Épisode 105 : Orl'asrk

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Épisode 105 :

Les deux amis se mirent à courir, fuyant les orques qui approchaient, quand ils entendirent une voix bourrue lancer derrière eux :

-En avant bande de larves, c'est tombé ici !

Eru se retourna et, à travers l'arbre fendu en deux par l'éclair, il vit briller l'éclat caractéristique d'une lame.

-Faut qu'on se cache, lança t il à son amie.

Il s'élança et, suivi de la jeune fille, grimpa à l'arbre le plus proche. Il s'éleva au dessus du sol, s'agrippant aux branches solides des arbres de la foret elfique. Il s'arrêta à une vingtaine de mètres du sol et se pencha en avant. C'est alors que les orques déboulèrent autours de l'arbre frappé par la foudre. Ils étaient nombreux, assez pour que le sol tremble sous leur pas et armés jusqu'aux dents.

-Une cohorte dépêchée pour traquer les potentiels survivants, murmura Pandore.

Eru senti monter en lui une colère froide :

-Il suffit de les exterminer...

-Eru, non ! Le temporisa Pandore sans élever la voix. On ne doit pas prendre le risque de se faire repérer.

Elle se mit à fixer les orques en chuchotant :

-Leur esprit est faible, je peux me servir de la Voix pour les écouter.

Elle durcit le regard et fondit mentalement sur eux. Eru était étonné de la puissance de la Voix de Réalité chez Pandore. Moins développé chez lui, il ne pouvait communiquer directement qu'avec ceux qui la possédaient aussi alors qu'elle pouvait écouter et parler même avec ceux qui en étaient dépourvu. Néanmoins, ils ne pouvaient pas lui répondre. Soudain, il entendit la même voix bourru qu'au début crier :

-On va pas rester planté là toute la nuit. On bouge !

Le bataillon orque se remit en mouvement et ils s'éloignèrent en direction de la route, écrasant et détruisant les plantes environnantes.

-Alors ? Murmura Eru quand les monstres eurent disparut dans la pénombre.

-L'esprit d'un orque est bordélique, lui répondit elle. Je suis pas télépathe non plus, je peux juste entendre ses principales idées. Mais j'ai pu attraper deux trois infos : ils viennent de la tour d'Orl'asrk, le poste frontière que l'on doit traverser et ils se dirigeaient vers Aaru afin de récupérer les derniers objets de valeurs. Ils étaient très énervés car il n'y aura pas de combat.

-Comme si ils n'en avaient pas eu assez, ragea Eru.

-On reste ici pour la nuit, chuchota Pandore pour calmer son ami. Si on avance bien, on passera les montagnes d'ici demain soir.

Le lendemain matin, après avoir mangé du pain elfique et une barre aux fruits, ils se remirent en marche. Eru avait raconté la raison de l'éclair à son amie et ils avaient décidés de la laisser dans la boite en bois et de ne plus la toucher. Eru se demandait comment elle avait réussi à tomber et déclencher la foudre sachant qu'aucune magie ne s'en échappait et qu'il était persuadé de ne jamais avoir ouvert la boite qui la contenait.

Les deux amis marchèrent rapidement toute la journée et la nuit commençait à tomber quand ils atteignirent l'orée de la foret. Devant eux s'élevaient les montagnes qui marquaient la frontière du royaume des elfes. Ils devaient se dépêcher car ils devaient traverser le col et être redescendu de l'autre côté avant le petit matin afin de passer le poste avancé d'Orl'asrk avec la nuit. En montant, Eru pensa qu'il aurait préféré utiliser le sort originel de l'Orbe d'Isolement qui servait à manipuler le principe furtif mais, au moindre problème, ils se retrouveraient exposés aux yeux de toute la Duat. Ils avaient donc choisis de tenter le passage avec la nuit, se cachant dans la pénombre pour traverser. Au pire, ils avaient toujours la deuxième option.

Ils arrivèrent non loin du col à la levée de la lune. Après s'être désaltérés, ils regardèrent la tour orque. Elle était large et basse, couronnée de piques noires comme la pierre qui la construisait, elle dominait la vallée qui s'étendait au bas des montagnes. Les yeux perçants d'Eru transperçaient les ténèbres et il distinguait en contrebas les hautes plaines.

-Bon, on y vas, murmura t il.

Les deux amis se remirent en route. Ils n'avaient pas spécialement de plan mais ils voulaient à tout prix éviter le combat. Cependant, Pandore avait secrètement d'autres intentions. Ils descendirent vers les murailles qui entouraient la tour et se cachèrent derrière un amas de rochers.

-Comment on passe ? Demanda Eru en chuchotant.

-On va éviter d'utiliser le Lien, mentit t elle en réponse. Le mieux c'est de passer en rampant en priant pour que les capes elfiques nous couvrent.

Eru acquiesça et referma la longue veste qu'il gardait constamment ouverte, uniquement posée sur ses épaules. Il sorti de son sac sa cape de voyage et la passa autours de lui. Il se plaqua au sol et, suivi de Pandore, il commença à avancer. Ses vêtements souples mais solides rappaient contre le sol sans se déchirer. Il senti son souffle rebondir sur les cailloux froids qui grattaient son visage. Ils avancèrent lentement et sans bruit, gagnant chaque petit mètres avec une lenteur effroyable mais une discrétion sans pareille. Soudain, après avoir parcouru la moitié du chemin, les deux chamans entendirent un grondement provenir de la muraille qui entourait le poste. Ils se figèrent et Eru colla son oreille contre le sol en entendant un martellement constant. Il se retourna doucement, tordant le coup pour voir derrière lui et il vit que le chemin qu'ils avaient quittés en rampant un peu plus tôt était éclairé par un groupe d'orques.

-Allez les chiures de griffons, on patrouille, rugit une voix bourrue dans la nuit.

Eru les vit quitter le chemin et, armés de torches, s'approcher en longeant les murs.

-Merde, pesta Eru, on est mal barré là !

-Il nous reste plus qu'une seule solution, murmura Pandore contente d'avoir une excuse pour assouvir son désir de destruction.

Eru hocha la tête et se concentra. Il attira à lui le Lien et se leva. Il tendit la main devant lui, la referma, rassemblant son énergie dans son poing. Il l'ouvrit alors et une sphère encore plus noire que la nuit s'éleva au dessus de lui. Il incanta alors :

-En dehors du champs matériel, par delà le voile spirituel, ferme toi, Orbe d'Isolement.

Cette phrase lui avait été donnée par Alain, elle était censé lui permettre de stabiliser l'Orbe, mais à chaque fois qu'il l'enseignait à Eru, le vieil homme avait un étrange sourire en coin et il ricanait comme si il s'agissait d'une des blagues les plus drôles qu'il lui ait été donné de voir. La sphère grandit et, une fraction de seconde plus tard, elle englobait tout le col. Pandore se leva à son tour et vida toute la rage, toute la haine qu'elle gardait en elle depuis qu'elle avait vu les résultats du massacre.

-Ekrixi ! Hurla t elle.

Une rune orangée apparut sur le sol et tout explosa. La tour fut littéralement soufflée, rayée de la carte par la simple volonté de Pandore. Les orques furent pulvérisés, réduis à néant par l'explosion. Eru sentit son sort trembler mais il raffermit sa prise sur le Lien pour ne pas en perdre le contrôle. Dans une explosion de puissance et une grondement apocalyptique, le poste avancé d'Orl'asrk disparut en un éclair. Les murailles de pierres noires volèrent en éclat, les hauts et robustes murs se fracassèrent. Les éclats de roches se brisèrent en éclats toujours plus petit face à la déferlante d'énergie et de chaleur. La mort frappa toutes créatures vivantes et le chaos s'empara de tout bâtiments. Le sol s'affaissa sur lui même, se craquela avant de simplement fondre. Voilà qui était devenu Pandore, véritable déesse de la mort, messagère et détentrice d'une puissance antique, mi-fléaux, mi-humaine, alliant à elle seule les qualités et la puissance d'un chaman de haut niveau. Elle s'était éveillée au monde et allait lui apprendre à la craindre, elle, Pandore Malédiction.

Edfou - Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant