Épisode 26 : Entraînements d'été

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Épisode 26 : 

Eru aurait voulu dire non à Pandore, il devait parler à César pour l'année prochaine mais il n'arriva pas à s'y opposer. Il s'arrêta donc devant la porte et attendit. Pandore hésitait, elle ne savait pas par quoi commencer. Finalement, elle prit son courage à deux mains et se lança :

-Je ... Je voulais te remercier. Tu m'as sauvé à l'hôpital, puis César m'a raconté tu t'es opposé à mon jugement, merci. Tu ne me connaissais pas, on m'a obligé à essayer de te tuer...

Sa voix se brisa et Eru demanda :

-Obligé ?

Elle lui expliqua :

-Oui, Malédiction, le spectre qui m'a élevé pouvait m'ordonner d'obéir à ses ordres, au moyen d'un sort je suppose.

-Ne t'en fais pas, tu n'étais pas consciente de tes actes. Et je n'aurai laissé personne faire du mal à une innocente.

Les yeux de la jeune fille pétillèrent et elle remercia Eru. Ce dernier sourit et quitta la pièce. Toutes sortes d'émotions bouillonnaient en lui. Il ne savait que penser mais une idée dominait, celle que Pandore n'était pas comme tout le monde le pensait. Sans savoir comment, il savait qu'elle était étroitement liée avec son passé. Il rattrapa rapidement César et remonta à son niveau :

-Eru ! Que se passe t il ?

César lui jeta un regard à travers ses lunettes sombres et Eru répondit :

-C'est par rapport à l'année prochaine, je voudrai aller au lycée.

César soupira et sourit doucement :

-Tu n'as pas reçu ton affectation n'est ce pas ? C'est ma faute et je vais t'expliquer mon choix. Tu viens à peine d'intégrer la Guilde et pourtant tu es celui qui a le plus progressé en le moins de temps. Je veux continuer sur cette progression et te permettre d'atteindre des sommets. Pour cela, il faut que tu passes plus de temps à t'entraîner que ne permettrai les cours du lycée. Excuse moi de ne pas t'en avoir parlé avant.

-Non !

Conscient qu'il avait crié, Eru reprit en baissant la voix :

-Pardon... Je veux dire... Je vous assure que je tiendrai la cadence. Même en menant une vie « normale » je vous jure que je progresserai plus vite que les autres. Laissez moi tenter ma chance. Au moins trois mois !

-Je n'aime pas priver un jeune de sa jeunesse, je trouve ça cruel. Les meilleures années de ta vie, gâchées comme ça... Si tu savais à quel point je regrette mes choix. En plus, Fantasia me ferait un bon gros sermon si elle l'apprenait. Bref... je t'accorde ce que tu demandes mais tâche de suivre le rythme. Je ne veux pas que tu te contente d'être au niveau des autres, je veux que tu les dépasse. Compris ?

Eru esquissa un sourire :

-Merci ! Ne vous en faites pas, je vous promets que...

-César !

Une profonde voix grave fit trembler la coursive. Eru fut instantanément paralysé par la présence de l'individu. Sans le voir, il le reconnut quand même : Skiar. L'homme entra dans son champs de vision, entouré d'une aura de ténèbre. La seule fois où Eru l'avait rencontré, il voulait le tuer. Et aujourd'hui, il semblait toujours aussi déterminé à lui faire la peau. La voix froide de César lui répondit :

-Skiar.

Ce dernier lui sourit, d'un sourire sans aucune chaleur :

-On te demandes à l'auditorium. Laisse ton petit singe de laboratoire et viens nous rejoindre, sur le champs.

Il appuya ses derniers mots d'une bouffée de puissance qui fit trembler même les murs. César rajusta ses lunettes en appuyant son indexe sur la monture et ce simple geste s'accompagna de l'apparition d'un écrasant pouvoir. Eru fut projeté contre le mur et toutes les vitres explosèrent. Il se senti violemment tiré en arrière et les derniers mots qu'il entendit avant de basculer par une fenêtre brisée fut Skiar qui ricanait en disant qu'il fallait mieux qu'ils en restent ici. Eru tomba et se retrouva dans une sorte de toile dorée qui ralenti sa chute. Il se retourna et se retrouva face à Pandore qui semblait étrangement à l'aise dans cette tempête de pouvoir. Elle lui tendit la main et l'aida à se relever puis ils partirent en courant vers les dortoirs.

Quelques jours plus tard, les apprentis chamans discutaient toujours du combat entre les deux Kynigos. Eru poursuivait son entraînement, plus intense que jamais. César les avait réuni un soir, lui, Johan et Pandore. Il leur avait annoncé que les séances normales ne suffiraient plus à présent. Et même si s'entraîner avec une fléaux ne plaisait pas à Johan, il devait faire avec. Après avoir passé une semaine à s'entraîner 12 heures par jour, César les a envoyé survivre seul dans une montagnes infestés de morts vivants. Curieusement, Eru avait découvert que Pandore utilisait très peu son pouvoir, même si il semblait bien plus mortel que celui de Johan. Après cette épreuve, ils étaient reparti sur un cycle de prise de force musculaire et ils avaient cru mourir. Eru avait vomi plusieurs fois par jours mais rien n'avait satisfait César. Il leur en demandait toujours plus. Il s'amusait parfois à les déphaser temporellement et ne les libérait que quand ils tombaient du fatigue. Fantasia lui reprocha ses méthodes quelques peu extrémistes mais elle comprit rapidement son objectif et lui donna un coup de main dans sa tâche. Ses séances se révélèrent différentes de celles de César mais pas moins mortelles. Viseuse, elle ciblait là où ça faisait mal pour les enterrer. Les deux chamans se relayaient pour ne leur laisser que 5 heures de répit. Chaque soir, ils se couchaient le corps brisé, pour se réveiller le matin en se demandant si ils n'avaient pas encore plus mal que la veille.

Enfin, la fin de l'été arriva et elle sonna comme une libération pour les trois apprentis. Ils avaient vécu loin du centre du Q.G. dans un petit bâtiment excentré dans la forêt. La rentrée était le jeudi 2 septembre et ils regagnèrent la civilisation le 31 août, après avoir passé un demi-mois seul. César et Fantasia ne les félicitèrent pas de leur progrès, ils se contentèrent de hocher durement la tête. Eru savait qu'ils faisaient ça pour les pousser encore plus haut, n'empêche que ça faisait mal. En descendant vers la cours centrale, Pandore s'approcha de lui :

-Notre enfer touche enfin à sa fin. Je pense que tu seras content de retrouver tes camarades.

Eru lui sourit. Ils s'étaient beaucoup rapprochés pendant ces deux semaines de torture, les deux faisaient face à Johan qui refusait d'accepter leurs progrès.

-Tu sais, même si je ne les connais pas depuis longtemps, ils représentent toute ma vie. Du moins... celle dont je me souviens. Mais c'était pas si mal ces vacances avec vous deux.

Il se tourna vers Johan qui lui répondit :

-Dégage.

Eru savait que jamais il n'accepterai d'avouer qu'il regrettait leurs moments d'entraide afin de survivre. Ils pénétrèrent alors dans la cour et se dirigèrent vers le groupe de jeunes qui les attendait : ils étaient de retour chez eux.

Edfou - Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant