Mariage de couverture

51

─ Allô ?

─ Allô, c’est Thierno. Je t’en supplie, ne raccroche pas !

─ Comment tu as eu mon numéro ?

─ Peu importe. Je voulais juste te dire que je t’aime et que tu me manques.

Gil-Loïc se mordille la lèvre inférieure. Les mots de Thierno ne le laissent pas indifférent. Il sent une bulle d’amour se former autour de lui. Il veut s’y abandonner. Mais sa raison reprend vite le dessus.

─ Titi, tu sais très bien qu’entre nous, c’est impossible.

─ Oh ! Tu m’as appelé Titi. Ça veut dire qu’il y a toujours de l’espoir.

─ Arrête de te bercer d’illusions ! Je te l’ai déjà dit plusieurs fois. Je refuse d’être la cause de la dislocation d’une famille.

─ Je comprends. Je respecte ton choix alors ! Mais, est-ce qu’on peut rester amis ? Je ne veux vraiment pas que tu sois absent de mon entourage.

─ Hum, je sais pas trop.

─ Solène m’a dit que tu as abandonné ta profession de wedding planner.

─ Ah ! C’est donc elle qui t’a donné mon numéro…

─ Je suis triste que tu aies dû délaisser ta passion.

─ C’est la vie.

Thierno connaissant Gil-Loïc, ne le sent pas très investi pour continuer la conversation. Il préfère ne pas le soûler en insistant. Après lui avoir souhaité une bonne journée, il raccroche.

Quelques minutes plus tard, le co-gérant du restaurant est importuné par des bruits. Agacé, il sort de son bureau pour comprendre l’origine de ce remue-ménage. Il tombe sur une scène de demande en mariage. L’heureuse élue est sa belle-sœur Maysân. Un jeune homme a mis le genou à terre pour lui enfiler une bague autour de l’annulaire.

Après sa séparation avec Æmeen, Maysân a décidé de continuer ses études car c’est lui, à l’époque, qui l’en avait empêché. Dans sa classe, malgré le fait que ce fusse la plus âgée, elle a noué des liens forts avec le plus jeune. Leur relation s’est fortifiée avec le temps.

Après l’obtention de leur diplôme, Edgar, son amoureux, a décidé faire sa demande en mariage.

Thierno, tout comme les gens présents sur les lieux, les félicite. Il ne peut s’empêcher de penser à Gil-Loïc car l’atmosphère pue l’amour. Et c’est là qu’il a une idée qu’il trouve ingénieuse.

─ Si vous n’y avez pas encore pensé, je peux vous proposer quelqu’un pour organiser votre mariage, dit-il aux futurs mariés.

─ Ah bon ? Qui ça ?

Thierno recopie le numéro de Gil-Loïc sur un bout de papier qu’il tend ensuite à Edgar.

─ Merci. On va l’appeler.

─ Il est hyper talentueux. Vous n’allez pas le regretter, s’exclame le mari d’Anissa.

Il espère qu’avec de nouveaux clients, Gil-Loïc va reprendre goût à la profession de wedding planner. Il sait à quel point c’est dur d’être obligé de faire un boulot qu’on n’a pas choisi et il ne veut pas que son âme sœur perdure dans cette peine.

Alors que la plupart de ses proches revivent et reprennent des couleurs, Anissa reste cloîtrée dans son lit. Elle est encore affectée par le décès de son père. Thierno qui est venu récupérer quelques documents prend son courage à deux mains et décide de lui parler à cœur ouvert. Il s’assoit sur le lit à côté d’elle.

─ Anissa, je pense que tu devrais consulter un spécialiste.

─ Non, ça va aller.

─ C’est comme ça que tu as négligé le cas de ta petite sœur et maintenant, elle est dans un hôpital psychiatrique.

─ Je ne suis pas comme Bushra.

Thierno soupire en espérant qu'elle dise vrai.

─ J’ai une bonne nouvelle pour toi, annonce-t-il fièrement.

─ Laquelle ?

─ Maysân va se remarier.

─ Avec le gamin qui lui sert de p'tit-ami là ?

─ Tu exagères ! Ils vont bien ensemble.

─ Oh mon Dieu ! Tout le monde va la traiter de cougar.

─ Moi qui croyait que la nouvelle te rendrait heureuse.

─ Je suis contente pour elle. Mais il faut aussi penser au qu’en dira-t-on.

─ Les gens vont toujours critiquer.

─ Hum !

Thierno se lève et s’empare des documents qu’il était venu chercher.

─ Je m’en vais hein ! T’as besoin de quelque chose ? demande-t-il en se dirigeant vers la sortie.

─ Tout ce que je désire à l’heure actuelle, c’est faire un gros câlin à mes bébés.

─ Dommage ! Elles sont à l’école.

Anissa soupire et se remet sous ses draps. Thierno l’observe pendant une poignée de secondes. Il a de la peine de la voir aussi éteinte.

─ Moi, je veux bien te faire un câlin, sort-il spontanément.

─ Ne te sens pas obligé ! Ça ira, déclare Anissa engouffrée sous une montagne de couvertures.

Thierno s’avance et retire les draps un à un.

─ Tu fais quoi ? demande Anissa une fois qu’elle est découverte.

Son époux lui ouvre ses bras. Elle hésite, puis finit par se blottir contre lui. Au début, la proximité lui semble bizarre car c’est la première fois qu’ils expérimentent un tel rapprochement. Mais, la jeune maman finit par s’y plaire. Ils restent ainsi scotchés l’un à l’autre pendant un bon moment.

Dès qu’ils se relâchent, Thierno demande à Anissa si elle se sent mieux. Elle répond en hochant la tête.

─ Moi aussi, ça m’a fait du bien. On devrait en faire plus souvent, propose-t-il.

─ Les câlins de mes filles me suffiront. Ton corps dur là, taquine Anissa.

─ Et toi tes gros seins là ! Tu m’avais presqu’étouffé.

Anissa éclate de rire et lui balance un oreiller en pleine tête. Elle le contamine avec son rire et c’est à deux qu’ils redonnent de la joie à leur chambre conjugale.

─ Bon, je dois retourner au restaurant, annonce Thierno. On se revoit ce soir !

Anissa hoche la tête puis l’appelle quand il est sur le point de sortir de la chambre.

─ Hmm, murmure-t-il.

─ Merci pour tout.

Il lui répond à travers un sourire et sort de la chambre. Son téléphone sonne. C’est Gil-Loïc. Il conserve son sourire.

─ Oui, mon Gillo !

─ Ne m’appelle plus comme ça ! Qu’est-ce qui t’a pris de donner mon numéro aux gens ?

─ Comme tu as dû stopper ta passion, je me suis dit que si je te ramenais de nouveaux clients, ça pourrait t’aider à te relancer.

─ Tu n’es tellement pas le bon samaritain que tu crois être ! Tu l’as fait pour toi. Tu t’es dit que je serais reconnaissant envers toi et que je reviendrais vers toi pour mendier ton amour. Je ne veux plus être avec toi. Comprends-le une bonne fois pour toute ! Occupe-toi de ta petite famille et fous-moi la paix !