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Mia

J'avais encore des dizaines, si ce n'est des centaines de questions mais je me suis résolue à laisser Malo tranquille, il commençait à être particulièrement tard pour moi et la fatigue ajoutée aux nombreuses émotions de la journée ont eu raison de moi.

Lorsque je me lève le lendemain matin après avoir fait mes ablutions d'usage ainsi qu'avoir pris un petit déjeuner je me précipite sur mon ordinateur pour reprendre mes recherches initiées hier soir. J'avais commencé par parcourir de rapides résumés de la Bible afin de m'assurer que mes connaissances principales sont bien à jour avant de tomber sur le livre d'Enoch. Bien qu'apparemment le texte soit apocryphe, il est réputé pour mentionner les nephilims noyés dans le déluge dont Bella m'a parlé, je l'ai donc commandé et j'attends avec hâte de le recevoir.

Cependant ce matin c'est un autre sujet que les nephilims qui a aiguisé ma curiosité si bien que je me suis retrouvée à taper le nom de Malo dans la barre de recherche. Evidement le manque de précision fait que rien de réellement pertinent n'en ai ressorti. Malgré tout, désireuse de ne pas m'avouer si facilement vaincue j'ai décidée de m'intéresser aux hiérarchies, démoniaque tout d'abord puis angélique. Sans surprise la dernière est beaucoup plus calme que la première. Visiblement les démons semblent constamment se battre entre eux pour grapiller des parcelles de pouvoir.

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La semaine est passée à la fois rapidement et lentement. Rapidement car entre les cours et les révisions j'ai été bien occupée mais aussi terriblement lentement car si comme je m'y attendais je n'ai pas eu de nouvelles de Bella, je n'en ai pas eu non plus de Malo et je n'ai pas osé envoyer de message, ne trouvant rien de pertinent à dire ou de prétexte pour le revoir. C'est un peu comme si ces deniers jours n'étaient qu'un long rêve ou que mon imagination avait déraillé. En réalité même mes songes sont devenus terriblement banal, plus de combat épique contre des créatures indescriptibles.

J'ai cependant décidé qu'aujourd'hui serait différent, nous sommes samedi soir et j'ai une idée derrière la tête. Bon, je le concède volontiers, c'est une idée hasardeuse, très hasardeuse même, mais j'ai envie de parier dessus. Lorsque je sors de la douche je m'habille d'un jean noir et j'enfile un t-shirt de la même couleur avant d'attacher mes cheveux en queue de cheval. Le but n'étant pas d'être la plus jolie possible mais d'être discrète.

Lorsque je me met en route j'espère très fort que ma mémoire ne me trahisse pas et que je parviennes à retrouver mon chemin dans le dédale de rues et ruelles dont fourmille la ville. Malgré quelques hésitations par moment je pousse un soupir de soulagement quand je me retrouve devant l'immeuble où ma filature de Malo m'avait mené. C'est stupide d'espérer qu'il soit là mais la tentation de le revoir, de pouvoir peut-être en savoir un peu plus sur ma mère, toutes ces émotions sont trop fortes. Un autre problème de taille se pose également, la dernière fois j'avais pu rentrer grâce à l'intervention de Malo mais rien ne me garantit cette fois de pouvoir passer.

Ignorant mes craintes, mes jambes qui s'étaient arrêtées devant le bâtiment se remettent en mouvement pour rentrer. Je reconnais sans peine les deux gars de la dernière fois car l'un d'eux avait une large balafre sur le visage. Calquant mon attitude sur celle de Malo je me contente de m'avancer et de les saluer d'un signe de tête en priant tous les dieux possibles pour qu'ils se contentent de me laisser le champs libre.

Visiblement mes prières ont fonctionnées puisqu'ils me rendent mon salut avant de s'écarter. Je passe d'un pas que j'essaie le plus assuré possible avant de rejoindre la vaste salle aménagée en club. Comme la dernière fois l'endroit est bruyant et une foule relativement compacte est présente. Un combat fait rage dans la cage au vu des cris des parieurs et alors que j'essaie de m'approcher pour savoir si Malo est parmi les deux combattant mon portable vibre pour m'indiquer la réception d'un message. Je ne peux m'empresser de le sortir et mon cœur fait un bond lorsque je découvre que l'expéditeur n'est autre que Malo.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

J'arque un sourcil, curieuse, tout en le cherchant du regard autour de moi. Est-ce qu'il est là et me voit ou est-ce l'un des types de l'entrée qui l'a prévenu ? Ne sachant pas quelle réponse est la bonne et me voyant mal lui répondre que je suis venue jusqu'ici rien que pour lui je range mon portable dans ma poche et reprends mes recherche dans la foule.

Après une bonne heure à scruter les gens présent dans la salle je dois me rendre à l'évidence, il n'est pas là, ou en tout cas je ne l'ai pas trouvé. Pour me consoler je décide d'aller prendre un verre au bar que j'ai aperçu lors de mes recherches. Alors que je sirote tranquillement ma bière une main se pose contre mon épaule, je me retourne pleine d'espoir avant de pousser un soupir de déception. Ce n'est pas Malo mais un autre type, il semble avoir mon âge et ses yeux bleus accrochent la lumière de la salle. Il me sourit avant de me proposer :

— Je peux t'offrir ton verre ?

Je le fixe pendant une demi-seconde avant d'accepter sa proposition. Il est plutôt craquant et au vu des derniers jours que j'ai passé un peu de compagnie devrait me faire du bien. Non pas que je n'aime pas ma solitude, au contraire, j'ai toujours eu le sentiment d'être à part, en marge du monde, ou même différente. Les mots de Bella et Malo sont sans doute une explication probable à ces sentiments maintenant que je le sais. Mais de ce fait j'ai toujours eu tendance à éviter de me lier aux gens, je n'ai pas de réelles amies, je n'ai même jamais eu de réelles relations amoureuses, c'est plus simple pour moi de voir les gens sans aucuns sentiments, comme si malgré moi j'évitais toute prise de risque ou que j'anesthésiais mes sentiments.

Visiblement lorsque les combats de la soirée sont terminés l'ambiance du lieu change et il se transforme un peu plus en club, les cris des parieurs sont notamment remplacé par de la musique électro. C'est à ce moment que l'homme avec qui je discute depuis trois verres environ me propose d'aller danser. L'esprit quelque peu embrumé par les verres offerts l'idée me semble bonne et je m'empresse d'accepter. Alors que mon corps se déhanche au rythme de la musique, mon charmant inconnu fait de même tout en effleurant régulièrement mon corps. Je n'arrive pas à discerner si c'est volontaire ou pas mais ce n'est pas désagréable et j'ai rapidement envie de plus si bien que je me retrouve à danser coller contre lui, mon corps se frottant contre le sien. Mon cœur semble pulser au rythme des basses installés dans la salle et il rate un battement lorsque mon téléphone vibre. J'essaie pendant quelques minutes de l'ignorer mais la tentation est trop forte si bien que je finis par découvrir un nouveau message de Malo :

« Tu es vraiment obscène à te frotter comme ça, comme une petite chatte en manque, tu devrais arrêter... »

Le message me dégrise instantanément et je m'éloigne de quelques pas tout en scrutant la foule. Aucun doute, il est là, mais où ? Et surtout est-ce de la jalousie qui filtre de ses mots ? L'inconnu dont je n'ai pas retenu le prénom comble la distance qui nous sépare tout en me demandant :

— Tout va bien ?

J'hésite quelques secondes entre suivre la recommandation de Malo, tout arrêter et rentre sagement chez moi ou au contraire la provoquer. Et je ne peux m'empêcher que l'idée de provoquer un démon est sacrément amusante si bien que j'adresse un sourire éblouissant à ma conquête du soir avant de lui répondre :

— Excuse-moi, un message m'a distrait mais ça va. On continue de danser ?

Il hoche la tête et s'empresse de m'attirer contre lui tandis que nos corps bougent sur la musique qui me parait soudainement un peu plus forte. Le temps passe doucement et avec une certaine surprise je découvre qu'en plus d'être un excellent danseur ma compagnie du soir sait tenir une conversation agréable. Ce n'est qu'après on se soit échangé un léger baiser et qu'il me propose d'aller rechercher des verres au bar. Etant seule pour ces quelques minutes j'en profite pour consulter mon portable et découvrir deux nouveaux SMS envoyé à une dizaine de minutes d'intervalle :

« Si tu n'arrêtes pas de toi-même je vais devoir m'en occuper. »

« Bordel Mia. J'arrive. »

A la lecture du dernier message je ne peux empêcher mon corps de frissonner. Malo a l'air d'être d'une humeur massacrante même si j'ai du mal à en comprendre pleinement la raison. Et le fait qu'il arrive ne me dit rien qui vaille. Malgré tout j'arbore un large sourire, je voulais le revoir, je vais visiblement être servie.


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