Edfou - Saison 1

Épisode 111 : Naal'omber

Épisode 111 :

Naal'omber était un port construit par les nains pour transporter le fruit de leurs minages vers le reste du continent. Lors de la construction de la marche du nord, il s'était transformé en véritable marché géant mais, depuis la montée en puissance de l'armée de la purge, il n'était plus qu'un poste de contrôle. Le marché avait été transporté vers Stoncarier et Naal'omber n'était plus que ruines.

Eru et Pandore étaient montés dans le chariot d'un nain nommé Fissk et qui faisait des aller-retours entre Naal'omber et Stoncarier pour acheminer des matières premières. Il les avait gentiment déposés non loin de la ville et à présent, ils terminaient à pieds.

-On prend le premier bateau et on traverse le fleuve. Si c'est sans danger, on y reste sans descendre sur l'île de fer afin continuer directement jusqu'au port de Phi mais si jamais on sent que c'est tendu, on descend et on prend le suivant, proposa Eru à son amie.

Elle hocha la tête et ils s'approchèrent des portes de Naal'omber. Les deux hautes tours d'observation construites par l'armée de la purge dominaient les alentours et les ruines de l'ancienne ville. Les marchands étaient regroupés en colonnes sous un ciel de plomb et avançaient lentement vers les quais d'embarquement. Eru aurait bien voulu ne pas passer par un poste ennemi mais, comme partout sur la marche du nord, les orques surveillaient le moindre fais et gestes des voyageurs. Les deux amis se glissèrent dans une des files et suivirent le mouvement de la foule. Soudain, un cri strident fendit l'air, pétrifiant tout le monde sur place. Une aura de terreur se rependit dans la ville en ruine, plongeant les marchands dans le désespoir. Le ciel se fit plus sombre, plus lourd et c'est alors qu'une forme ailée en descendit.

-Les ombres des montagnes ! Hurla quelqu'un derrière Eru.

Des cris de peur retentirent mais furent bientôt étouffés par l'arrivée de la créature. Elle était immense, ressemblant à une wyvern mais plus grande et beaucoup plus mauvaise. Elle pencha son coup en avant et laissa voir un cavalier sur son dos. Depuis sa place, Eru pouvait le distinguer facilement grâce aux Yeux de Vérité. C'était un vampire, habillé d'une superbe armure d'obsidienne. Son teint blanc, ses yeux rouges et ses cheveux d'os étaient les seules couleurs dans cette obscurité.

-Un Vengeur... Murmurèrent les marchands, terrifiés.

-C'est vrai ? Demanda Eru à son amie par la pensée.

Après quelques secondes de silence, elle lui répondit :

-J'ai sondé l'esprit de quelques un, et oui, ce sont bien ceux dont Alain nous avait parlés, les 12 plus puissants généraux au service du Gardien. Celui qui se trouve devant nous se nomme Giure Grando, le vampire qui héritera de la tour de sang à la mort de sa mère, la Reine écarlate.

Tout doucement, les colonnes de marchands se remirent en marche sous le regard pesant de Giure. Eru lui jeta un rapide coup d'œil, le vampire était fort, très fort. En combat singulier, même avec ses pleins pouvoirs, il n'était pas sûr de le vaincre. Si lui était un simple servant du gardien, alors ce dernier devait posséder un pouvoir incommensurable. Ils avancèrent dans le silence étouffant vers le poste de contrôle. Eru s'approcha du barrage monté par les orques et se présenta :

-Je me suis E'taas et voici mon amie Viaza. Nous sommes des voyageurs du sud et nous nous dirigeons vers les l'île de fer pour retrouver notre famille.

L'orque s'esclaffa d'une rire sinistre :

-Peut être que vous la retrouverez, mais n'espérez pas trop.

Eru se concentra afin de garder une aura faible et insignifiante et, quand il traversa le barrage orque, il sentit le regard d'un prédateur dans son dos. Sans se retourner et faisant mine de n'avoir rien sentit, il continua et se dirigea vers les quais. La pression se relâcha et il supposa que Giure l'avait lâché du regard. Ce vampire était puissant, assez pour percer son déguisement. Soudain, il entendit un froissement d'air et, pris de panique il se retourna vers le Vengeur pour le voir décoller. Il fila en direction du sud et Eru devina sa destination : Orl'asrk. Il allait se lancer à leur poursuite !

