Chapitre 20-1

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* Convent des sorcières

J'esquivai sans mal sa première charge pataude d'une roulade sur la gauche. La louve frustrée se retourna dans un grognement et sans attendre, chargea de nouveau. Son haleine fétide frôla mon visage tandis que j'évitai ses crocs de justesse, finissant mon esquive dans le mur. Le choc m'arracha un grognement mais je n'eus même pas le temps de souffler qu'elle me fonçait dessus à nouveau. Cette fois je ne bougeai pas tout de suite, attendant la dernière seconde pour me décaler sur la gauche. Emportée par son élan, elle alla s'encastrer dans le mur dans un bruit de carrelage pulvérisé et de cartilage broyée. Sonnée, elle se laissa glisser le long du mur, me laissant quelques secondes pour souffler et réfléchir.

Continuer à esquiver ne nous sauverait pas à long terme. Je devais la mettre hors d'état de nuire, ce qui sans arme, relevait de l'impossible, ou trouver un moyen de leur faire ouvrir la porte, à moins que...

— Alors, petit oisillon, on est à court d'option ! ricana méchamment Northwood, me donnant une bonne raison de tourner mon regard vers la vitre.

C'était notre meilleure chance. La seule en fait. Je devais trouver un moyen de briser ce miroir. La sorcière m'observait, dégoulinante de méchanceté, en se remettant à psalmodier tout bas. Un nouveau grondement attira mon attention vers la louve qui se remettait difficilement sur ses jambes. Son regard voilée chercha le mien durant une fraction de seconde alors qu'elle secouait la tête comme pour chasser un insecte indésirable. Les lèvres de la sorcière se mirent à bouger plus vite tandis que ses mains s'agitaient furieusement et qu'elle recherchait le contact visuel.

— Hé ! Par ici ! interpellai-je la louve en commençant à marcher latéralement, l'entrainant dans mon sillage.

Je m'arrêtai, face au miroir, la louve devant moi tournant le dos à celui-ci. L'éclat de rage qui traversa le regard de la sorcière me confirma dans mon idée. Le contact visuel renforçait son emprise. Nouveau mouvement de tête de la louve assortie d'un grognement agacé. Elle avait toujours le regard trouble mais au moins elle n'attaquait plus.

— Regardez-moi, lui ordonnai-je doucement essayant de capter son regard malgré la peur qui me nouait les entrailles.

— Qu'est-ce que tu fais ? me chuchota Liv dans mon dos.

Je l'ignorai, ne voulant pas attirer l'attention du monstre sur elle et essayai de maintenir mon regard braqué dans celui de la demi-louve devant moi. Ses prunelles ternes avaient du mal à faire le point et ses mouvements de tête étaient de plus en plus violents et saccadés.

— Regardez-moi, vous pouvez lutter. Vous devez lutter. Ne la laisser pas gagner.

La magie s'intensifia d'un coup, passant de prégnante à étouffante et la louve fut sur moi avant que je n'aie le temps de réagir. Cette fois-ci je n'esquivai pas à temps et ses crocs s'enfoncèrent dans mon bras. La douleur irradia instantanément, me coupant le souffle. Bloqué dans l'étau de sa mâchoire, je tentai de me dégager en lui assénant un violent coup de pied dans le genou mais elle tint bon, m'arrachant un cri lorsqu'elle commença à serrer. Je devais me dégager au plus vite sinon elle allait m'arracher le bras. Je me laissai brusquement tomber tandis que je lui fauchais les chevilles l'entrainant dans ma chute. Le mouvement lui fit ouvrir la mâchoire et je parvins à extirper mon bras du piège mortel. Saisissant ma chance, je tentai de l'immobiliser d'une clef de bras, dont elle se dégagea avec une facilité déconcertante, avant d'inverser nos positions. Plaqué au sol, ses crocs à quelques centimètres de mon cou, je ne voyais pas d'échappatoire possible, lorsqu'elle fut soudain entrainée vers l'arrière.

— Liv, non ! criai-je alors que la louve se retournait, agrippait la jeune femme et la balançait à travers de la pièce comme un fétu de paille.

Son corps percuta le miroir avec un bruit sourd avant de retomber inerte sur le sol. La force de l'impact aurait dû l'exploser et pourtant le verre, sûrement blindé, était toujours intact, constatai-je en évitant une nouvelle charge et en allant me poster entre Liv notre ennemie. À bout de souffle, à court d'idée, je ne pouvais que faire barrage, mon bras gauche désormais inutile serré contre ma poitrine. Étant déjà un métamorphe je savais que cette blessure n'était pas synonyme pour moi de transformation à venir. Mais le sang qui ruisselait sur mon bras, gouttant de mes doigts en une petite flaque sur le sol, ne me disait rien de bon. La douleur pulsait à présent dans tout mon corps, déchirant ma concentration et sapant ma force.

Insurrection- Elémental Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant