Mia
J'ai trouvé sans mal la chambre indiquée par Zach après avoir gravi un petit escalier en bois. La pièce est meublé sommairement, un grand lit collé au mur faisant face à la porte, à gauche l'espace est occupé par un dressing que j'ai fini par ouvrir à force de m'ennuyer et qui est vide. Le mur restant est lui occupé par une petite fenêtre donnant sur l'allée que l'on a prise pour rejoindre la maison.
Si dans un premier temps j'étais en colère à cause de la scène avec Gabriel, cette dernière à fini par s'estomper pour laisser place à quelque chose de plus lancinant. Initialement ne sachant pas trop quoi faire et pensant qu'ils monteraient vite j'étais restée stupidement debout à attendre avant de m'assoir sur le lit pour finalement m'allonger totalement. C'est ainsi que je perds dans la contemplation du plafond blanc et de son ampoule nue.
J'ai dû finir par m'assoupir puisque c'est le claquement de la porte d'entrée qui m'a sortie de ma torpeur, en me redressant doucement et en avançant sur la pointe des pieds j'ai pu voir Zach partir alors que la soirée débutait. Je ne sais pas si cette nouvelle est particulièrement rassurante et ajouté à l'ennui et à la faim qui me tiraille le ventre je commence à trouver la situation franchement intenable. J'essaie aussi de ne pas penser au maudit verre d'eau que j'ai bu avant de partir avec Zach et que j'ai tant besoin d'éliminer à présent.
Rassemblant tout le courage qu'il me reste je finis par sortir de cette maudite chambre sur la pointe des pieds. Le couloir desservi par les escaliers comporte trois portes en comptant celle de la chambre. J'espère ne rien trouver de compromettant et surtout accéder à la salle de bain. J'ouvre doucement la porte la plus proche de moi et avec un soupir de soulagement je découvre la pièce tant convoitée. Je m'empresse d'y faire ce que j'ai à faire et ce n'est qu'en sortant de la salle d'eau que je tombe nez à nez avec Gabriel que je n'avais pas entendu monter. La surprise est telle que je pousse un ridicule petit cri tandis que je me maudis intérieurement. Qu'importe que ce soit un ange ou un démon, il ne devrait pas me mettre mal à l'aise à ce point. Certes je n'ai jamais eu beaucoup de caractère, étant de nature calme et discrète, mais quand même, je n'ai pas l'habitude pour autant de me laisser marcher sur les pieds. Et le fait qu'il ait levé la main sur moi ne justifie en rien la peur que je ressens, au contraire. Où est donc passé la colère de tout à l'heure ?...
— Tu cherches quelque chose ?
Comme tout à l'heure sa voix est glaciale, cassante, comme s'il ne tolérait aucune remarque, pourtant toute son attitude me clame qu'il attend une réponse. Mal à l'aise je me dandine presque d'un pied sur l'autre avant de répondre d'une voix blanche :
— Je cherchais la salle de bain...
— Je vois ça.
Il a dit ça me fixant de haut en bas si bien que je ne peux empêcher mon corps de frissonner stupidement. La tension qui le parcourt est lancinante et si auparavant j'avais hâte de quitter la chambre, qu'il se passe enfin quelque chose, j'ai à présent hâte d'y retourner pour retrouver ma solitude et l'ennui qui l'accompagne. Gabriel étant toujours face à l'encadrement de la porte, mon passage se retrouve bloqué si bien que je me résigne à demander après avoir rassemblé tout mon courage :
— Est-ce que je peux passer pour retourner dans la chambre ?...
— C'est vraiment ce que tu vas faire ? dit-il d'un ton sarcastique, je les connais les filles dans ton genre.
Je le regarde un peu perdue sans trop comprendre où est-ce qu'il veut en venir. Visiblement je dois être assez expressive pour qu'il remarque mon incompréhension puisqu'il me repousse dans la pièce tout en soupirant :
— Je vais te montrer, tant pis pour Zach.
La poussée est tellement violente que je manque de tomber, je me retiens de justesse à la petite étagère qui contient du linge de toilette. Je n'ai pas le temps de protester qu'une nouvelle gifle atteint ma joue déjà meurtrie parce celle de tout à l'heure tandis que Gabriel reprends :
— Il n'y a que deux règles à comprendre ici : tu la fermes et tu obéis. Tu comprends Mia ?
— Mais ça va pas ?!
La réplique a fusé, c'était plus fort que moi. Et je n'ai même pas le temps de maudire ma langue qui fonctionne visiblement plus vite que mon instinct de survie qu'il me frappe une nouvelle fois. Le goût du sang dans ma bouche me semble pire que la douleur que je ressens, peut-être parce que je suis trop sonnée pour pleinement la percevoir. Ma vue est légèrement trouble et il me faut de longues secondes pour que je retrouve une possession au moins correcte de mes moyens. Comme s'il avait attendu ce moment Gabriel me repose sa maudite question :
— Est-ce que tu as compris ?
Je hoche la tête, désireuse d'éviter un nouveau coup tout en me perdant dans la contemplation du carrelage au sol dont la teinte grise se rapproche du bleuté. Gabriel prend la peine de refermer la porte derrière lui d'un coup de talon habilement placé avant de reprendre :
— Agenouilles toi, Mia.
Mes yeux se ferment instantanément pendant une fraction de secondes tandis que mon cerveau analyse la demande qui fait surgir une crainte quasi primitive en moi. La peur est un étau qui me comprime et me tétanise. Je sais que je dois le faire pour éviter un nouveau coup et la souffrance qui l'accompagne mais je refuse d'abdiquer si aisément, de toute façon c'est comme si mon corps et ma tête n'étaient plus reliés entre eux, impossible de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Face à mon immobilité Gabriel doit aussi venir à ce constant puisqu'il pose ses mains sur chacun de mes épaules et appuie dessus avec force. Mon corps fini par ployer et pour ne pas tomber je suis forcée de prendre la position demandée.
C'est à ce moment-là que ma conscience refait brusquement surface, s'il y a bien un Dieu c'est peut-être le moment de m'apporter un coup de main, quelque chose, n'importe quoi. Mais malheureusement pour moi il n'y ni miracle, ni apparition divine pendant le pantalon de Gabriel tombe au sol suivi rapidement de son sous-vêtement. J'observe stupidement les vêtements chuter sur le carrelage et reste là, les yeux rivés au sol. Indifférent à mon état second il entreprends d'attraper mes cheveux avec sa large main et tire sur ces derniers pour que je redresse la tête. Mes yeux se ferment à nouveau et je refuse de les ouvrir, peut importe ce qu'il se passera je refuse de lui accorder ça même si je sens la brûlure des larmes qui perlent de mes paupières. Alors que je m'attendais à une nouvelle demande insurmontable et à la baffe qui allait suivre Gabriel n'en fait rien. Il se contente de pincer mon nez, rapidement l'air me manque et je me retrouve forcée d'ouvrir ma bouche qu'il s'empresse d'investir. La sensation me lève le cœur, la nausée me tord l'estomac et tout mon corps se contracte un peu plus face à l'horreur de ma situation.
— Si tu me mords, tu le regretteras toute ta vie.
L'idée ne m'étais même pas venue en tête mais ses mots ont rallumés l'étincelle qui me manquait pour avoir le courage de faire quelque chose. Ma conscience est toujours soigneusement murée dans un coin de ma tête si bien que son avertissement sonne creux. Alors qu'il commençait à imprimer un mouvement de va et vient à mes cheveux, je ne peux m'empêcher de mordre de toutes mes forces ce que j'ai entre les dents. A nouveau un goût métallique emplit ma bouche et je me retiens je ne sais comment de vomir. Pendant ce laps de temps Gabriel a lâché mes cheveux et entreprends de se retirer avant d'éclater de rire. C'est à ce moment-là que ma conscience pointe le bout de son nez pour me susurrer que tout cela n'est qu'un leurre et que je lui ai servi sur un plateau ce qu'il attendait. Je n'ai pas le temps de m'interroger davantage sur le sens de tout ça qu'une violente gifle atteint à nouveau ma joue. Le coup est tellement fort que je bascule en arrière, ma tête heurtant l'émail froid et dur de la baignoire. Je crois entendre vaguement Gabriel s'amuser du fait qu'il voulait que je réagisse ainsi et qu'au final je peux être une bonne fille avant que je ne sombre dans un immense trou noir.
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Batailles
ParanormalMia une jeune adulte, suit une vie relativement insouciante qui se ternit lorsque ses rêves deviennent étrangement troublants et que peu de temps après elle fait la rencontre de Malo. Entre rêves étranges, désirs ardents, sombre prophétie et menaces...