Thierno se braque, reste figé pendant quelques secondes avant de revenir sur ses pas. Anissa qui l'observait de loin est surprise. Elle se dirige immédiatement vers lui.
─ Tu étais censé allé prendre leurs commandes non ? interroge-t-elle en indexant le couple.
─ Est-ce que je peux vous parler en privé ?
─ Il y a un problème ?
─ Oui.
Anissa demande à Yves, un autre serveur, d'accomplir la tâche initialement confiée à Thierno et oriente le serveur réfractaire vers son bureau. Ils prennent le temps de s'y asseoir avant d'entamer la conversation.
─ Je t'écoute.
Thierno expire par la bouche avant de se lancer.
─ En fait, je connais le couple dont je devais prendre les commandes. On a fait le même lycée. J'avais honte qu'ils me voient comme ça.
─ Mais ahi, tu travailles. Il n'y a aucune honte à ça.
─ Le problème, c'est que je leur ai dit récemment que je gérais des affaires et que j'étais même véhiculé. S'ils me voient exercer cette fonction, ils comprendront que j'ai menti.
Anissa se sert un verre de thé glacé tant elle est stupéfaite.
─ Pourquoi tu as fait ça ?
─ Parce que je voulais leur prouver que j'ai réussi.
─ Le plus important, ce n'est pas ce que tu as. C'est ce que tu es au fond de toi.
─ C'est facile à dire pour les gens comme vous.
─ Les gens comme nous ont aussi des problèmes, tu sais.
─ Bah, j'aimerais bien avoir vos problèmes.
Puis, silence total ! Anissa ne sait plus quoi faire de son nouvel employé. Elle fait le bilan de la première journée de ce dernier et réalise qu'il est catastrophique alors que la journée n'est même pas finie. Non seulement, il arrive en retard, mais aussi, il émet des réticences quant à l'accomplissement de ses tâches. Devrait-elle le renvoyer ? Ou au contraire, mérite-t-il une seconde chance ? La jeune trentenaire est perdue.
Thierno, de son côté, se replonge dans ses pensées obscures. Il en a marre de cette vie où tout lui échoue. Ce moment qu'il traverse est si difficile qu'il n'a plus de force pour s'empêcher d'être vulnérable. Contre toute attente, ses larmes se mettent à couler. C'est la première fois que ça lui arrive en public et il en est embarrassé. Il tente rapidement de s'essuyer la face, mais cela n'échappe guère à Anissa.
─ Il ne faut pas que tu te retiennes si tu as envie de pleurer. Libère-toi ! Je ne te jugerai pas.
─ Ne vous inquiétez pas ! J'avais juste une poussière dans l'œil.
Anissa sait qu'il ment, mais ne le lui fait pas savoir.
─ Tu veux que je te fasse un câlin ? propose-t-elle les bras ouverts.
─ Non, je vais vraiment bien.
─ J'hésitais à te renvoyer. Mais bon, je vais te laisser une seconde chance.
─ Merci, mais vous devriez me virer. Je ne suis pas fait pour ce job.
─ Pense à ta sœur ! Je me souviens encore du jour où elle est arrivée ici pour nous supplier de te prendre. Elle croit en toi. Moi aussi, je crois en toi. Il serait temps que tu en fasses de même.
Thierno prend un moment pour méditer sur les propos de sa patronne.
─ J'ai compris. Merci beaucoup madame Jaber, finit-il par dire.
─ Je t'en prie. Tu peux rester ici jusqu'à ce que tes anciens amis s'en aillent. Ça te va ?
─ Oui, encore merci. Vous êtes vraiment une bonne personne.
─ C'est gentil. Je te laisse. Je vais voir si tout se passe bien dehors. Je reviens te chercher quand ils seront partis.
─ D'accord.
L'ivoiro-sénégalais attend patiemment dans le bureau. Il se ronge les ongles pour passer le temps.
Dix minutes plus tard, Maysân fait irruption dans la pièce. Elle est surprise d'y voir Thierno.
─ Où est Anissa ? demande-t-elle sèchement.
─ Elle est sortie.
─ Et elle t'a laissé ici ?
─ Oui, c'est juste pour un moment. Elle me fera signe quand je vais devoir retourner travailler.
─ Hum ok, répond Maysân avant de disparaitre.
Après une soixantaine de minutes durant lesquelles Thierno s'est vachement ennuyé, Anissa fait son retour.
─ Ça y est, ils sont partis !
─ Ok. Merci.
La patronne accompagne, elle-même, Thierno vers son premier client.
─ Prend la commande de ce monsieur ! Je suis sûre que lui, au moins, tu ne le connais pas, affirme-t-elle avant de retourner vaquer à ses occupations.
Thierno est dégoûté, mais ne laisse rien paraître.
─ Bonjour monsieur, qu'est-ce que je vous sers ?
─ Alors, en entrée, tes belles lèvres pulpeuses me suffiront. Comme plat de résistance, je veux chevaucher tes 20 cm. Et enfin, pour le dessert, j'aimerais être inondé par ta semence.
Thierno tente de garder son calme.
─ Monsieur, nous ne servons pas ces plats ici. Veuillez relire la carte s'il vous plaît !
─ Tu me manques.
─ Monsieur, quelle est votre commande ?
─ On se revoit quand ? persiste Adam.
─ Je peux vous suggérer de prendre un peu d'eau en attendant de faire votre choix.
─ J'adore quand tu fais le mec froid comme ça. Ça m'excite, purée d'igname kponan !
─ Vous avez fait votre choix ?
Réalisant qu'il ne parviendrait pas à déstabiliser Thierno, Adam finit par abandonner en passant une vraie commande.
Après avoir fini de déguster son repas, Adam fait appel à Thierno pour régler l'addition. Habituellement, il ne se donne pas cette peine parce que c'est le restaurant de sa petite-amie. Mais aujourd'hui, il décide de faire exception à la règle dans le but de revoir son sexfriend. En plus de payer la facture, il lui laisse un généreux pourboire.
─ Merci monsieur.
─ J'espère vraiment qu'on se reverra, conclue Adam avant partir.
La section westaf des délices jaberiennes est un vrai succès. Il y a une forte affluence pour le plus grand plaisir d'Anisssa.
Il est temps pour elle de se rendre à la banque. Elle est dans son bureau quand elle ouvre le tiroir où elle conserve précieusement les fortes sommes d'argent. C'est à son grand désarroi qu'elle se rend compte que tout a disparu. Elle fait venir ses petites sœurs dans l'immédiat.
─ Qu'est-ce qu'il y a ? demande Bushra.
─ J'avais mis 500.000 francs dans le tiroir. Je dois les déposer aujourd'hui à la banque. Vous n'avez rien pris ?
─ Non, répond Bushra.
─ Je n'ai rien pris, non plus, affirme Maysân.
─ Mais comment ça se fait ? s'étonne l'aînée. Je me souviens bien les avoir mis ici ce matin.
─ Je pense que c'est le serveur qui est arrivé en retard qui t'a volé ! accuse Maysân. Je l'ai trouvé tout seul ici. Il ne m'a pas l'air net celui-là.

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Mariage de couverture
Lãng mạnC'est l'histoire de l'union entre une hétéro et un homo. Généralement, c'est le gay qui se sert d'une femme afin de cacher sa sexualité. Mais, dans ce récit, c'est la non-gay qui utilise le non-hétéro pour se couvrir. Mais de quoi ? Lisez donc pour...