-On embarque ! Ordonna t il à son amie.

Ils se mirent à courir et sautèrent sur le premier bateau qu'ils virent. Il se planquèrent au milieu de la foule qui s'y pressait et, quelques minutes plus tard, de gros trolls montèrent à bord et récupérèrent les poteaux qui attachaient le bateau aux quais. Ils les plantèrent dans l'eau et, doucement, le bateau s'ébranla, poussé par la force des trolls.

-On change de bateau dès qu'on arrive sur l'île de fer, murmura Eru. Il ne faut pas qu'il nous retrouve.

La journée passa lentement. Le fleuve était assez large pour qu'une fois arrivé au milieu, les berges ne se voient plus. Il fallait à peu près une demi-journée pour le traverser entièrement mais vu comment le bateau était chargé, le temps fut multiplié par deux. Une fois l'île de fer en vue, le capitaine du navire, un gros troll boursouflé leur lança :

-On s'arrête au large pour la nuit et interdiction de descendre ! Pas un bruit sinon on vous balance par dessus bord !

Eru lança un regard paniqué à son amie.

-Comment ça ? Lui chuchota t elle. On peut pas descendre ? On doit rester ici ?

-Je crois que ça se complique, lui répondit il sur le même ton.

Ils mangèrent quelques unes de leurs provisions puis s'installèrent pour la nuit. Eru savait qu'il l'arriverait pas à dormir et que Pandore non plus. De toute façon, il était trop dangereux de se laisser aller au sommeil dans une telle situation. La nuit dura longtemps, très longtemps, tout le monde attendant le petit matin avec impatience. Eru ne sentit pas la fatigue tant il était tendu et concentré. Rien ne filtrait de la carapace qu'il avait érigé autours de lui et qui aurait pu trahir sa nature chamane humaine. Le bateau était très silencieux, personne n'osant parler. Les trolls qui s'occupaient de le faire avancer étaient assis au bord, leurs gros pieds pendant tristement dans l'eau. Au bout de longues heures d'attente, les premiers rayons du soleil percèrent l'horizon et furent accueillis par des soupirs de soulagement. Le bateau allait se remettre en marche en direction de la terre ferme qui se dessinait devant eux. L'île de fer se rapprochait, le problème était derrière eux. C'est alors qu'Eru vit arriver un petit navire à voile qui s'accrocha au leur et un gobelin monta à bord. Quelques minutes plus tard, il quittait la cabine du capitaine et remonta dans son navire pour rentrer au port. Soudain, un vent froid se leva et une terreur sans nom s'empara du bateau. Un ombre masqua le ciel et fila en direction de l'île : la wyvern de Giure !

-On a vraiment un problème là, murmura Eru paniqué.

Le bateau se mit alors à avancer doucement vers le port et, à peine amarré, une cohorte d'orque l'envahit. Ils portaient des armures noires comme la nuit et leur casque ne présentait aucune aération leur permettant de voir ou de se repérer. Le seul motif dans ce noir uniforme était un œil blanc peint au milieu du heaume.

-Des marionnettes, chuchota Pandore en reconnaissant le sort qui les animait.

Ils se dirigèrent directement vers Eru et Pandore et les encerclèrent, pointant leurs longues épées dans leur direction. Ils entendirent alors un bruit sourd et, quand Eru releva la tête, tout envie de se battre quitta son corps. Sur le sommet de la cabine du capitaine se tenait une wyvern, montée par un vampire. Son ombre dominait le navire, réduisant les voyageurs à l'état de simples proies. Giure Grando se leva et posa pied à terre à côté de sa monture. Il fixa les deux chamans et lança d'une voix de velours aussi froide que la mort :

-Eru-Alsar, premier des dix grands... Pandore Malédiction, la mi-humaine, mi-fléaux...

Il fit un pose comme si il se délectait de leur impuissance avant de reprendre :

-Moi, Giure Grando, Vengeur au service du Gardien Kherty, vous ordonne de me suivre sous peine de mort immédiate pour vous et l'ensemble de ce vaisseau.