Insurrection- Elémental Tome 2

Chapitre 22-1

*Convent de Sabrina Northman

Les jambes flageolantes et la tête lourde, je me laisse entrainer vers la porte dans un état second. Liv est morte. Malgré tous mes efforts, je n'ai pas pu la protéger. Comme Jack, le père de Jude, ou même tous les autres métamorphes tués lors de l'explosion. Nos dirigeants ont beau prôner et chercher une solution pacifique, les humains ne s'arrêteront pas. Ils sont avides. Avides de s'approprier nos pouvoir, de faire de nous des armes. Mais surtout, ils ont peur. Peur d'échouer, peur de perdre leur sacro-sainte supériorité. Et quand les humains ont peur de quelque chose... ils le détruisent. Nous ne sommes peut-être pas encore prêt à nous l'avouer, mais nous sommes déjà en guerre. Et il est plus que temps que les humains comprennent réellement à qui ils ont affaire et qu'ils n'ont pas le monopole de la cruauté.

La louve lâcha les clefs qui tombèrent dans un tintement sonore, m'arrachant à la spirale de dégout et de haine tournoyant comme du poison dans mon esprit. Elle me lâcha quelques secondes pour les ramasser et dû s'y reprendre à deux fois pour parvenir à glisser la clef dans la serrure tellement ses mains tremblaient.

— Attend ! l'arrêtai-je, alors qu'elle allait ouvrir la porte. Il y a peut-être quelqu'un dans le couloir, j'ajoute en sortant la dague de l'arrière de mon pantalon, avant de me plaquer contre le mur.

Rien que ce petit geste me laissa essoufflé et au bord de la syncope. J'espérai vraiment qu'il n'y aurait personne dans ce fichu couloir car je ne voyais pas vraiment comment nous pourrions nous en sortir dans le cas contraire. La rage c'était bien mais cela ne remplaçait pas deux bras fonctionnels et douze bonnes heures de sommeil. Lorsque je fus aussi prêt que je pouvais l'être, je lui fis un bref signe de tête. Elle poussa le battant d'un geste énergique qui l'envoya butter contre le chambranle avant de s'avancer rapidement, jetant un bref coup d'œil de chaque côté.

— C'est vide, m'apprit-elle d'un timbre sans émotion, en me tendant la main pour que je la rejoigne.

Je me décollai du mur en m'aidant de mon bras valide mais ce simple geste me demanda beaucoup plus d'effort que cela n'aurait dû, même dans mon état. Je devais me ressaisir. C'était déjà un petit miracle en soi, que nous ne soyons pas encerclés d'une armée de sorcière... un vertige me saisit et Cyanna m'attrapa le poignet pour me stabiliser.

— Votre bras, dit-elle simplement.

Du sang goutait de nouveau du bout de mes doigts en ploc ploc sonore sur le carrelage déjà sali.

— Le garrot a dû se desserrer, articulai-je la bouche pâteuse, me retrouvant soudain assis sur le sol sans comprendre ce qu'il m'arrivait.

Cyanna sembla soudain retrouver tous ses esprits et s'accroupie brusquement pour être à mon niveau, ses mains déjà en action. Elle désentortilla le morceau de soie souillée qui pendouillait inutile sur le haut de mon biceps. S'en saisit, le plia en deux et le plaça de nouveau au-dessus de ma blessure. Lorsqu'elle serra je dû mordre mon poing pour ne pas hurler, tellement la douleur m'électrisa tous le corps.

— ça va arrêter l'hémorragie, mais ce n'est que temporaire.

— Vous êtes médecin ? lui demandai-je, ne pouvant m'empêcher de grimacer un sourire aux souvenirs de Cooper, le seul autre loup-garou que je connaissais, lui aussi médecin.

— Pas du tout, je suis... j'étais secouriste, se reprit-elle avant de se relever en m'entrainant avec elle d'une poigne ferme.

Elle avait soudain l'air beaucoup plus sûre d'elle-même alors qu'elle vérifiait une nouvelle fois le garrot, vérifiant que le mouvement ne l'avait pas à nouveau déloger.