Épisode 81 :
Eru et Pandore pénétrèrent dans la grande salle du palais des elfes entourés de gardes. Ils avaient été libérés quelques minutes plus tôt et sous les regards noirs des habitants, ils avaient traversé le village jusqu'au palais. Enfin, palais n'était pas le mot adapté. C'était un grand arbre creux dans lequel les elfes avaient battis des hautes salles pour accueillir la famille royale et les invités. Eru ne se serait jamais douté qu'il existait de tels lieux dans la Fosse : tout était magnifique, d'une élégance sans pareil. Éclairé par des fruits luminescents, le bois brillait de toutes les couleurs.
-C'est peut être magnifique mais je ne leur fait pas confiance pour autant, lança Pandore dans l'esprit d'Eru.
-Je sais, mais il va falloir leur raconter tout ce qu'il s'est passé si on veut pouvoir sortir d'ici, répondit Eru. Cet Eldor O'maltar me semble sage, il a déjà rencontré des humains et ça se voit.
-C'est quand même un monstre, il a dû en tuer des humains, opposa Pandore. Si pour sortir d'ici on doit se battre je n'hésiterai pas.
Eru non plus n'hésiterai pas, il le savait. Leur principal objectif était de quitter la Fosse au plus vite mais il sentait que ces elfes pouvaient les aider. Ils s'arrêtèrent alors devant le trône et Eldor O'maltar s'adressa majestueusement à eux :
-J'ai décidé de vous accepter parmi nous, contrairement à ce que désirait mon peuple car j'ai déjà traité avec des humains, je sais comment vous pensez. Mais j'ai en face de moi deux créatures que je n'avais jamais rencontré, dites moi qui vous êtes réellement et quel est votre objectif, si il n'entre pas en conflit avec nos habitudes nous vous laisserons la vie sauve.
Eru commençait à cerner qui était Eldor O'maltar. C'était un grand roi qui se battait pour son peuple et qui avait la responsabilité de nombreuses vies sur ses épaules. Même si il restait un monstre, Eru ne pouvait s'empêcher de lui trouver des côtés humains.
-Laisse moi parler, ordonna Pandore dans sa tête. Après tu diras ce que tu veux.
Eru la laissa donc faire, observant discrètement autours de lui pour enregistrer les potentielles sorties et la position des gardes.
-Je m'appelle Pandore Malédiction et je suis mi-humaine, mi-fléaux, se présenta la jeune fille. Avec Eru-Alsar, on fait parti de la Guilde Française. Comme on l'a dit, nous avons fait face à une attaque organisée de morts-vivants et à la fin nous avons été victime d'un sort. Nous ne voulons rien de vous, juste traverser votre territoire pour quitter la Fosse. Nous ne dirons rien, nous ne ferons rien, laissez nous partir.
Elle appuya ses propos d'un regard puissant et Eru senti son pouvoir emplir le Lien. Il ne savait pas depuis combien de temps elle maîtrisait le principe absolu ou si elle était même consciente de ce qu'elle faisait mais son aura dominait l'espace. La salle plongea dans le silence pendant qu'Eldor et Pandore se fixaient. Soudain, elle détourna le regard et le seigneur des elfes se leva :
-J'ai pris ma décision. Vous ne semblez pas hostiles à notre population et... enfin ce n'est pas à moi de vous en parler. Je vais donc vous proposer un marché : vous pouvez séjourner sur notre territoire mais vous devrez vous plier à nos règles. En échange, gardez le secret sur tout ce que vous verrez ici, nous ne voulons aucun problème avec aucune race, que ce soit des monstres ou des humains. Vous pourrez partir quand vous voudrez et, en attendant, nous vous offrons hospitalité.
Eru hocha la tête et lança à Pandore par la pensée :
-Qu'est ce qu'il s'est passé ?
Étrangement, elle ne lui répondit pas. Le seigneur descendit de son trône et s'avança vers eux :
-Je vais demander à Taas'il de vous conduire à vos futurs quartiers. Il vous communiquera ce que vous pourrez faire. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, venez me trouver.
Le guerrier elfe s'avança, aussi heureux que s'il avait dû jeter aux ordures un cadavre pourrissant de morts-vivants et les guida vers un escalier taillé à même une racine. Taas'il s'adressa à eux d'une voix égale et vide d'émotion :
-Vous logerez dans une des chambres réservées aux invités. Pour les repas, adressez vous à la cuisine ou venez dans la grande salle pendant les banquets. Nous partons à la chasse toute la journée donc il n'y aura personne pour s'occuper de vous, ne faites rien ou je viendrai pour vous étriper, compris ?
Il ne leur lança pas un seul regard mais les deux amis sentirent qu'il ne plaisantait pas. Il les laissa devant une porte ronde sur laquelle s'ouvrait une chambre lumineuse. Taillée dans le bois, elle était circulaire et percée de nombreuses fenêtres qui donnaient sur le village. Elle était spacieuse, vraiment spacieuse et meublée par quelques tables, un grand lit et une profonde baignoire. Pandore comprit qu'elle n'était pas aménagée pour deux et s'empourpra. Eru, bien loin de telles préoccupations pénétra dans la pièce en sondant les environs :
-Elle ne semble pas piégée, tout va bien.
Ils firent le tour de leurs quartiers puis ils se posèrent sur l'unique lit.
-Euh... comment on fait pour... bégaya Pandore. Fin... tu vois ce que je veux dire.
Eru lui lança un regard amusé :
-Je vais sortir, lave toi et prends ton temps, on en a besoin.
Il se leva et quitta la chambre en rigolant doucement : Pandore était bien plus humaine que fléaux, malgré qu'ils aient frôlé la mort un nombre incalculable de fois, elle était gêné de lui demander de sortir pendant qu'elle se lavait. Il s'approcha d'une porte et l'ouvrit, pénétrant sur un balcon. Il s'avança et se pencha sur le balustrade qui dominait l'entièreté du village et, pour la première fois, il put observer tranquillement la beauté de Fal'rair. Il était construit à l'ombre de l'arbre-palais et de nombreuses maisons pendaient aux arbres environnants. Il était dominé par de hautes montagnes et dans un ciel bleu brillait un étrange soleil rouge. Eru se perdit dans la contemplation de l'endroit : comment un monde abritant des monstres pouvaient être aussi beau ? Au bout d'une vingtaine de minutes, il entendit Pandore le rejoindre. Elle avait troqué sa tenue de combat en lambeaux pour un ensemble clair qui mettait ses cheveux blond en valeur.
-Franchement, lança t elle en s'accoudant à côté d'Eru, ça fait un bien fou de se sentir propre.
-Je vais aller tester ça, je ne supporte plus de sentir ma propre odeur, rigola Eru.
Il retourna dans la chambre avant de faire couler un bain chaud. Il roula en boule sa vieille tenue et remarqua qu'il était couvert de petites plaies et de bleus, témoins de la violence de la guerre. Son corps était étonnant, il avait pratiquement récupéré de la bataille et de la traversée de la vallée de feu. Il plongea alors dans l'eau chaude, savourant un repos bien mérité.
VOUS LISEZ
Edfou - Saison 1
ActionEru-Alsar, tel était son nom, et l'unique mot le rattachant à son passé oublié. Se réveillant sans souvenir de sa vie d'avant, il fut recueilli par les protecteurs de l'humanité : les chamans, et décida de les suivre pour retrouver ses souvenirs per...