Chapitre 12-1

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*Sur la propriété de Robert et Phoebe.

J'étais à mi-chemin du couloir quand la porte d'entrée s'ouvrit à la volée. Déjà en position semi-accroupie, le couteau de table à la main, c'est incrédule que je vis Mike le médecin franchir le seuil, les yeux exorbités et le souffle court.

— Ils savent que vous êtes là ! dit-il à la cantonade, presque plus paniqué que moi.

— On sait, il allait partir...

— C'est trop tard ! Je suis passé par derrière avec mon 4x4, mais ils seront là d'une minutes à l'autre.

— Je vais passer par les bois...

— Vous ne croyez pas qu'ils s'en doutent ?! réagit aussitôt Robert en me coupant la parole sous le coup du stress. Il vous faut longtemps pour changer ?

Un grand blanc succéda à la frénésie verbale et tous les regards convergèrent vers Robert plus que vers moi. Sans doute un effet de sa question posée avec un naturel déconcertant, même pour moi.

— Si l'estimation de Mike est correcte, dans mon état actuel, beaucoup trop, répondis-je sincèrement me sentant piégé comme un rat.

Les bruits de plusieurs véhicules roulants à tombeau ouvert sur la route défoncée me mirent en mouvement sans réfléchir, même si à cette distance, j'étais sans doute encore le seul à les entendre. Déterminé à sortir de la maison, j'ouvris la porte de ma chambre et à mi-chemin de la fenêtre, la voix de Phoebe qui m'avait suivi, m'arrêta.

— Rob, tu crois que le grenier... ?

— On n'a pas le temps d'aller chercher l'échelle...

Un aboiement, puis un second retentirent à l'arrière de la maison, me glaçant jusqu'à l'os. S'ils avaient déjà lâché les chiens dans les bois, j'étais foutu.

— C'est quoi cette histoire de grenier et d'échelle ? demandai-je avec l'énergie du désespoir.

D'un signe de tête, Robert me désigna une trappe presque invisible dans le plafond du couloir.

— Nous sommes en train de faire aménager les combles mais pour l'instant nous n'avons pas de moyen d'y accéder sans échelle et même comme ça, c'est difficile.

— Si vous pouvez ouvrir la trappe à distance, pas besoin d'échelle, lui affirmai-je d'une voix pressante.

Il ne perdit pas de temps à me répondre et malgré son air surpris parti, au pas de courses, ouvrir le placard du couloir. Il en revint presque aussitôt un grand bâton terminé par un crochet à la main. Avec la dextérité de l'habitude, il accrocha le bord de la trappe et l'ouvrit en une demi seconde. D'un seul saut, je bondis vers l'ouverture et m'accrochai à la bordure irrégulière sans effort. J'étais en train de me hisser à l'intérieur lorsque les premiers tambourinements et appels agressifs retentirent. De ma main droite j'attrapai la gaffe et m'en servit pour remonter la trappe. Le souffle court et le bâton toujours à la main, je laissai mes yeux s'habituer à la pénombre.

Le grenier tenait en une seule et unique pièce, aveugle et non isolée, couvrant les trois quart de la maison. De la laine de verre et des plaques de placo, entassés sur la gauche, attendaient la suite des travaux et des outils jonchaient le sol qui venait, à l'évidence, tout juste d'être posé. Une lumière chiche sourdait du toit où quelques tuiles mal ajustées laissaient filtrer la luminosité blafarde de l'extérieur.

Le raffut devant la porte d'entrée ne faiblissait pas et des menaces commençaient même à retentirent. Instinctivement, je suivis les pas précipités de Robert et de sa famille jusqu'à me retrouver devant un mur. C'est au moment où j'entendis la porte s'ouvrir que je remarquai, à hauteur d'épaule, un trou ayant traversé la cloison. Fébrile, je posai le bâton que je tenais toujours en main et le visage collé au mur, essayait d'apercevoir ce qui se passait en contrebas.

Insurrection- Elémental Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant