Batailles

22.

Mia

C'est la sensation étrange et brûlante de savoir qu'on me fixe qui me fait revenir à moi. Gabriel est toujours sur moi, le poids de son corps m'empêchant de me débattre efficacement, même ma respiration est gênée. Après une intense concentration j'arrive cependant à reprendre légèrement possession de mon corps et notamment à redresser un peu la tête, tout ça pour me rendre compte qu'il n'y a rien. Personne ne viendra me sauver de mon enfer personnel. Pourtant une fraction de secondes plus tard Malo est là dans la pièce. J'ai tout d'abord l'impression d'encore halluciner, que ce n'est qu'une illusion qui va disparaître mais lorsqu'il se met en mouvement je comprends que non. La scène est étrange, le temps semble se dilater, j'ai l'impression que chaque fraction de secondes dure mille ans pourtant la scène n'a pas duré plus longtemps qu'une inspiration. Un cri, dont je ne sais s'il est de peur ou de joie d'être en partie sauver se bloque dans ma gorge tandis que Malo saisit Gabriel par les épaules avant de tirer en arrière de toutes ses forces.

Me retrouvant soudainement libre je ramène mes jambes contre mon corps nu tout en me plaquant désespérément contre le mur à la recherche d'une issue. Si Gabriel dans un premier temps s'est laissé faire sans doute sous la surprise, la bataille entre les deux hommes est à présent confuse. Des cris de douleur et d'effort sont audibles tandis que du sang est régulièrement projeté dans l'air et tâche tout l'environnement. La scène qui se passe sous mes yeux me mets particulièrement mal à l'aise et je ne peux m'empêcher de détourner la tête, peu désireuse d'être encore un peu plus traumatisée par la soirée.

C'est au bout de ce qui me semble être une éternité que le silence s'abat sur la pièce. J'aperçois du coin de l'œil des jambes vêtues d'un jean sombres s'arrêter à ma hauteur tandis que la main de Malo se pose doucement contre mes cheveux. Ce simple contact me donne envie d'hurler si bien que je mords mes lèvres de toutes mes forces. Il semble remarquer ma gêne puisqu'il retire vivement sa main, il vient alors s'assoir à côté de moi. Quand enfin je trouve le courage de lever les yeux vers lui je remarque l'inquiétude dans son regard. Malo me fixe encore un peu comme pour me jauger avant de murmurer :

— Je suis infiniment désolé Mia, j'aurais dû arriver bien plus tôt.

Ne trouvant rien à répondre, je me contente de hocher la tête. Timidement je laisse le haut de mon corps tomber doucement contre le sien, nos épaules se touchent, ma peau nue contre le tissus rêche de son t-shirt. La fine barrière de tissu me rassure assez pour que je puisse presque me détendre. Mon regard glisse sur la pièce et s'attarde sur le corps de Gabriel si bien que je demande d'une voix hésitante :

— Est-ce qu'il est...mort ?

— Non, on ne tue pas un démon si facilement. Il est inconscient.

Mon regard dérive ensuite vers la porte de la chambre qui est toujours fermée, faisant écho à mes pensées Malo m'explique :

— Je suis venue avec Bella, elle s'occupe de Zach pendant que je te cherchais, j'étais bien plus rapide sous forme éthérée.

— Elle va nous rejoindre du coup ?

Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais savoir que Bella est présente est étrangement rassurant, peut-être une sorte de solidarité féminine, à moins que ce soit son côté angélique. Malo n'a pas le temps de me répondre que la porte s'ouvre sur cette dernière comme si le timing était parfait, que ce n'était qu'une vaste mise en scène. Elle est, elle aussi, couverte de sang et un sourire béat barre son doux visage.

— Je vous trouve enfin ! Malo, j'espère que tu ne m'en voudras pas mais je me suis...

Elle se coupe brusquement en découvrant le chaos qui règne dans la chambre, ses yeux s'écarquillent un peu plus lorsque son regard passe sur moi tandis que d'une voix hésitante elle demande :