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Gil-Loïc et Medhi ont leur premier rencard dans un restaurant huppé de la capitale. Le libanais a mis tous les moyens qu’il faut pour impressionner celui qu’il compte, par la suite, arnaquer.

Les deux garçons apprennent à se connaître dans une ambiance très romantique. Malgré le fait que Medhi déteste le moment, il joue le jeu à fond.

─ Si pour notre premier rendez-vous, tu m’envoies dans un endroit pareil, je me demande bien ce que tu me réserves pour la suite, dit Gil-Loïc.

─ Mais ça, ce n’est rien ! Tu mérites le meilleur, mon ange.

─ Je ne te croyais pas aussi romantique.

─ Il te reste encore beaucoup de choses à apprendre sur moi, beau gosse.

─ Comme ?

─ Demande-moi ce que tu veux !

─ Hmm… quelle question je peux bien te poser ? Ah oui ! Tu es top ou bottom ?

─ Hein ! C’est quoi ça ?

─ Désolé ! Des fois, j’oublie que je ne suis plus aux États-Unis. Il m’arrive souvent d’utiliser des mots en anglais.

─ C’est pas grave. Je comprends.

─ Alors dis-moi, reprend Gil-Loïc ! Tu es… arghh j’ai oublié comment on dit ça en français.

─ De quoi tu...

─ Ah c’est bon ! Je m’en souviens. Tu es actif ou passif ?

Medhi balbutie. Il ne sait pas quoi répondre. Il a déjà vu ces termes sur l’application de rencontre pour homme gays. Mais, il n’a jamais cherché à savoir ce qu’ils signifiaient.

─ Euh qu’est-ce que c’est ?

Le wedding planner fronce les sourcils. Il est surpris par la question de son prétendant.

─ Comment ça "qu’est-ce que c’est" ? I mean, t’es gay et tu sais pas c’est quoi actif et passif ?

─ Bah si, je sais. Je te faisais marcher. Je…je suis actif, sort Medhi.

─ Tant mieux. Nous sommes compatibles.

Dans la barre de recherches de son téléphone, le mari de Bushra s’enquiert de la signification des termes actif et passif chez les homosexuels. Il est rassuré quand il réalise qu’il a choisi au hasard la position qui lui conviendrait le mieux. 

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Pour une raison qui lui est inconnue, Thierno est particulièrement motivé pour se rendre au travail aujourd’hui. Il en est même surpris. Il s’est réveillé en avance. Il a bonne mine. Il se sent habité par un entrain démesuré. La journée débute bien pour lui.

Il va dire au revoir à Dialika. Toutefois, il constate qu'elle n’a pas l’air très en forme. En effet, toute pâle, elle est allongée alors qu’habituellement, elle est beaucoup plus dynamique. Le petit frère s’en inquiète.

─ Tu es bizarre aujourd’hui hein ! fait-il remarquer. Y’a quoi ?

─ Je ne me sens pas bien.

─ Je vais t’accompagner à l’hôpital alors.

─ Je vais attendre Albert. Tu peux y aller.

─ Et s’il n’arrive pas à temps ? Tu es enceinte. Il ne faut pas prendre de risques.

─ Mais tu dois aller au travail non ?

─ Je vais leur dire que j’aurai du retard. Allez ! Allons-y !

À la clinique, Thierno se charge des formalités pour que sa sœur puisse être reçue dans les meilleurs délais. Mais, il est freiné par un obstacle. Il n’a pas suffisamment d’argent pour régler les dépenses préalables. Il en est fort gêné.

─ Laisse ! Je paye, dit une voix derrière lui.

Curieux de connaître l’identité de la personne qui souhaite l’aider, l’ivoiro-sénégalais se retourne sur le champ. Il écarquille les yeux de surprise quand il réalise que sa généreuse donatrice n’est nulle autre que Maysân.

─ Merci beaucoup madame.

─ Tu fais quoi ici ?

─ Je suis venu accompagner ma sœur qui est malade. Et vous ?

Maysân le lorgne de haut en bas.

─ Ce n’est pas ton problème, réplique-t-elle sèchement.

Thierno la détaille du regard et remarque qu’elle a plusieurs pansements. Il en déduit qu’elle est venue recevoir des soins. Au même moment, il fait le lien avec les révélations que lui a faites Mustafa au restaurant. Il s’était dit qu’il n’allait pas le croire vu que c’est un gamin. Il avait mis les propos du petit garçon sur le compte d’une imagination débordante. Et si finalement, Mustafa n’avait pas tort ?

─ Madame, je peux vous parler ? demande poliment Thierno.

─ Je ne suis pas d’humeur pour ça. Si c’est pour le boulot, parles-en à Anissa ou Bushra !

─ C’est à propos de votre fils ?

─ Mon fils ? Tu connais mon fils ?

─ Oui, il était au restaurant. Il m’a dit certaines choses et je pense que je devrais vous en parler.

─ Je t’écoute.

Thierno s’assure que sa grande sœur est entre les mains des infirmiers avant de conduire sa responsable vers un endroit plus calme.

─ Comme je l’ai dit tantôt, votre fils était au restaurant. Il était en train de s’en prendre à sa sœur…

─ Je n’ai qu’un seul enfant, coupe Maysân. Tu es sûr que tu ne confonds pas avec les p’tits diables de Bushra ? Mon fils là, il est très bien éduqué hein !

─ Bon, je ne sais plus. En tout cas, il vous ressemble beaucoup.

─ Hum ! Continue !

─ Quand je suis intervenu pour l’empêcher de taper la fille, il m’a avoué que son papa était violent avec sa maman.

─ Il t’a dit ça ? hurle Maysân choquée.

─ Oui. Sur le coup, ça m’a surpris. Mais, j’ai fini par me dire que c’était le fruit de son imagination. Mais là, quand je vous vois avec tous ces pansements, je me dis que…

─ Tu ne te dis rien.

─ Mais…

─ Je dis : tu ne te dis rien. Mon mari est un homme formidable. Mustafa est un enfant très créatif. Donc, il lui arrive d’inventer des choses. Concernant mes pansements, comme je te l’ai dit tout à l’heure à l'accueil, ce n’est pas ton problème.

Thierno avait des doutes. Mais avec le monologue que Maysân vient de lui pondre, il est fermement convaincu qu’elle est victime de violences conjugales. Il ne l’a pas crue une seule seconde.

─ Madame, c’est vrai que je suis juste votre employé. Mais si vous avez besoin d’aide, je suis là. Ce n’est pas normal ce que vous vivez.

─ Tu ferais mieux de te rendre au restaurant. Il y a sûrement assez de travail qui t'y attend.

Thierno se dirige vers la salle d'attente quand Maysân le retient. Il espère vivement que c’est pour accepter son aide.

─ Oui madame ?

─ Tu n’en parles à personne d’autre, t’as compris ?

Le serveur s'efforce de hocher la tête.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant