Chapitre 16-1

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* Refuge inconnu

Même si j'avais l'habitude des refuges, j'avoue que c'était la première fois que j'en voyais un comme ça ! D'ordinaire, c'étaient de vieilles cabanes, des immeubles abandonnés ou des bâtiments désaffectés. Des endroits faciles à dissimulés et qui n'attiraient pas une attention malvenue sur la propension des gens à l'éviter. Mais ce que j'avais devant les yeux... Waouh !

Nous étions garée sur un espace gravillonné d'où partait une allée divisant en deux un magnifique jardin. Herbe verdoyante, fleurs multicolores, cela semblait tellement parfait que ça en était presque irréel. Mais le plus époustouflant, était le manoir gothique s'élevant à l'arrière de cet écrin végétal, tel un gardien assoupi mais vigilant.

L'air embaumait la lavande et une abeille frôla même mon oreille lorsque je sortis de la voiture. Tous les autres, à l'exception de Liv, me suivirent bouche-bée, contemplant le paysage surréaliste comme s'ils n'en croyaient pas leurs yeux.

— Où sommes-nous ? demanda Carla d'une voix moins chevrotante, les yeux rivés sur un buisson d'hortensia.

— Dans un refuge, commençai-je avant de m'interrompre, à présent plus dérangé qu'émerveillé par l'atmosphère étrange du lieu.

— Vous n'avez pas l'air très sûr de vous...

— Ethan ça suffit ! souffla son père, après avoir jeté un coup d'œil à mes poings serrés. Que fait-on maintenant ? me demanda-t-il dans l'expectative, reculant même d'un pas lorsque je pivotai vers lui.

Je ne lui voulais aucun mal, mais la douleur, l'épuisement et le malaise de plus en plus croissant qui me raidissait les épaules et me hérissait les poils de la nuque, ne faisait rien pour arranger mon caractère et l'aura que je devais projeter autour de moi. Sans un mot, je m'approchai à pas lent de la voiture, de plus en plus gêné par ma blessure au côté. Après avoir jeté un bref coup d'œil à Liv et m'être assuré qu'elle avait aussi bien que c'était possible, je me dirigeai vers le coffre.

La main sur le mécanisme d'ouverture, j'hésitai une fraction de seconde. Avais-je bien fait de l'amener ici avec nous ? Sur le moment cela m'avait semblé la chose à faire, mais à présent... je n'en étais plus si sûr. Et si elle m'attaquait, à peine le coffre ouvert ? Si elle s'en prenait à Georges et à sa famille ? C'était peut-être un piège... Assailli par mes doute, mon esprit tournait en boucle, ne me laissant pas une seconde de répit. Las de tergiverser, je bloquai mes pensées parasites et avant de changer encore d'avis, activai le mécanisme.

Le haillon se souleva sans un bruit et c'est, les muscles bandés et l'arme au poing, que je jetai un regard prudent à l'intérieur du coffre. Le jeune femme gisait là, exactement dans la même position qu'avant notre départ, ne semblant pas avoir bougé d'un pouce. Sa poitrine se soulevait lentement et de façon régulière, m'apprenant qu'elle dormait. Une mèche de cheveux sales et emmêlés lui barrait le visage, bougeant à chacune de ses expirations et me donnant envie de l'écarter d'un simple geste de la main. Pourtant je n'en fis rien et me contentai de m'éloigner tout en dissimulant de nouveau mon arme à l'arrière de mon pantalon.

— Elle est toujours inconsciente. Sortez-là du coffre, installez-là confortablement et si elle se réveille, quoi qu'il se passe ou quoi qu'elle vous dise, ne vous approchez pas d'elle, ordonnai-je à Georges en m'éloignant.

— Quoi ?! Vous voulez dire qu'elle est dangereuse ?! Mais où allez-vous ?

Je grimaçai, à l'entente de la première question. C'était de ma faute, j'aurais mieux fait de me taire, mais ne rien leur dire m'aurait pesé sur la conscience si par malheur elle se réveillait dans de mauvaises dispositions.

Insurrection- Elémental Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant