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Après quelques jours passés à l’hôpital, Thierno a regagné sa nouvelle demeure. Durant tout ce temps, Anissa a veillé sur lui comme une épouse digne de ce nom le ferait. Vu qu’elle s’est sentie responsable de ce qui lui est arrivé, c’est à juste titre qu’elle s’est occupée de lui sans se faire prier, et ce, en dépit de son caractère austère.

Afin d’éviter de plonger les proches de Thierno dans un climat de peur, elle a préféré n’informer personne de ce qui se passait. Elle justifiait ses absences au restaurant par des petites vacances qu’elle et son mari auraient voulu se prendre.

De retour chez lui, Thierno continue d’agir comme si Anissa n’existait pas.

La libanaise se demande constamment s’il est fâché contre elle ou si c’est sa personnalité habituelle qui se manifeste. Que c’est dur d’être aux petits soins de quelqu’un qui n’exprime aucune émotion ! Cette situation commence à l’agacer. Elle décide donc de le lui faire savoir lorsque ce dernier s’installe dans le lit.

─ Thierno, il faut qu’on parle.

─ Ok, prononce-t-il faiblement.

─ Ça fait plusieurs jours que je fais tout pour que tu te sentes mieux. Mais, tu es distant. Si tu m’en veux, tu peux me le dire. Je préfère ça plutôt que tu gardes le silence et que tu te renfermes sur toi-même.

─ Ok.

Anissa serre les dents pour s’empêcher de péter un câble. Elle a envie de s’arracher les cheveux.

─ C’est ça que je te reproche ! Exprime-toi ! Dis-moi plus de mots ! Je veux savoir ce que tu ressens s’il te plaît.

─ Je suis fatigué.

─ Bon, je te laisse, capitule Anissa. Si tu as besoin de quelque chose, je suis au…

Thierno éteint la lumière.

─ …salon, termine Anissa.

Munie d’une couverture épaisse, Anissa s’installe dans le canapé pour suivre un nouvel épisode de sa série préférée.

Quelques temps après, Thierno la rejoint.

─ T’as besoin de quelque chose ? s’empresse-t-elle de demander.

─ Qu'est-ce que tu es en train de regarder ?

─ Blacklist. C'est la meilleure série du monde. Tu veux mater un épisode avec moi ?

─ Non. Diminue le son ! Ça me dérange.

Elle obéit sans broncher.

─ C’est bon comme ça ?

─ Mets des écouteurs, c’est mieux ! suggère Thierno avant de retourner dans la chambre.

Exaspérée, Anissa préfère éteindre sa tablette. Thierno en est ravi. Finalement, il commence à être content de ce mariage. Il vit dans de meilleures conditions et en plus, il parvient à se venger d’Anissa sans que celle-ci ne puisse dire quoique ce soit.

La jeune trentenaire avait, pourtant, l’avantage au début. Mais, sa culpabilité liée au fait qu’elle a failli tuer Thierno l’a rendue toute douce. Son mari pourrait même la gifler qu’elle lui tendrait l’autre joue tant elle se sent coupable. Elle souhaite réaliser quelque chose de significatif pour lui afin de laver sa conscience, mais elle ne sait quoi faire.

La dernière chose à laquelle elle pense avant de s’endormir est de lui donner sa liberté en lui permettant de la répudier.

💔💔💔

Anissa se réveille aux aurores. Encore une fois, elle a dormi au salon car ne voulant pas déranger son époux.

Elle effectue sa prière du matin avant d’aller s’enquérir de l’état de Thierno. Le convalescent lui adresse un regard glacial quand celle-ci pénètre dans la chambre.

─ Tu vas mieux aujourd’hui ? demande-t-elle.

─ Ça va.

─ Ça fait un p’tit moment que je réfléchis à quelque chose qui me tracasse et maintenant, je sais ce que je dois faire, annonce madame Gueye.

─ C’est bien.

─ Déjà, je te demande pardon pour tout ce que je t’ai fait subir. C’est vrai que tu t’es tapé mon mec, mais ma réaction a été disproportionnée. En vrai, tu ne me devais rien. Je te présente aussi mes excuses pour t’avoir négligé alors que tu souffrais le martyr. Je m’en veux terriblement. Pour toutes ces raisons et pour être en paix avec moi-même, je te permets de me quitter. Je te promets que je ne diffuserai pas la vidéo. Tu peux partir, je ne te retiens pas.

Thierno affiche, pour une fois, une humeur qui est facilement perceptible. Il est surpris. Il ne s’attendait pas à ce qu’Anissa capitule aussi facilement. Il ne sait plus quoi dire.

─ Tu ne dis rien ?! interroge Anissa après le long silence de son interlocuteur.

─ J’avoue que je suis un peu surpris là.

─ Je vois ça.

Thierno marque une nouvelle fois une pause. Se séparer d’Anissa serait synonyme pour lui de revenir à la case départ. Est-ce réellement ce dont il a besoin à l’heure actuelle ?

─ Je veux bien te répudier. Mais, ce ne sera pas suffisant pour que je te pardonne.

─ Tu veux quoi d’autre ?

─ Être à la tête du restaurant avec toi.

─ En fait, tu veux juste mon argent, déduit la libanaise.

─ Oui, c’est la moindre des choses pour tout ce que tu m’as fait.

─ Mon père ne va jamais accepter ça si tu me quittes hein !

─ Ok. Restons mariés alors ! Si ça peut me permettre d'être à la tête d'un aussi grand business, y'a pas de problèmes.

─ Waw, je ne t’imaginais pas comme ça !

─ Au lieu d’imaginer, et si t’allais annoncer la bonne nouvelle aux employés ?

─ Quand il s’agit d’argent et de pouvoir, tu as subitement beaucoup de répartie.

─ Je vais me préparer. Je veux être là quand tu leur diras que je suis leur nouveau boss.

─ Tu seras l’un des boss. La boss, c’est moi !

─ Oh c’est pareil ! hurle l’ivoiro-sénégalais en filant vers la salle de bain.

Anissa le regarde avec une mine déconfite. Si Thierno est aussi excité, c’est parce qu’il voit enfin son rêve d’avoir un poste reluisant se réaliser. Lui, qui a toujours été au bas de l’échelle professionnellement parlant est aux anges à l’idée de recevoir une promotion aussi inespérée.

🤑🤑🤑

Le couple Gueye arrive trois heures après l’ouverture du restaurant. Thierno, le torse bombé à bloc, est le premier à rentrer. Yves part directement à sa rencontre dès qu’il le voit. “Thierno restera serveur. Par ailleurs, n’hésitez pas à lui faire des remontrances s’il continue de mal se comporter ici ! Ce n’est pas parce qu’on s’est marié qu’il aura un privilège par rapport à vous”. Il a gardé ces propos d’Anissa en tête et il a hâte de les mettre en pratique.

─ Thierno, tu as vu l’heure qu’il fait ? Tu te prends pour qui pour toujours te pointer ici en retard ?

─ Tu oses parler comme ça à ton nouveau supérieur ? Yves, tu es viré.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant