Insurrection- Elémental Tome 2

Chapitre 15-1

* Village de Johnson

La discussion fut brève mais constructive et lorsque je raccrochai je me sentais un peu plus légère à défaut d'être complètement rassurée. Les renforts arrivaient. D'un pas décidé, loin de refléter mon état de fatigue, je rejoignis Trevor et me campai devant lui en lui tendant son portable.

— Allons voir votre nièce, lui ordonnai-je en lui tendant ostensiblement son téléphone, qu'il n'avait toujours pas repris.

— Johnson va vous y conduire, il faut...

— Non ! Tant que l'on ne sait pas exactement ce qu'il se passe ici, on ne se sépare plus ! martelai-je d'une voix inflexible, soutenue par les hochements de tête approbatifs de mes camarades.

— Mais l'attaque...

— Blessé ou mort ?

— Mort, mais...

— Alors, il peut attendre, non ? Votre nièce, elle, est toujours bien vivante et je voudrais évaluer la situation avant que les renforts n'arrivent.

— Les renforts ?! Qu'est-ce qui vous donne le droit d'inviter des gens ici sans notre accord ?! s'emporta-t-il soudain en postillonnant.

Je me reculai de quelques pas, plus amusée qu'effrayée par son coup d'éclat. Ce qu'il comprit très bien au rictus moqueur qui étira mes lèvres, ajoutant à sa colère.

— C'est un village ici, donc un lieu publique ! Et si je peux me permettre, vous n'êtes pas vraiment en position de faire la fine bouche. Votre neveu nous a aidé, nous allons vous aider mais...

— Vous avez conscience qu'un seul coup de fil de ma part, ajouta-t-il d'un ton fielleux en m'arrachant l'appareil des mains, et ils seront ici en quelques minutes.

Le déplacement d'air fut certainement la seule chose que perçu Trevor avant qu'il ne se retrouve avec une lame contre la gorge et un métamorphe remonté à bloc contre son dos.

— Oncle Trevor ! cria Johnson d'un ton alliant l'inquiétude à l'énervement.

— Si vous nous menacez encore, ce sera la dernière chose que vous ferez.

La voix de Thomas, dure comme l'acier, était à peine reconnaissable et je vis Trevor déglutir douloureusement, mal à l'aise. Ses yeux écarquillés fixés sur Jude, montrait clairement qu'il n'avait pas bien estimer la menace. Pas que Jude ne soit pas rapide ni létal quand il le souhaitait, bien au contraire, mais Thomas était notre arme secrète. Le gentil ado discret que personne ne remarque, jusqu'à ce qu'on le pousse à bout, et vu le sourire sardonique étirant les lèvres de Jude, c'était tout à fait le résultat désiré.

— Maintenant que les choses ont été mises à plat, dit Jude en s'avançant dans un claquement de langue. Conduisez-nous à votre nièce avant que nous ne perdions patience et ne vous abandonnions à votre sort... et je vous confisque ça, pour votre propre bien, ajouta-t-il avec un demi-sourire en lui reprenant son portable, alors que Thomas relâchait sa prise et s'écartait de quelques pas.

Trevor ouvrit la bouche mais une œillade noire de son neveu, le dissuada efficacement de balancer ce qu'il avait visiblement sur le cœur. Au lieu de quoi, il serra les points, tourna les talons et parti d'une démarche rageuse vers le nord de la petite place. Nous le suivîmes à pas plus mesurés, histoire de ne pas entrer dans son jeu et aussi parce que nous étions fatigués et pas seulement physiquement. Un soupir m'échappa lorsque Johnson se porta à mon niveau dans l'optique évidente de me parler.

— Je suis vraiment désolé pour mon oncle, il ne pensait pas ce qu'il disait...

— Si, il le pensait ! lui assénai-je sans prendre de gants. Comme vous le saviez avant de nous amenez ici. Vous étiez parfaitement conscient des risques pour lui, comme pour nous. Maintenant tout ne dépend plus que de son attitude. Nous avons promis de vous aider vous et votre sœur et nous le ferons dans la mesure de nos moyens, mais il n'y aura pas d'autres avertissements.