Chapitre 18-2

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A l'instant précis où je ne pensais plus pouvoir tenir une seconde de plus, le bandeau se desserra et j'aspirai avidement toutes les molécules d'air me parvenant. Mon esprit avait beau savoir qu'elle avait besoin de moi et donc ne me laisserait pas mourir, mon corps lui y avait cru.

— J'en déduis donc que nous sommes prisonniers et non invités, crachotai-je, refusant de lui offrir la peur et la servilité qu'elle attendait.

— Si vous êtes là, c'est parce que l'on vous a laissé entrer, persiffla-t-elle. Vous croyez vraiment que nos protections seraient aussi perméables à... n'importe qui.

Le mépris était évident et dégoulinait de ses paroles autant que de son attitude hautaine alors qu'elle faisait un pas en avant.

— La louve vient d'ici, compris-je en sentant un poids s'installer dans ma poitrine.

— Oui et je veux comprendre ce qui a merdé. Debout ! aboya-t-elle à mon intention en me tirant sans ménagement par le bras.

Pour une femme de sa corpulence elle avait une poigne d'enfer, pensai-je tentant d'emmagasiner le plus d'information possible. Liv, toujours à la merci de Magnus, avait le regard vague et son teint blême était inquiétant. Si nous arrivions à nous sortir de là, je n'aurais d'autre choix que de la conduire dans un hôpital, qu'elle soit d'accord ou non.

— Avancez ! m'exhorta une nouvelle fois la sorcière en me forçant à avancer d'une tape dans le dos.

Magnus ouvrit la porte et nous nous retrouvâmes une nouvelle fois dans le couloir sans fin. Cette fois nous prîmes à droite et descendîmes et montâmes plusieurs escaliers. Mon esprit savait que c'était une illusion destinée à nous désorienter mais malgré ma concentration et la recherche de points de repère fixe, je fus perdu après le deuxième croisements.

— Vos efforts son louables, mais inutiles, ricana Vanessa Northwood en s'arrêtant devant une porte en fer munie de serrures extérieures.

Elle les déverrouilla d'un simple geste de la main, poussa le battant, puis me propulsa à l'intérieur. Je trébuchai mais parvins à ne pas perdre l'équilibre tandis que mes yeux s'habituaient à pénombre ambiante. Contrairement à ce que j'avais cru, ce n'était pas une cellule moyenâgeuse mais une pièce carrée toute carrelée de blanc. La jeune femme, menottée et à présent vêtu du même survêtement interchangeable que nous, gisait sur le sol toujours inconsciente. Magnus laissa tomber Liv à l'entrée de la pièce avant que le battant ne se referme derrière nous dans un bruit sinistre. Une lumière cru illumina aussitôt la pièce, agressant mes yeux hypersensibles et m'obligeant à m'immobiliser le temps que les taches lumineuses invalidantes ne s'estompent.

Entrainant Liv dans le coin opposée à la louve, je l'installai le plus confortablement possible avant de me redresser. Un miroir, probablement sans tain, que je n'avais pas remarqué auparavant, s'ouvrait dans le mur du fond. Je m'approchai lentement de la surface en verre avant de me planter devant et d'en fixer le centre où je savais que se trouvaient Vanessa et Magnus.

— Que voulez-vous que je fasse ? demandai-je sans crier, certain qu'ils m'entendaient très bien malgré le mur qui nous séparait.

— Interrogez-là ! me parvint la voix grésillante de la sorcière, déformée par un haut-parleur certainement dissimulé quelque part.

— Cela risque d'être compliqué vu qu'elle est... inconsciente ! ironisai-je autant que me le permettait encore le réalisme abjecte de la situation.

— Et bien, réveillez-là dans ce cas !

Le sarcasme dégoulinait même à travers les hauts parleurs crachotants de la pièce, m'arrachant une grimace. Tout en m'approchant de la louve, j'analysai mon environnement et nos chances à toutes vitesses. Je n'étais pas assez crédule pour croire qu'ils nous laisseraient ressortir de cette pièce en vie une fois qu'ils auraient obtenu ce qu'ils souhaitaient. Il ne me restait plus qu'à jouer le jeux en espérant trouver une idée de génie avant la fin de l'interrogatoire.

Insurrection- Elémental Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant