Edfou - Saison 1

Épisode 104 : Les forets de Fal'rair

Épisode 104 :

Les dernières cendres du bûchers s'étaient refroidies quand Eru et Pandore avaient quitté les ruines de Fal'rair et s'étaient dirigés vers les montagnes pour quitter la vallée en direction de leur premier objectif : trouver la grande route qui reliait le royaume des elfes à la marche du nord. Cette dernière partant de la vallée de feu, elle passait au nord du royaume de Fal'rair, de l'autre côté d'Aaru. Les elfes avaient donc construit la grande route, reliant leur royaume à l'axe qui venait de la porte. C'est aussi là que se trouvait la première difficulté, un poste avancé orque construit à la frontière du royaume. Ils étaient obligés d'y passer et Eru souhaitait de tout son cœur y mettre feu pour venger les elfes. Pandore et lui progressaient en silence, dévorant les distances à grandes enjambées, portés par la haine et la vengeance. Les consignes d'Alain tournaient en boucle dans l'esprit d'Eru mais il les chassait pour se concentrer sur ce qui allait arriver. Ils marchèrent jusqu'à tard dans la nuit, jusqu'à ce que la fatigue se fasse ressentir.

-Eru, lança Pandore à un moment, brisant le silence qui s'était installé entre eux depuis leur départ de Fal'rair. Je pense qu'il faudrait qu'on se repose.

Eru acquiesça, conscient qu'elle avait raison. Ils installèrent leur couchette de fortune et, après avoir avalé une barre elfique, il s'allongea sur le dos, sachant très bien qu'il ne trouverait pas le sommeil. Il resta longtemps à fixer des étoiles maintenant familières à travers les branches des arbres. Il entendit Pandore se retourner plusieurs fois, dans sa couchette, incapable de s'endormir elle aussi.

-Pourquoi ils ont fais ça ? Demanda t elle au bout d'un moment dans le silence de la nuit.

-Je ne sais pas, souffla Eru, enfin... je pense savoir mais je ne me l'avoue pas moi même.

Il s'arrêta là, ne désirant pas en dire plus. Il sentit Pandore se rapprocher de lui et poser sa main sur son bras, comme à son habitude quand elle voulait le réconforter.

-Expliques toi, murmura t elle. S'il te plaît...

-Je suis sûr d'être lié de prés ou de loin au gardien, je le connais, avoua Eru. A mon avis, quand il a appris mon existence il m'a appelé ici, d'où la voix que j'avais entendu à Titan... Comme Alain, j'étais tombé sur un gouffre menant directement à la porte. Il me veut, il a dû attaquer Fal'rair en pensant me trouver...

Sa voix se brisa et il dégluti difficilement.

-C'est ma faute si ils sont tous morts... termina t il.

Pandore se releva et fixa Eru dans le noir :

-Ne dis pas ça. D'après ce que nous a raconté Alain, les elfes étaient dans le viseur du gardien depuis longtemps, il lui fallait simplement un prétexte pour passer à l'action. Tu n'y es pour rien, il...

-Alors pourquoi Alain ne nous a t il rien dit ? Coupa sèchement Eru. Hein ? Pourquoi a t il gardé le secret ? Il n'est pas affecté par le sort qui recouvre Aaru alors bien sur qu'il l'avait senti ! Mais pourquoi ne nous a t il pas prévenu ?

-Il voulait qu'on reste et qu'on termine entraînement, répondit la jeune fille. Il savait que si il nous mettais au courant, on se précipiterai dans la gueule du loup et on n'aurait jamais été prêt à temps... laisse tomber, Eru, le véritable responsable ce n'est pas toi mais celui qui tire les ficelles.

Eru ferma les yeux pour s'enfermer dans son espace mental, désirant fuir ses actes. Pandore soupira et rapprocha sa couchette de la sienne, passant ses bras autours d'Eru afin de le réconforter en silence.

Le lendemain, ils mangèrent sur le pouce et continuèrent leur marche dans la foret. Il leur restait quelques petites journées dans le royaume des elfes avant de traverser une ultime fois les montagnes pour se retrouver dans les hautes plaines, une immense prairie qui les séparait d'une ville naine minière. Mais avant cela, se trouvait le fameux poste avancé de l'armée de la Purge. Perché au sommet d'un col, il servait à surveiller Fal'rair et ainsi contrôler les allé-venus des elfes. Eru aurait bien voulu le réduire en cendre mais ça reviendrai à clamer haut et fort qu'il était en vie et empruntait la marche du nord.

Ils marchèrent toute la journée sans s'arrêter à travers les hauts arbres de la foret. Tout était calme et paisible, bien éloigné de la boucherie causée par les orques. De temps en temps, ils tombaient sur une pierre taillée qui témoignait de la proximité de la route et ils se détournaient pour s'enfoncer plus loin dans les bois. Alain leur avait donné l'ordre de suivre la route sans jamais y marcher dessus car elle était sûrement surveillé. La tache allait se compliquer quand ils atteindraient les hautes plaines car le terrain n'offrait aucune cachette efficace mais, pour l'instant, le principal était la discrétion.

Ils ne s'arrêtèrent pas avant la tombée de la nuit. Petit à petit, ils digéraient ce qu'ils venaient de vivre et prenaient du recul sur la situation. D'après leurs estimations, ils devraient arriver à la frontière le lendemain. Ils allaient installer leur campement quand ils sentirent une perturbation dans le Lien.

-Qu'est ce que... commença Eru avant de s'interrompre.

Il entendait clairement le son de bottes en fer qui claquaient contre des pavés de pierres et celui d'un martellement constant.

-On dirait le bruit d'une armée, murmura Pandore.

-Parce que c'est une armée, lui répondit Eru chuchotant comme elle.

Ils rangèrent leurs affaires avec précipitation, fourrant leurs provisions dans leurs sac. Eru allait refermer le sien en prenant garde à ne pas abîmer les livres et les parchemins légués par Alain quand il entendit un son relativement fort pour ce qu'il devait être, couvrant le bruit de l'armée qui s'approchait. Il entendit comme si un objet de métal écrasaer une pierre avant de rouler puis de s'immobiliser. Le son, grave, se répercuta dans son corps, évoquant les abysses ténébreuses d'un océan oublié. Il baissa les yeux et ce qu'il vit le terrorisa. Ce qui venait de tomber était la pièce donné par Ombre ! Il l'avait oublié mais elle était encore là ! Pris de panique, il la ramassa et la fourra dans son sac mais, au moment même où il la toucha, un éclair descendit du ciel pour frapper l'arbre qui se trouvait derrière Eru.

-Attention ! Hurla Pandore.

Eru bondit en arrière et posa son sac au sol. Il attrapa une boite en bois qui contenait du pain elfique et y enferma la pièce fourrant le pain dans le paquetage de Pandore. Il remit la boite dans son sac et se releva en vitesse :

-On dégage ! Ordonna t il.

Les deux amis se mirent à courir quand ils entendirent une voix bourrue d'orque lancer derrière eux :

-En avant bande de larves, c'est tombé ici !