Chapitre 4-2

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La rage surnagea pourtant et m'apporta l'adrénaline qui me manquait. Je m'apprêtai à me jeter sur elle lorsqu'elle passerait à ma portée, mais elle anticipa mon action, prenant bien garde de mon contourner sans même me jeter un regard. La voyant approcher d'un pas décidé, le garde commença à baisser son arme et je fis un pas en avant. Je n'avais pas entamé le deuxième que la jeune femme attrapait l'homme par le cou, lui fauchai les jambes avec sa cheville, avant de lui tirer une balle en plein cœur avec sa propre arme. Tout cela n'avait à peine duré le temps d'un battement de cœur. À tel point que j'étais resté figé, hébété, les bras ballants.

— Qu'est-ce que tu fais ? Bouge ! Il y en a peut-être d'autres dans les parages !

Malgré le revirement surprenant de situation, la suspicion et la sensation d'avoir été trahis ne disparaissaient pas, m'empêchant d'avancer.

— River, tu m'entends ?! Tu ne pensais quand même pas que j'allais réellement te livrer à ce garde ?

— Et pourquoi pas ? N'est-ce pas exactement ce que tu as fait, il y a à peine quelques heures de ça ?!

— C'était différent...

— Ah bon ? Et en quoi, précisément ? Parce que j'aimerai savoir ?

Mon sarcasme tourna court, noyé dans une quinte de toux à me briser les côtes. Plié en deux, je tentai de reprendre mon souffle, conscient d'être à deux doigts de l'évanouissement.

— Tu crois vraiment que c'est le moment de parler de ça ? persiffla-t-elle à mon oreille tandis qu'elle glissait son bras sous le mien, m'aidant à me relever. Appuis-toi sur moi.

Le « tu peux toujours rêver » qui me brulait les lèvres ne dépassa jamais ces dernières et je n'eus d'autres choix que de me reposer sur elle, la laissant me soutenir et me guider le temps que le malaise se dissipe. Nous dépassâmes le cadavre du garde, et continuâmes sur plusieurs mètres avant que je ne sois en état de remarcher tout seul. Liv, quelques pas devant moi, me fit signe de m'arrêter en approchant d'une nouvelle grille pulvérisée par l'explosion. Fusil en avant, elle inspecta rapidement les deux côtés du boyau transversal avant de m'inviter à la rejoindre.

— La sortie est par là, dit-elle en pointant son fusil sur la gauche. Le plus logique serait que tu m'attendes ici le temps que j'aille voir si la voie est libre mais...

— Je viens avec toi

— Voilà... exactement la réaction que j'attendais, ironisa-t-elle en se mettant à tousser à son tour. C'est plutôt l'air qui m'inquiète.

— Sans blague ! marmonnai-je alors que nous nous engagions dans la galerie.

Notre avancée était poussive, entravée par les gravats et les éboulements que nous devions contourner voir parfois même escalader au prix d'énormes efforts qui nous laissaient de plus en plus essoufflés et à bout de force. Au bout de trente minutes nous étions déjà épuisés et dûmes faire une halte, face à une galerie à demi effondrée.

— Quelle distance crois-tu que nous ayons parcouru ? me demanda Liv en levant son regard cerné vers moi.

— Difficile à dire mais je dirais moins de cinq cents mètres. C'est encore loin ?

Le découragement qui traversa ses yeux me dit tout ce que j'avais besoin de savoir, pourtant elle me répondit quand même d'une voix voilée.

— Si on passait par là, non, dit-elle en m'indiquant le boyau à demi obstrué d'un signe de tête. C'est une ancienne sortie à demi désaffectée. Avant l'explosion elle était encore praticable mais là, je ne m'y risquerais pas. Il ne nous reste donc que l'entrée principale en espérant qu'elle ne soit pas condamnée ou remplis de gardes.

Insurrection- Elémental Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant