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Malo

Après que j'ai tourné les clé dans la porte et récupéré les sacs de courses que j'avais posé sur le palier j'ai la surprise de trouver l'appartement étrangement calme, pas un bruit ne trouble le silence. Je m'attendais à ce que Mia soit déjà debout mais les événements de la veille l'ont peut-être secoué davantage que je ne l'aurais cru.

Je prends la peine de ranger les provisions tout en réfléchissant au fait de la réveiller ou pas lorsque finalement je me résous à toquer à la porte de la chambre il est un peu plus de quinze heures. Face au silence qui me répond je me résous à entre ouvrir la porte de la chambre et c'est avec une certaine surprise que je la découvre vide. Je fais le tour de la pièce à la recherche d'une hypothétique réponse, Mia a commencé à déballer ses affaires donc j'imagine qu'elle ne comptais pas retourner chez elle.

Quand je retourne dans le salon j'avise ma note qui a disparu, sans doute l'a-t-elle lu, ainsi qu'un verre dans l'évier. Je laisse mon corps qui me paraît soudainement lourd tomber en arrière dans le canapé tout en réfléchissant à l'absence de Mia. Je l'imagine mal sortir puisqu'elle n'a pas de clé pour rentrer et je sais qu'elle est assez peu friande du quartier. Ce n'est qu'en gesticulant à la recherche d'une position plus confortable que mon portable se rappelle à mon bon souvenir. Non pas que j'ai du mal à me servir de la technologie, c'est juste que je dois commencer à être trop vieux pour y penser en premier réflexe. Toujours est-il que je m'empresse de sélectionner le contact de Mia pour l'appeler. Je tombe immédiatement sur la boite vocale. Voilà qui obscurcit un peu plus son absence. J'ai une confiance absolue en mon appartement, les anges n'ont pas pu s'y glisser par contre...

Cette pensée me tord le ventre et je m'empresse de sortir de chez moi pour appeler l'ascenseur afin de rejoindre le hall. Comme d'habitude les deux gars qui surveille l'accès au club sont là à monter la garde et à dissuader les curieux de chercher trop loin. Je les hèle avant de leur demander s'ils ont vu Mia. Le premier secoue négativement la tête tandis que le second hésite, assez pour que ce soit suspect. Je m'approche de lui tandis que ce dernier se redresse de sa chaise. L'air devient soudainement électrique tandis que je repose une nouvelle fois d'une voix froide ma question tout en décrivant Mia. Un soupçon de panique passe dans les yeux du guetteur tandis que je franchis l'ultime distance qui nous séparait, nos torses s'effleurent presque mais l'homme reste obstinément muet.

— Tes yeux parlent pour toi. Soit tu me dis ce que tu sais, soit je brise tes os un à un, vu le nombre qu'il y a dans un corps humain ça risque d'être long et relativement douloureux.

Il rive ses yeux dans les miens en cherchant à savoir si je suis sérieux ou pas, du coin de l'œil il regarde son pote qui peu désireux de s'attirer des ennuis à choisi de fixer un point imaginaire tout en restant sagement assit. Trouvant que les choses commencent à trainer en longueur je me saisis prestement de sa main droite et dans un geste adroit je brise l'un de ses doigts. Il gémit aussitôt de douleur et cherche à se dérober de ma poigne tandis que j'enchaîne avec un second doigt. J'allais saisir le majeur lorsqu'il m'annonce :

— Ok, je vais te dire...

Je ne résiste pas à la tentation de plonger vers son oreille pour y murmurer :

— Déjà ? Je n'ai même pas eu le temps de vraiment m'amuser.

Ses yeux terrifiés fuient les miens tandis qu'il m'explique :

— Ta copine est parti avec un gars, il m'a payé pour que je ne dise rien...

— Qui était-ce ?

— J'en sais rien, je l'ai jamais vu.

Un craquement sinistre accompagne la perte de son majeur tandis que je repose à nouveau la question :

— Qui était-ce ?

— Arrête ! J'te jure que j'en sais rien. Mais je peux le décrire...

La panique dans ses yeux est telle que je sais à présent qu'il est prêt à dire absolument n'importe quoi pour vu que je le laisse tranquille. Je me retrouve alors obligé de le rappeler à l'ordre :

— Je te conseille de le décrire à la perfection pour que je puisse le retrouver si tu ne veux pas que je revienne terminer le travail.

— Grand, presque autant que toi, il est plutôt vieux et costaud. Le genre qui met à l'aise.

— Qui met mal à l'aise ?

— Je sais pas mec, il m'a fait flipper c'est tout. Il est venu y a genre deux heures alors que j'étais seul. Il avait l'air de savoir où aller, il a dû rester même pas une demi-heure et quand il est reparti ta copine l'accompagnait.

— Elle allait bien ?

— Je sais pas, dit-il en haussant les épaules.

Je me retiens de justesse de briser son annulaire et pousse un long soupire avant de reprendre :

— Tu ne sais pas ? Tu n'es pas capable de me dire si la fille était vivante et le suivait de son plein gré, ce n'est pourtant pas très dur à voir. Alors je repose la question, est-ce qu'elle allait bien ?

— Il lui tenait la main, elle avait l'air un peu perdue mais ok avec ce qui se passait.

— Autre chose que je devrais savoir ?

Il réfléchit pendant ce qui me semble être une éternité avant de lâcher :

— Quand il m'a donné l'argent, il m'a serré la main, il avait une chevalière sûrement en or.

Ce détail oh combien intéressant me fait esquisser un sourire carnassier que le pauvre homme prends pour lui, il se ratatine un peu plus sur lui-même tout en lâchant :

— Je t'en supplie, je t'ai dit tout ce que je savais.

— Tu vois, quand tu veux tu peux être réellement utile. Bonne fin de journée messieurs.

Et sans autre forme de procès je lâche sa main et tourne les talons pour remonter à mon appartement. Désireux de lui laisser le bénéfice du doute je tente de rappeler Mia et lorsque mon coup de fil bascule sur la boite vocale pour la cinquième fois je manque de briser le fragile portable dans le creux de ma main. Je me laisse à nouveau tomber dans le canapé tandis que mes méninges tournent à cent à l'heure pour essayer de trouver une solution à toute cette merde. Si comme annoncé par le guetteur l'homme avait bien une chevalière c'est sans doute Zach. La description, bien que sommaire, colle également.

A présent la pièce du puzzle qui me manque c'est le pourquoi. Pourquoi vouloir soudainement accélérer les choses ? Est-ce qu'il a eu vent de l'intervention des anges hier soir ? Sûrement, mais il sait aussi que Mia est en vie. Et dire qu'avant de rencontrer Mia j'avais songé à le doubler, me voilà prit à mon propre jeu. Le goût amère de la trahison a du mal à passer, la raison me pousse de laisser tomber cette histoire dont je n'ai jamais été le commanditaire. Mais l'attachement que je ressens pour Mia me dicte de continuer, les deux options se livrent une guerre acharnée dans ma tête, jusqu'à ce que je me résigne à prendre une décision. Bella m'a servi le prétexte sur un plateau à me rappeler l'existence de la loi d'appartenance. A présent il va falloir que je trouve comment affronter Zach, surtout que le temps risque de me manquer si je veux arriver avant ses sombres desseins. 

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