Mia
Ce que je fais là ? Vaste question à laquelle je ne suis même pas sûre d'avoir la réponse... Malgré tout son regard fixé dans le mien me fait comprendre qu'il compte bien avoir une réponse.
— La curiosité je crois, puis tu voulais jouer il parait, te voilà servi.
Un sourire en coin apparait sur son visage comme s'il pensait à quelque chose de drôle mais il ne me répond rien si bien que j'en profite pour le détailler un peu plus. La lumière n'est pas optimale et ses yeux sombres doivent en réalité tirer sur le marron, sa mâchoire légèrement carrée est encadrée par quelques mèches de cheveux bruns, ils ne sont pas totalement mi-long, mais s'en rapproche dangereusement. Comme s'il avait attendu que je finisse mon inspection c'est le moment qu'il choisit pour retirer son haut afin d'examiner la blessure dont continuer de couler un peu de sang. Comme pour lui-même il lâche :
— Putain, j'ai vraiment eu de la chance sur ce coup là, et comme s'il se rappelait soudainement de ma présence il relève la tête pour me regarde et me demander, tu peux me passer le tube de colle qui est dans le tiroir du milieu ? La commode est derrière toi.
— De la colle ? Mais ça va pas ?! Il faut désinfecter et il te faut des points de suture, vas à l'hôpital.
Il ricane pendant quelques secondes avant de reprendre en soupirant :
— Déformation professionnelle c'est ça ? Je n'irais pas aux urgences, je n'ai pas envie de répondre à des questions inutiles et la colle jouera remplacera parfaitement des points de suture, pour peu que je ne me vide pas de mon sang pendant que mademoiselle se décide sur comment agir.
Je scrute la plaie d'un œil critique et devant son air inflexible je finis par me résigner à farfouiller dans le tiroir désigné pour trouver l'objet tant convoité. Il me l'arrache presque des mains comme s'il avait hâte d'en finir et ce n'est qu'une fois qu'il a appliqué le liquide transparent sur son pectoral tatoué et qu'il va faire de même avec son avant-bras que je trouve le courage de demander :
— Comment tu t'appelles au fait ? Je n'ai réussi à entendre le charabia de ce qui devait être l'arbitre avec tout le bruit.
— Parce que ça t'intéresse ?
Je retiens de justesse un soupir et prends quelques secondes pour réfléchir, j'aimerais m'en ficher éperdument mais ça me paraît injuste que lui sache tant de choses sur moi alors que moi je ne sais rien si bien que je lui réponds :
— Disons que tu n'as pas l'air de vouloir me lâcher donc autant que je sache comment t'appeler, ça simplifierais les choses.
— Moi je ne veux pas te lâcher ? Me répond-t-il en rigolant.
Il rit tellement que sa main qui tenait le tube de colle tremble et que cette dernière bave largement en dehors de la plaie. Il prends le temps de se calmer et d'essuyer ses bêtises avant de reprendre :
— C'est plutôt toi. Tu ne veux tellement pas me lâcher qu'en une soirée tu as accomplit l'exploit de me suivre à deux reprises, en venant au club tout d'abord puis finalement en venant me rejoindre dans mon espace.
J'encaisse la phrase sans rien trouvé à répondre, il a raison sur toute la ligne, la curiosité m'a poussé à faire n'importe quoi. Je me retrouve dans l'un des quartiers les plus pourris de la ville, sans même être certaine que je pourrais rentrer par moi-même. Frustrée d'avoir été si stupide et malgré l'inquiétude qui commence à se loger dans mon ventre à l'idée de retrouver l'extérieur je tourne les talons désireuse de ne pas me donner encore un peu plus en spectacle. C'est à ce moment là qu'il reprends d'un ton quelque peu désolé :
— Malo. Tu peux m'appeler Malo.
Je m'arrête dans l'encadrement de la porte branlante et me retourne pour lui lancer un regard de remerciement. J'hésite quelques secondes sur la conduite à venir pour la suite, sa voix semble montrer qu'il est soudainement plus enclin à discuter mais la frustration est toujours là si bien que je fini par lâcher froidement :
— Et bien soigne toi bien et passe une bonne soirée, j'espère qu'on n'aura pas l'occasion de se recroiser.
Et je fais cette fois-ci demi-tour sans un regard en arrière. Je m'arrête seulement quand j'arrive dans le hall de l'immeuble, les deux hommes qui montaient la garde son toujours là mais m'ignorent superbement si bien que je prends le temps d'inspirer une grande goulée d'air avant de sortir mon téléphone pour en ouvrir le GPS. Je mémorise l'itinéraire qui devrait me permettre de regagner le centre-ville avant de ranger mon portable avec soin pour éviter la tentation qu'on me le vole.
Ce n'est qu'après vingt longes minutes de marche que je parviens enfin à regagner le cœur de la ville puis mon appartement. Lorsque j'y arrive je m'empresse de passer mes vêtements de nuit avant de me laisser tomber dans mon lit. Quelle journée... Elle repasse en boucle dans ma tête tandis que j'essaie de trouver un sens à tout ça. La mise en garde de cette nuit puis l'étrange rencontre avec Malo ce matin à l'église et enfin ce soir. Mais c'était quoi cet endroit sordide ? Et surtout qu'est-ce que je suis censée faire de toutes ces informations ?
Lassée de n'y trouver aucun sens le sommeil a visiblement fini par m'emporter puisque ce sont de grands rayons de soleil qui me font ouvrir les yeux. Encore mal réveillée, je tâtonne pour trouver mon téléphone sur la table de nuit avant de soudainement parfaitement reprendre connaissance lorsque j'avise qu'il est quasiment dix heures, qu'on est vendredi et que j'avais un TD ce matin à neuf heures. Dépitée par mon absence ce n'est qu'une fois devant mon traditionnel bol de céréales que je prends conscience d'un fait particulièrement perturbant. Je n'ai pas une seule bribe de rêve de la nuit passée. Rien du tout, le néant absolu. Et ça pourrait être une bonne nouvelle ça ne faisait pas des mois et des mois que je rêvais de ça. Cette absence qui coïncide pile avec ma rencontre avec Malo ne me dit rien qui vaille.
Ce n'est que le contact de l'eau tiède de ma douche qui me force à être un peu plus cartésienne. Les rêves sont par natures inexplicables et incontrôlables, ce n'est pas la peine que j'y cherche un sens, surtout que rien me dit qu'ils ne reviendront pas. Au final je l'ai remarqué uniquement parce que c'était surprenant comme c'est le cas pour toute les coïncidences, on remarque l'étrangeté de la chose à cause du contexte mais en soit il n'y a rien d'extraordinaire. C'est forte de ces conclusions que je sors de ma petite cabine de douche pour aller m'habiller. C'est mort pour les cours ce matin mais je peux toujours réviser si bien que je me pose avec un peu de musique sur mon ordinateur pour relire mes derniers cours en prévision des partiels qui arrivent à grands pas.
Ce n'est qu'après une bonne heure de révision que je m'octroie une pause pour consulter mon portable que j'avais laissé sur la table de chevet. Avec surprise je découvre un message d'un numéro inconnu qui me demande si je suis bien rentrée hier soir. Etant donné que personne hormis Malo ne sait où j'étais hier soir j'en conclus que c'est lui. Je lui réponds brièvement que oui tout en demandant une confirmation de son identité. La réponse ne se fait pas attendre et s'il ignore royalement ma question il propose de se voir en fin d'après-midi, dans un endroit, plus descend, pour reprendre ses mots. La raison me dicte de refuser, il a trop de zones floues puis après tout comme il a eu mon numéro ? Il semble savoir tellement de choses sur moi que ça en devient particulièrement inquiétant. Malgré tout la curiosité est plus forte, si bien que je me contente de lui demander l'heure et l'adresse.
Lorsque Malo me répond je ne peux m'empêcher de taper l'adresse sur internet afin de visualiser le lieu de notre future rencontre, avec surprise je découvre un restaurant. Je m'attendais plus à un bar pour prendre un verre mais pourquoi pas après tout, il est vrai que ça me changera d'hier soir. Vu que l'endroit semble classe je décide d'abandonner mon jean et mon t-shirt au profit d'une robe et je prends même la peine de me maquiller un peu, uniquement pour mon plaisir.
Après avoir examiné le lieu de notre rendez-vous j'ai tenté tant bien que mal de me replonger dans mes révisions mais j'ai passé plus de temps à vérifier un éventuel message sur mon téléphone qu'à bien assimiler comment réparer la fantastique machine qu'est le corps humain. L'après-midi de cours n'a pas été beaucoup mieux et c'est avec hâte et sans me joindre à ma promo que je quitte l'amphi, beaucoup trop curieuse de voir ce que la soirée va me réserver.

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Batailles
ÜbernatürlichesMia une jeune adulte, suit une vie relativement insouciante qui se ternit lorsque ses rêves deviennent étrangement troublants et que peu de temps après elle fait la rencontre de Malo. Entre rêves étranges, désirs ardents, sombre prophétie et menaces...