Edfou - Saison 1

Épisode 21 : Les bêtes du Gévaudan (2)

Épisode 21 :

Les grognements bestiaux en provenance de la caverne roulèrent sur les murs du tunnel. Eru cria :

-On n'a pas le temps ! Il faut partir !

Il se dégagea de l'emprise de Johan et l'entraîna à sa suite dans le conduit. Il entendit ses amis lui emboîter le pas et il tourna la tête pour regarder. Les premières bêtes étaient en train de se hisser dans le tunnel et partiraient à leur poursuite dans quelques secondes. Johan désigna un passage sur leur gauche :

-Ici !

Tout le monde le suivit et ils débouchèrent sur un conduit plus étroit, les obligeants à courir en file indienne. Johan cria :

-Pourquoi ? Pourquoi vous êtes venus ?

-On est venu vous aider ! S'indigna Eru.

Mais le jeune apprenti continua :

-Ils ont ma sœur et des civils en otage ! Le meilleur moyen de les libérer était de parlementer avec l'Alpha ! Et tu viens de réduire leurs espoirs.

En entendant ça, le sang d'Eru ne fit qu'un tour dans ses veines. Des innocents étaient en danger et il fuyait au lieu de les protéger. Il se retourna et laissa passer Peter, Ariane, Suzie et Klide. Il fit face à la horde de monstre qui avançait. Ariane lui cria alors :

-Eru ! Non !

Il bondit et rencontra la première bête dans les airs. Il lui broya le crâne avant même de toucher le sol et se servit de son cadavre comme bouclier. Il tomba au milieu du chaos, tournoyant sur lui même pour se frayer un chemin à travers ses assaillants. Il vit alors, derrière lui, une bête lui déchiqueter le mollet. Il se retourna et brisa la nuque du montre avant même qu'il ne commence à le mordre. Il assommait des créatures, broyait des os, aplatissait des crânes, il avançait inlassablement vers le bout de tunnel. Soudain, il senti une puissante décharge le parcourir. Tous ses adversaires se mirent à trembler, leurs muscles pris de contractions involontaires. Suzie venait de lancer un piège de foudre, se servant de lui comme d'un canalisateur à son attaque. Il ne prit même pas le temps de la remercier, conscient de l'urgence de la situation et reparti en courant. Il atteignit l'embranchement qu'ils avaient emprunté un peu plus tôt et bifurqua vers la salle principale. Il déboucha dans la caverne et s'arrêta de surprise : elle était vide ! Les plus grandes bêtes avaient disparu et l'Alpha était introuvable. Il se rendit alors compte qu'il ne savait pas où se trouvait les civils et qu'il n'avait pas le temps de les chercher. Il songea à invoquer Râ pour qu'il rase tout ça et qu'il l'aide à les localiser mais il y avait des bâtiments au dessus et il prendrai trop de risque en déchaînant un tel éboulement. Il ferma les yeux à la recherche d'idées et quand il les rouvrit, il se trouvait dans une autre partie des égouts. Plusieurs hommes et femmes de tout âge s'alignaient le long d'un mur, enchaînés à ce dernier. Il les avait trouvé ! Il tenta de bouger mais se retrouva à nouveaux dans la grande salle. Il n'avait pas le temps de réfléchir à ce qu'il venait de se passer et reparti en courant. A ce moment, Johan et Ariane débouchèrent du tunnel :

-Eru ! Attends !

-Mais quel tocard...

Ils se lancèrent à sa poursuite. Eru sauta dans la caverne, la traversa en sprint et s'engagea dans un petit conduit qui suintait la vase. Des bêtes semblables à celle de la cafétéria tentèrent de l'arrêter mais il les aplatis au mur sans ralentir. Sa poitrine commençait à le brûler et son souffle devenait court mais sa volonté d'aller sauver les civils lui donnait des ailes. Il arriva alors et déboucha dans la caverne prison.Des gardes, plus puissants que de simples bêtes lui barraient le passage. Sans réfléchir, il engagea le combat comme en pilotage automatique. Il laissait ses réflexes lui sauver la vie, se concentrant uniquement sur l'attaque. Les gardes étaient puissants mais pas aussi rapide que ce qu'il craignait. Il balaya le premier tout en esquivant la charge du second. Le troisième se dressa sur ses pattes arrière mais Eru le frappa au plexus solaire, l'envoyant valser à l'autre bout de le pièce. Il senti alors approcher le quatrième mais le rayon violet de Johan s'en chargea. Eru se reconcentra sur les deux qui lui faisait face, laissant à Ariane et Johan les trois restants. Il fallait qu'il s'en débarrasse rapidement. Le plus gros des gardes tenta de lui attraper la jambe mais Eru sauta et se projeta vers un mur. Il saisit une grosse chaîne qui pendait et l'arracha. Avec son arme improvisée, il frappa de toute ses forces le troisième qui se remettait à peine de sa précédente projection, lui brisant le crâne sous le choc. Il retomba sur le sol et fonça vers les deux restants. Il faucha le premier avec ses jambes et abattit la chaîne sur son torse. Le monstre s'écrasa au sol et Eru utilisa son corps pour bondir sur les épaules du dernier et entourer son cou de son arme. Il serra de toute ses forces jusqu'à ce que les yeux jaunes de la créature s'éteignent. Il se laissa tomber sur le sol et vit une puissante lumière violette se répandre dans la pièce : Johan venait de tuer le dernier des gardes. Eru lâcha la chaîne, ses muscles tremblant sous l'effort qu'il venait de fournir et sa poitrine brûlant du manque d'oxygène engendré par le combat. Il se tourna vers ses compagnons et Johan lui envoya un signe de tête satisfait. Les trois amis s'approchèrent des civils et Ariane se dépêcha de les libérer au moyen de fils tranchants. Eru demanda à Johan :

-Pourquoi tu n'as pas utilisé tes rayons verts destructeurs ?

-Pour la même raison que celle qui t'empêche d'invoquer Râ. Mon énergie verte est destructrice mais elle risquerai de déclencher un éboulement à cause de la compaction ou de la dilatation de l'espace. De même que mes plus puissants sorts d'énergie violette nous mettraient en danger. Les deux seules techniques que je peux utiliser dans ses conditions sont l'ablation qui requiert d'un contact physique pour diriger l'attaque et un rayon violet à faible portée.

Eru hocha la tête. Il était conscient du poids que donnait des puissantes attaques. La personne la mieux équipée dans cette situation était Ariane et ses fils précis. Il regarda alors son amie qui avait finit de libérer tout le monde. Une petite fille d'une douzaine d'années fila vers Johan et l'entoura de ses petits bras tout en sanglotant. Ce dernier s'accroupit et tenta de la consoler. C'est alors qu'ils entendirent un grognement chargé de colère. Il roula longtemps sur les murs des égouts avant de s'éteindre. L'Alpha venait de décider qu'il était temps de se mêler du conflit.

Le soleil de plomb tapait fort sur le crâne de Kunoai Josei. Elle avait quitté ce désert à peine quelques heures plus tôt et voilà qu'elle y retournait. Elle se trouvait au sommet d'une dune, au milieu d'autres dunes. La seule trace d'une quelconque civilisation provenait des ruines de grattes-ciels qui témoignaient de la présence ancienne d'une ville moderne. Ici, le Lien avait détruits les écosystèmes. En face d'elle se tenait une ombre dans une cape claire comme le sable. Elle l'interpella dans un anglais où perçait un accent japonais :

-Pourquoi me fuyez vous ?

L'ombre lui répondit sans une trace d'émotion dans la voix :

-C'est rare qu'une Kynigos s'intéresse à moi. Il est revenu, je me devais de vérifier.

-Vous êtes aussi nommé ainsi. Et je suis désolée mais je ne vois pas de qui vous parlez. Cependant, j'ai besoin de votre aide et c'est pour cela que je suis venu ici vous trouver.

L'ombre se renfonça dans sa cape et murmura :

-Normal, tout le monde a oublié son existence.

Elle continua plus haut :

-En quoi puis-je vous être utile Mlle. Josei ?

-Apprenez moi tout ce que vous savez.