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─ Donc, si j’ai bien compris, ton premier copain était dans la même classe que nous. Je suis bien curieuse de savoir qui c’était.

─ Révéler son identité reviendrait à faire son coming-out à sa place. Or, je ne sais pas s'il est en mesure d'assumer son orientation sexuelle actuellement.

─ Hum... et pourquoi vous n'êtes plus ensemble ?

─ Après mon départ, on a essayé une relation à distance, mais ça n’a pas fonctionné. Je me demande bien ce qu’il est devenu.

─ Si tu nous dis qui c’est, peut-être qu’on pourra t’aider à le retrouver, affirme la femme d’Henri.

En réalité, le motif de l’aide n’est qu’un prétexte. Solène veut juste satisfaire sa curiosité. Henri, consterné par l’homosexualité de son ami, reste silencieux.

─ Solène, je ne te dirai pas qui c’est. Laisse tomber !

─ Tu as eu d’autres copains par la suite ?

─ Oui, j’en ai eu un autre à Los Angeles. Un riche homme d’affaires italien. Mais, il n’a pas réussi à me faire oublier... oups, j’ai failli dire son prénom.

─ On peut changer de sujet ? s’énerve Henri.

─ Mon homosexualité t’agace à ce point ?

─ Oui, je suis homophobe et fier. C’est même la raison pour laquelle je ne voulais pas te poser de questions sur tes photos avec les pd là ! J’avais peur de la réponse.

─ Eh !

─ Parlons d’autres choses ! Il me faut du temps pour digérer cette abomination.

Gil-Loïc est surpris par la réaction de son meilleur ami. Il a naïvement cru que leur amitié réussirait à transcender son orientation sexuelle. Néanmoins, il relativise. Certes, Henri ne lui a pas fait de câlin pour lui témoigner son soutien indéfectible, mais il n’a pas eu de réaction qu'il estimerait violente à son égard. Et ça, pour lui, c’est déjà un bon début.

🏳️‍🌈😡🏳️‍🌈

Bushra arrive chez elle toute exténuée. Ses deux enfants l’accueillent chaleureusement. C’est le meilleur accueil qu’elle aurait pu recevoir après cette dure journée.

─ Bonsoir mes amours ! Vous m'avez tellement manqué.

Syrine, sa fille aînée, l’aide à porter ses affaires. Tandis que Nabil préfère rester dans ses bras.

M’man yeu fê mom-mom*, réussit à formuler le petit dernier.

*Selon le langage de Nabil, cette phrase signifie : « Maman, j’ai faim ».

─ Syrine, vous n’avez pas encore mangé ? demande Bushra.

─ Non. Papa ne voulait pas que Nina cuisine aujourd’hui. 

─ Pfff !

Portant le petit Nabil dans ses bras, Bushra rejoint son mari dans le salon.

Salam.

Waleykum salam ! Enfin, tu es là !

─ Apparemment, tu ne voulais pas que la servante fasse la cuisine. Je peux savoir pourquoi ?

─ Tu sais bien que je préfère quand c’est toi qui prépare.

─ Eh Medhi, je suis épuisée !

─ Je sais. Mais, tu ne vois pas ce qui se passe sur les réseaux sociaux en ce moment ?

─ Non. Qu'est-ce qu'il y a ?

─ C'est la guerre entre les servantes et les femmes mariées. Il faut que ce soit toi qui fasse la cuisine désormais. Sinon Nina risque de piquer ta place hein !

─ Ne répète plus jamais ça ! s'énerve Bushra.

─ Oh, je plaisantais.

Alarmée par les gargouillements de son fils, Bushra file dans la cuisine. Elle essaie de cuisiner quelque chose de rapide et d’efficace afin de satisfaire la maisonnée.

À table, la famille se régale. Malgré la fatigue, la maîtresse de maison s’est donnée à fond pour servir des repas de qualité. N’eût été la présence de Syrine et surtout de Nabil, elle ne se serait pas donnée autant d’efforts.

Après le dîner, elle se charge de mettre sa progéniture au lit avant de regagner la chambre conjugale. Son mari l’y attend. Elle espère qu’il ne voudra pas faire l'amour cette nuit. Elle est éreintée et tout ce que tout ce qu’elle désire, c’est de s’évader dans les bras de Morphée.

─ Tu as eu l’argent, j’espère ! déclare Medhi dès que sa femme apparaît dans la chambre.

─ Oui, j’ai eu les 500.000f.

─ Génial ! Tout s’est bien passé ?

─ Non oh, Anissa m'a kpa¹! Mais, je lui ai raconté une histoire à dormir debout et elle a accepté de me prêter l’argent. Je dois donc lui rembourser.

¹(nouchi) : attrapé

─ T’inquiète même pas ! Avec mon business, on va se faire un max de sous.

─ Qu’Allah t’entende !

─ Mais pourquoi tu as volé Anissa ? Je l’aime bien, elle. C’est ta grande sœur impolie et mal élevée là qu’il fallait voler.

Bushra ignore complètement sa remarque et lui remet une enveloppe pleine d'argent.

─ Merci ma femme. Tu es la meilleure, complimente Medhi.

Par la suite, il enfile son djellaba en lui disant : « Ne m’attends pas ce soir ! Je vais rentrer demain. Bonne nuit ! ». Tout juste après, il prend la poudre d’escampette. Sa femme est fort contente. Elle pourra dormir en paix. Sans baise, ni ronflements !

Il est minuit quand Medhi arrive dans une grande villa luxueuse qu’il connait bien. Il salue respectueusement tout le monde. Vu qu’il est nouveau dans le cercle, il se fait petit afin d’éviter toute éventuelle tension. En effet, il vient d’intégrer un réseau de trafic de drogue. Il investit de l’argent dans l’importation d’une grande quantité de ce produit illicite et en retour, on lui promet de recevoir le triple de son investissement, soit 1.500.000f. Cela, Bushra l’ignore. Son époux lui a fait croire qu’il a besoin d’argent « pour financer un projet important ». Le pire, c’est qu’il a juste eu besoin de s’exprimer en ces termes pour qu’elle lui ramène tout ce fric. Elle n’a même pas essayé d’y voir un peu plus clair.

La réunion entre les membres du cartel est terminée depuis cinq minutes. L'un des membres fait son arrivée. Vu que c’est le seul avec qui Medhi a tissé un vrai lien, il va directement lui parler.

─ Pourquoi t’es venu en retard aujourd’hui ?

─ J’ai reçu la visite d’un ami d’enfance qui s’est éternisé chez moi. Bref, ils ont dit quoi lors de la réunion ?

─ Le boss a dit qu’on pouvait miser beaucoup plus. Apparemment, les gains seront beaucoup plus élevés qu’on ne l’imagine.

─ Ah bon ?

─ Ouais ! Je cherche un moyen de me faire plus d’argent même. Ça risque d’être compliqué pour ma femme, avoue Medhi.

─ Moi, j’en ai trouvé un hein !

─ Dis-moi !

─ Les sugar daddy homosexuels, ça paye bien !

─ Mais Henri, tu es fou ! Je suis pas un pd, moi !

─ Moi, non plus. C’est juste pour le blé que je fais ça. Par ailleurs, je reste l’homme lors de nos rapports. Donc, c’est rien.

─ Hum et ils payent combien ?

─ Des millions de francs CFA !

─ Sérieux ?

─ Oui, je me suis fait 2 bâtons en une nuit, avoue Henri.

─ Mets-moi vite dans ton réseau !

─ Donne ton téléphone ! Je vais te montrer l’application où je les déniche.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant