Insurrection- Elémental Tome 2

Chapitre 24-1

* Convent de Sabrina Northman

C'était un putain de cauchemar ! Cette phrase tournait et tournait en boucle dans ma tête, me rendant fou et m'empêchant de réfléchir. Le seul bon côté était que j'étais tellement à côté de mes pompes que je ne sentais même plus les aller-retours incessant de l'aiguille dans mon bras. Cyanna venait de me confirmer que toute cette situation était un piège et que nous étions surveillés, mais dans quel but ? Qu'attendaient-ils ? Que cherchaient-ils à provoquer par leur...

C'est alors que mon regard tomba une nouvelle fois sur le kit de perfusion et je cru que mon cœur allait s'arrêter. Non ! Ils ne voulaient quand même pas que nous... Bordel, pourquoi garder un kit de perfusion flambant neuf dans une pièce de stockage désaffecté dans ce cas ?! C'était tellement évident que j'enrageai de n'avoir pas compris avant.

J'enrageai surtout de m'être laisser berner par cette fille ! Une fois ne m'avait pas suffi apparemment, enrageai-je, devant bander toute ma volonté pour ne pas retirer mon bras des mains de cette traitresse. Elle était forcément au courant. La blessure non mortel mais assez grave pour nécessiter points et transfusion. Son hésitation à s'enfuir. Son insistance pour récupérer le corps de Liv ! C'était tellement évident !

La douleur, retorse et insidieuse, que j'étais parvenu à mettre en sourdine depuis la bataille des chutes, revint brusquement et en me faisant payer des intérêts. Tous ces blessés, ces morts, l'impuissance à ne pas avoir pu tous les sauver. Mon inquiétude pour Patience, mes sacrifices pour l'atteindre et lui venir en aide, tout ça pour me rendre compte que la taupe... c'était elle ! Je l'avais tué pour ça. Sous le coup de la trahison et de la rage, même à quatre pour me retenir, ils n'avaient pas pu m'en empêcher. Je revois encore son demi-sourire narquois, puis la surprise quand mes mains avaient enserré sa gorge, la peur, puis la supplication et enfin la vie qui désertait ses yeux. Elle m'avait fait tomber sous son charme pour mieux me manipuler et jusqu'à la fin, elle m'avait pris pour un faible. Elle ne m'en avait pas cru capable et elle avait eu tort.

La même rage coulait dans mes veines à l'instant. La même fureur, le même sentiment de trahison, pourtant une part de moi lui cherchait des excuses. Essayait de trouver le moindre petit indice pouvant justifier ses actes. Certainement parce que j'avais vu trop de morts, tuer trop de gens, même si c'était pour en défendre d'autres. Pourquoi m'étais-je senti instantanément proche de cette femme ? Était-ce pour combler un manque ? Parce que j'avais désespérément besoin d'alliés, à moins que... C'était sûrement encore un de leur fichu sort ! Si leur but ultime était bien celui que je croyais, il fallait que nous soyons proche. Il fallait que je baisse ma garde.

— J'ai fini, murmura-t-elle, me tirant de mes sombres ruminations.

Je ramenai mon bras vers moi, sentant le tiraillement des points de suture lorsque je le repliai précautionneusement contre mon torse. Comment faire maintenant pour ne pas attirer leur attention ? Il ne devait pas comprendre qu'ils étaient démasqués. Je devais glaner des informations auprès de Cyanna, sans qu'ils puissent entendre et sans qu'ils se sentent obliger d'intervenir. Seulement deux solutions me venaient à l'esprit, l'une beaucoup plus agressive que l'autre, alors que Magnus continuait à taper rythmiquement sur le battant, polluant mes pensées.

Ma main valide effleura le manche de mon arme tandis que je regardai la jeune louve nettoyer et ranger son matériel, à l'exception du kit de transfusion et je sus que j'avais raison.

— Pourquoi vous faites ça ?

— Pourquoi je fais quoi ?

— Nettoyer... ce n'est pas comme si vous étiez susceptible de vous en resservir, ou si nous étions sensible aux infections !