Chapitre 26-1

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* Convent de Sabrina Northman

Il faisait sombre au-delà de l'étroite ouverture et je ne pouvais voir plus loin que les trois premières marches. Pourtant je m'y engageai presque sans hésitation. Les flashs et autres réminiscences étranges semblaient s'être calmés depuis que la porte dérobée s'était ouverte. Sans doute une coïncidence mais j'accueillais ce répit avec bonheur.

— On ne devrait peut-être pas aller par-là ? murmura Cyanna en m'attrapant la manche.

— Je ne t'oblige pas à me suivre, lui rétorquai-je en me dégageant de sa prise d'un geste brusque. Reste là, c'est sans doute mieux, ajoutai-je avant de commencer la descente.

Sans vérifier si elle me suivait ou non, je dévalai les marches presque à l'aveugle et sans soucis de prudence. Sans savoir pourquoi, j'avais la certitude qu'il n'y avait pas de danger. Dès que mon pieds quitta la dernière marche, une veilleuse s'alluma. Sur le qui-vive, j'empoignai aussitôt mon arme, mais rien de plus menaçant dans le couloir en béton me faisant face que des toiles d'araignées poussiéreuses.

J'avançai de quelques pas et tentai d'ouvrir la première porte sur ma droite. Le battant céda sans effort, dévoilant une pièce carré en béton brut, totalement vide. Les deux suivantes donnèrent le même résultat. Rien que du vide, de la poussière et quelques insectes morts. Lorsque je ressortis de la troisième, je trouvais Cyanna, debout au milieu du couloir. Les bras ballants, elle semblait perdue, ses yeux papillonnants sur les murs nus sans parvenir à se fixer. Lorsqu'elle me vit, sa posture se détendit et son regard s'éclaira.

— Où sommes-nous ?

— À toi de me le dire ? lui répondis-je en la rejoignant en deux grandes enjambées, avant de la saisir par le col et de l'entraîner derrière moi dans l'une des pièces vides.

— River ! Qu'est-ce que tu fais ?!

Sans cesser de la fixer, je fermai la porte d'un coup de pied, faisant trembler les murs. S'il y avait quelqu'un dans le coin, au moins, nous serions vite au courant. Depuis que nous avions quitté la salle de stockage, je me sentais mieux de minutes en minutes. Mon esprit, enfin alerte, ne me donnait plus la sensation de baigner dans du coton et j'avais les idées vraiment clair pour la première fois depuis que j'avais pénétré dans cette fichu baraque. Et une chose était sûre, elle me baladait depuis le début.

— Tu es avec eux ?

— Quoi ?! Mais tu sais bien que non ! Pourquoi t'aurais-je aidé dans ce cas ?

— Parce que ça faisait partit du plan, tu me l'as toi-même avoué dans la salle de stockage.

— Je t'ai confirmé qu'ils nous surveillaient, c'est tout, je...

Le rire traversa mes lèvres avant que je n'aie pu le retenir. Ce n'était pas un rire joyeux, loin de là. Il était rempli de cynisme, de rancœur et de colère. Car elle me mentait. C'était d'une telle évidence, que cette dernière brulait dans mon esprit comme un phare dans la nuit. Ma lame fut sur sa gorge en moins d'une demi-seconde, tandis que je nous propulsais contre le mur, lui bloquant toute retraite de mon corps.

— Bon, on arrête de jouer. Tu me dis immédiatement, de quoi il retourne exactement et ce qu'il s'est passé dans cette pièce. Sinon, je te promets que je tue.

Ses beaux yeux verts écarquillés par la peur fixaient les miens, sans que cela ne m'attendrisse le moins du monde.

— Ton numéro de charme ne fonctionne plus, lui balançai-je dans un ricanement mauvais. Il n'y a plus de sort pour m'embrouiller la tête, ici. Tu ne le sens pas ? ajoutai-je en inspirant exagérément pour bien faire passer mon message.

Insurrection- Elémental Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant