dans sa manche mais ce petit mouvement n'échappa pas à Orano qui se servit de sa maîtrise parfaite du principe sensitif pour l'analyser. Il s'agissait d'une lourde clef en fer forgé.

-Si ça parle des Zones Mortes tu sais très bien que ce n'est pas ici, répliqua froidement mais calmement Orano.

Les informations tourbillonnaient dans son esprit : une clef qui semblait ancienne, un motif absolument pas valable de sa présence ici... Ce comportement était bien trop suspect.

-Je me suis peut être dit que je pouvais trouver quelque chose, maintenant si vous voulez bien m'excusez, répondit Skiar d'une voix glacée et menaçante.

Orano, comme pétrifié, le laissa passer. Connaissait il l'existence des sous-terranis de la guilde ? Il aurait bien voulu l'interroger mais il savait qu'il ne pouvait pas s'opposer à Skiar. Il se retourna, glacé de peur en entendant la porte se refermer derrière le chaman, peut être qu'il venait de le trouver... peut être.

Edfou - Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant