Mia
Quand je reviens à moi je comprends tout de suite que quelque chose cloche, et pour cause, je me vois inconsciente, la tête contre la baignoire et le corps au sol. Je me force à respirer calmement pour essayer de juguler la panique qui m'envahit. Je sais ce qu'il se passe, je suis seulement passée sur le plan éthérée car le coup a dû être assez fort pour que ça arrive. En théorie je peux regagner mon corps quand je le souhaite mais en ai-je vraiment envie vu ma situation ?... J'observe Gabriel s'agenouiller face à moi, visiblement mon état à l'air de légèrement l'inquiéter puisqu'il a prit la peine de s'assurer que je respirais toujours. Son attitude me fait émettre un rire bref qui le fait aussitôt se retourner. Et comme une idiote je prends conscience qu'il peut sans doute me voir, même si je ne suis pas tangible. Comme pour prouver mes conclusions il me regarde de haut en bas avant de murmurer :
— Je ne te pensais pas capable de faire ça.
— Je suis pleine de surprise, répondis-je avec sarcasme.
— Tu devrais regagner ton corps, je suis loin d'en avoir fini avec toi.
Je ne peux à nouveau pas m'empêcher de rire avant de demander :
— Sinon quoi ?
— Tu veux vraiment être une vilaine fille Mia ?
Je le regarde circonspecte, des flammes malsaines dansent dans ses yeux tandis que je m'interroge, suis-je vraiment si intangible que ça ? Et si je me trompais ? S'il pouvait m'atteindre ? Je dois visiblement m'être perdue dans mes pensées trop longtemps puisqu'il finit par soupirer :
— Très bien, je vais te montrer ce qu'il arrive aux vilaines filles dans ce cas.
Mon instinct me hurle de m'enfuir très loin, mais la peur me tétanise et je ne parviens pas à mettre en mouvement cette forme si étrange que mon corps a prise. Pendant quelques secondes il ne se passe rien puis le corps de Gabriel disparaît au profit de sa forme éthérée. Il fond sur moi tellement rapidement que j'ai l'impression d'avoir rêvé la scène. Nos deux corps se mélangent et si au départ je ne ressens aucune sensation particulière, rapidement une douce sensation de chaleur se fait ressentir. C'est troublant, sa présence devrait me dégoûter pourtant elle me réconforte malgré moi, comme si ça éveillait de vieux souvenirs, une douce nostalgie. Gabriel entreprends alors de m'expliquer en susurrant au creux de mon oreille :
— La chaleur va monter, lentement mais sûrement, jusqu'à ce qu'elle te brûle au plus profond de ton âme. Tu peux tenter de t'enfuir Mia, mais je te poursuivrais pour mon plus grand plaisir. Sans compter que tu ne pourras pas aller bien loin puisque tu reste reliée à ton corps physique.
Des frissons se forment sur mon épiderme translucide mais ils sont immédiatement chassés par cette chaleur douce et entêtante. Je sais au plus profond de moi qu'il dit la vérité, la montée de la chaleur se fait progressivement, trop lentement pour être perceptible mais tout de même assez pour que la sensation de douceur disparaissent pour laisser place à quelque chose de plus désagréable. Je m'oblige à ne pas paniquer, ni bouger, refusant de le laisser gagner à ce petit jeu absurde, refusant de subir le sombre destin qui m'attends. Je ferme les yeux pour cesser de fixer mon corps toujours étendu là stupidement et j'essaie d'imaginer un vent frais qui balaie ma forme éthérée. Si le pouvoir de l'imagination marche pendant un temps la chaleur finit cependant par augmenter douloureusement. C'est tel que j'ai l'impression de brûler vive. Mon visage se déforme sous la souffrance que j'endure tandis que je mords mes lèvres de toutes mes forces pour ne pas crier. Comme s'il avait perçu ce point de non-retour Gabriel murmure :
— Il ne tient qu'à toi d'arrêter ça...
Arrêter ça, ses mots trouvent un écho étrange dans mon esprit, ça créé un petit trou dans ma volonté que je pensais de fer et peu à peu ma détermination est réduite en lambeaux. Je finis par faire un pas en arrière pour rompre le contact. Il me laisse faire en m'adressant un sourire victorieux qui m'enrage. Je prends le temps de lever mes mains à la hauteur de mes yeux pour m'assurer que ma forme éthérée est intact, que cette chaleur qui m'a tant tourmenté n'était qu'une simple sensation. A pas lents et en me maudissant de ne pas avoir trouvé comment remporter cette manche je me dirige vers mon corps pour réintégrer ce dernier.
Lorsque je reviens à moi, il me faut de longues secondes pour que ma conscience se love dans mon corps et en reprenne pleinement possession. Gabriel me tends une main presque amicale pour m'aider à me relever. Le choc contre la baignoire m'ayant affaibli je me saisis de sa main avec un frisson de dégoût, ce n'est qu'une fois que je suis à peu près droite sur mes jambes que je me résigne à demander :
— Et maintenant ?
— Ce n'est pas drôle si je te le dis voyons, suis-moi.
Je me résigne à lui emboîter le pas malgré ma démarche chancelante, je profite de ces quelques pas pour tâter l'arrière de ma tête, l'énorme bosse que je sens ne me dis rien qui vaille mais je me tais et me contente de le suivre jusqu'à la chambre où j'ai tant attendu. Gabriel verrouille la porte derrière moi tout en soupirant surtout pour lui-même :
— Tant pis pour Zach.
Je ne peux m'empêcher d'arquer un sourcil, curieuse face à ce presque regret. Comme s'il avait perçu mon trouble il se contente de lâcher :
— Il aurait dû être là, mais il traîne trop, je suis fatigué d'attendre.
— Et si son absence fait rater la prophétie ?
Je ne sais pas pourquoi j'ai sorti ça, surtout sans réfléchir. Encore un superbe moment où ma langue fonctionne plus vite que mon cerveau. Pourtant ma phrase semble le perturber légèrement comme en témoigne ses sourcils froncés. Il finit cependant par me répondre :
— Et bien on recommencera avec lui, après tout, rien ne dit qu'on ne pas essayer encore et encore.
— Mais et si...
— Arrête Mia, dit-il en me coupant.
Je me tais désireuse d'éviter un nouveau coup, mon corps me fait déjà assez souffrir comme ça. Lorsqu'il pointe le lit de son index je m'y assois tout en attendant la suite des évènements. Je sais ce qui va se passer, tout mon corps, toute mon âme le savent, je me suis résignée. Je veux juste que ça se termine le plus vite possible.
Lorsqu'il me demande de me déshabiller je m'exécute mécaniquement, l'air froid de la pièce me fait frissonner ce qui est un comble vu la situation précédente. Mes yeux sont rivés au sol et ma vision est perturbé par les vêtements de Gabriel qui tombe à leur tour au sol. Toujours aussi absente je laisse mon corps tomber en arrière contre les oreillers tandis que des larmes silencieuses coulent sur mes joues.
Quand sa peau nue touche la mienne des frissons électriques parcourent mon corps, un mélange de peur, d'appréhension, de dégoût aussi. La sensation est hautement désagréablement et je ferme les yeux, serrant mes paupières de toutes mes forces même si cela ne parvient pas à arrêter mes larmes. J'essaie de me concentrer sur autre chose en me disant que ce n'est qu'un mauvais moment à passer mais mon esprit reste obstinément vide et présent. Il finit cependant par voler en éclat au moment où je le sens me pénétrer. Mon corps se retrouve en proie aux flammes de l'enfer tandis que mon âme rejoint un lointain éden. Je sens de manière lointaine Gabriel s'activer sur mon corps immobile tandis que des étoiles, des galaxies et l'univers presque tout entier dansent sous mes paupières.
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Batailles
ParanormalMia une jeune adulte, suit une vie relativement insouciante qui se ternit lorsque ses rêves deviennent étrangement troublants et que peu de temps après elle fait la rencontre de Malo. Entre rêves étranges, désirs ardents, sombre prophétie et menaces...