Chapitre 8-2

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Malgré toutes mes interrogations et l'angoisse sourde de me trouver, vulnérable, dans un endroit inconnu, je m'endormi aussitôt la dernière miette avalée. A mon réveil, un nouveau plateau m'attendait, posé sur une petite desserte qui n'était pas là la dernière fois et une femme était installée dans le fauteuil, emmitouflée dans un plaid. Voyant que j'étais réveillé elle se redressa. Le livre, posé sur ses genoux, glissa et tomba sur le paquet avec un bruit mat, la faisant sursauter.

— Vous vous sentez mieux ? me demanda-t-elle gentiment, son calme démentit par l'agitation de ses mains, qu'elle frottait l'une contre l'autre sans même sans rendre compte.

— Oui, un peu, répondis-je d'une voix rauque, digne d'un fumeur invétéré.

Une quinte de toux arriva sans prévenir, me déchirant les poumons et m'empêchant de reprendre ma respiration. Une douleur écrasante me traversa la poitrine, me laissant pantelant. Maladroitement j'attrapai la serviette en papier posée sur le plateau, la maculant de mucus rougeâtre, avant de la chiffonner et de boire une gorgée d'eau qui me fit un bien fou.

— Vous êtes sûr que ça va ? me demanda la femme d'une voix inquiète, à présent debout, les bras ballants et ne sachant visiblement pas quoi faire.

— Vous êtes Phoebe ? demandai-je, pour ne pas avoir à répondre à sa question.

— Vous... vous connaissez mon prénom ? s'étonna-t-elle après avoir acquiescer d'un bref signe de tête.

— J'étais peut-être complètement à l'ouest la nuit dernière mais mes oreilles fonctionnaient encore, lui dis-je avec un petit sourire. Vous cuisinez très bien.

— Merci, me répondit-elle gênée en se dandinant d'un pied sur l'autre.

— Je suis désolé si je vous ai effrayé la nuit dernière mais comme l'a dit votre mari, je n'étais plus vraiment moi-même. Si cela se reproduit à nouveau, avec moi ou avec un autre... non-humain, comme on nous appelle maintenant, fuyez, d'accord ?!

Une nouvelle quinte de toux ponctua mon avertissement et cette fois elle n'hésita pas et fut à mon chevet, un mouchoir à la main, avant que je n'aie le temps de l'arrêter.

— Je vais chercher mon mari, dit-elle quelques secondes plus tard alors que je peinais à reprendre mon souffle, une nouvelle tâche écarlate souillant le papier blanc.

— Pas la peine, ça va passer.

— C'est pour ce genre de chose qu'il m'avait demander de veiller sur vous, me dit-elle d'un ton plus assuré en tournant les talons.

Faible et nauséeux, je pris une nouvelle gorgée d'eau avant de reposer le verre d'une main tremblante. Après plus d'une journée de repos, je n'aurais pas dû me sentir si mal. J'avais même l'impression que mon état avait empiré depuis mon dernier réveil. Mon estomac grondait pourtant, les tartines, la confiture et le bol de salade de fruit, posés sur le plateau me rebutaient plus qu'ils ne m'attiraient. La douleur dans ma poitrine ne cessait d'augmenter. Un vertige me saisit faisant tournoyer les murs de la pièce. A bout de force, je reposais la tête sur l'oreiller, pile au moment où le couple revenait dans la chambre.

L'homme (qui s'appelait Robert, cela me revenait maintenant), posa son regard sur moi et m'examina rapidement, avant de se retourner vers sa femme, la mine lugubre.

— Va me chercher la trousse de secours, s'il te plait... et appelle Mike.

— Tu es sûr ?!

— Oui, là ça dépasse mes compétences.

Comprenant où il voulait en venir, j'essayai de me redresser mais ne parvins qu'à retomber lourdement sur le matelas, sans avoir pu prononcer un seul mot.

Insurrection- Elémental Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant