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Mia

Il me faut de longues minutes pour revenir à moi tandis que le film des récents événements passe en boucle dans ma tête. Est-ce qu'au moins c'est réel ? Je sais que le seul moyen pour le savoir est que j'ouvre les yeux mais je désire encore profiter un peu de cet entre-deux quelque peu protecteur. Cependant la voix de Malo pénètre violement dans le cocon que j'essaie tant bien que mal de créer :

— On n'a pas le temps pour faire la grasse matinée Mia, lève-toi.

Je proteste en grognant mais fini cependant par ouvrir les yeux. Je découvre alors Malo qui a réintégré son corps humain et soudainement quelque chose me frappe. J'ai vu ses ailes qu'il tenait tant à laisser loin de mes yeux indiscrets. Leur vision s'imprime dans ma tête tandis que je mords la langue pour ne rien dire à ce sujet. Je me redresse dans le lit et étouffe un soupir avant de demander :

— Est-ce que je peux au moins prendre quelques affaires avant cet exil forcé ?

— Tu n'as pas l'air de prendre ça au sérieux Mia, dit-il dans un souffle.

— Je crois qu'il s'est passé un peu trop de chose en peu de temps. Et te voir au pied de mon lit est suffisamment perturbant.

En réponse au trouble que je viens d'exprimer il s'assoit sur le bord du lit avant de se pencher vers moi tout en murmurant :

— Tu veux dire que je te perturbe ? Tu aurais dû y songer bien avant Mia...

Sa voix est plus chaude que jamais et malgré moi je sens le rouge de mes joues monter jusqu'à la racine de mes cheveux. Je n'ai pas le temps de réagir que Malo s'est suffisamment rapprocher pour déposer un léger et doux baiser sur mon front avant de se relever en un clin d'œil comme s'il ne s'était rien passé. Est-ce que je n'ai pas rêvé ce baiser d'ailleurs ?...

Indifférent à mon trouble Malo m'offre cependant une réponse à ma question précédente :

— Prends quelques affaires si tu veux Mia.

Je désigne du doigt la valise qui est rangé au-dessus du dressing placé à côté de mon lit tout en lui demandant :

— Attrape moi ça alors s'il te plaît.

Malo est tellement grand qu'il n'a pas besoin d'une chaise contrairement à moi et en quelque minutes l'objet de mon désir est posé sur le lit que je viens de quitter. Je m'empresse de fourrer dedans pêlemêle des vêtements, mes affaires de toilette, un peu de maquillage ainsi que différents chargeurs, mon ordinateur portable et mes notes de cours les plus récentes complètes le tout. J'ai toujours la sensation assez désagréable d'être en plein rêve, qu'à tout moment je vais me réveiller de ce qui est en train de tourner au cauchemar. Mais après avoir pris le temps de quitter mon pyjama pour une tenue plus décente je suis forcée d'admettre que c'est bien réel.

L'idée de vivre avec Malo est étrangement troublante mais je ne parviens pas à saisir pourquoi. Bien évidement c'est un bouleversement complet de changer d'environnement parce qu'on pourrait attenter à ma vie mais je crois que ma gêne vient directement de Malo. Je vis seule depuis que j'ai commencé la fac il y a quelques années à présent, même si mes parents adoptifs me manquent parfois j'aime cette solitude et la liberté qu'elle m'offre. Je crois qu'en fait mon trouble vient directement de mon futur colocataire. Je ne sais toujours pas où ranger l'épisode du club, c'était tellement indécent et honteux mais je dois avouer que c'était aussi excitant même si le reconnaître me répugne. Et soudainement je comprends que ce que je crains le plus c'est toutes les dérives possibles que notre proximité forcée pourraient créer, je les crains certes mais en même temps je suis dans l'expectative de ce qu'il pourrait se produire.

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