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Bushra tombe des nues quand elle apprend que Medhi, son cher mari, risque de passer beaucoup plus de temps en prison. Face à l’avocat de son époux, elle fond en larmes. La jeune femme avait de l’espoir. Elle espérait qu’une éventuelle absence de preuves puisse lui ramener l’homme qu’elle aime. Maintenant, toutes ses prières sont réduites à néant face à la plainte de Gil-Loïc.

Lors du trajet retour, elle réfléchit à comment expliquer la situation à ses enfants. Sa grande tristesse contraste avec les musiques d’ambiance qu’écoute le chauffeur du taxi dans lequel elle pleure en silence.

Certains éléments de la nature se sont mis d’accord pour apparaître sous leur meilleur jour. Le soleil brille tout là-haut dans le ciel sans pour autant faire suer les passants à grosses gouttes. L’air est doux, épuré et apporte une touche pertinente de fraîcheur. Mais Bushra reste indifférente face à ces phénomènes qui, d’antan, l’auraient mise de bonne humeur. Son mari n’a même pas encore été jugé qu’elle commence déjà à s’éteindre. Le pressentiment que l’air transporte et que le soleil éclaire, c’est que cela n’augure rien de bon.

Si Bushra n’arrive pas à profiter du bon temps qu’il fait, d’autres a contrario, y parviennent à merveille. Le regard fixé sur le bleu étincelant de la mer, Gil-Loïc est assis sur le sable fin de la plage. Sur un coup de tête, le wedding planner a décidé de s’offrir cette sortie en pleine semaine car il en avait besoin.

Sur la plage, il y a peu de monde et cela lui convient parfaitement. C’est donc en toute tranquillité qu’il pense à son activité qui connaît des temps nuageux. Il n’a pas de clients en ce moment et son oisiveté le pèse. Il se demande s’il n’aurait pas dû rester aux États-Unis.

Mais ces questions sont vite balayées par la personne qui ne quitte guère son esprit. Il tout fait pour se débarrasser de lui, mais le personnage refuse de partir. Il lui a dit qu’il ne pourrait pas, que c’était contraire à ses principes et que même s’il l’aimait toujours, il ne pourrait pas se remettre avec. Mais pourquoi cette personne refuse de disparaître ? Pourquoi son premier amour lui fait encore tant d’effet ?

Pour avoir une évolution, il faut parfois prendre des décisions radicales. Et cela, Gil-Loïc l’a bien compris. Dans sa voiture, il y a le bouquet de fleurs que Thierno lui a offert. Il s’empare du bouquet, le contemple une dernière fois avant de le jeter dans une benne à ordures. C’est vrai qu’il éprouve de forts sentiments pour son ex du lycée, mais le wedding planner décide de se choisir. En le faisant, il met une croix sur l’éventualité d’être l’amant d’un homme marié.

Le temps est beau dehors, mais il ne l’est plus dans le portefeuille d’Albert. L’argent qu’il a extorqué à Anissa a considérablement diminué. L’homme qui profitait avec sa petite famille de quelques rayons du bonheur risque de se prendre une douche froide par un orage imminent. Le vigile n’a clairement pas envie d’assister au crépuscule des privilèges qu’il avait les moyens de s’offrir. Pour lui, il est impératif que le soleil se lève de nouveau.

Malheureusement, dans ce domaine, il n’a pas le pouvoir de faire la pluie et le beau temps. Son maigre salaire de vigile est à peine suffisant. Par conséquent, il pense à revenir vers celle-là même qui a bouleversé sa météo, c’est-à-dire, Anissa.

Au sein du restaurant, les temps radieux de la sororité ont été frappés par la foudre de la division. En effet, Anissa et Maysân ne se supportent plus et la tension est même perceptible dans l’air. D’un côté, l’aînée reproche à la cadette de fuir la réalité en restant avec un homme violent. De l’autre, madame Sayegh reproche à madame Gueye de ne pas voir midi à sa porte.

Maysân échappe à ce climat conflictuel en allant récupérer son fils à la sortie de l’école. Elle arrive en avance. Vu qu’il y a un marchand de glaces à côté, elle décide de se prendre une glace ainsi qu’une autre pour son fils. Un bon croc dans le sorbet à la menthe réussit à lui faire oublier tous ses soucis. Elle aurait aimé pouvoir faire disparaître ses problèmes de cette façon.

La sonnerie de l’école retentit. La mère de Mustafa se dirige vers la salle de classe de son fils. Elle entend des bruits, mais la voix de son petit garçon est plus perceptible que les autres voix. Au ton apeuré de celle-ci, Maysân comprend que le soleil de sa vie semble être en bien inconfortable posture. Prise de panique, elle court vers la salle de classe.

La scène sur laquelle elle tombe la glace d’effroi au point de laisser tomber les cornets de glace. En effet, un homme d’une quarantaine d’années est en train d’administrer des coups de poings à son fils. Les maîtresses essaient de l’arrêter, mais il est bien trop robuste. Maysân qui est pourtant toute svelte réussit à s’interposer entre l’homme et son fils.

L’intervention des autres parents d’élève parviennent à calmer le quarantenaire enragé. Malheureusement, le gamin est déjà bien amoché.

Maysân, expérimentant son plus haut pic de colère, fait abattre ses éclairs sur l’agresseur de son fils. Celui-ci lui montre du doigt une gamine avec un compas enfoncé dans l’œil. La libanaise n’attend pas de signes célestes pour comprendre que c’est Mustafa qui a causé ce drame.

Alertés par la directrice de l’école, des pompiers viennent s’enquérir de l’état des deux gosses. Ils appliquent les premiers soins et conviennent du fait qu’il faut les conduire à l’hôpital.

Prévenu de la situation par une vidéo de la baston postée en direct sur les réseaux sociaux, Æmeen débarque quelques instants après.

Il demande à voir son fils. Dès qu’elle l’aperçoit, Maysân se rapproche avant de lui cracher au visage sous les yeux scandalisés de la foule. Folle de rage, elle lui impute toute la responsabilité de l'agression de son fils.

– C'est à cause de toi que notre fils est devenu aussi violent. Figure-toi qu'il a enfoncé un compas dans l'œil de sa camarade de classe. C'est de ta faute. À cause de ton éducation de merde, le père de la petite a tabassé mon bébé. Tu n'es qu'un chien Æmeen. Une grosse merde !

À chaque fois que le mari essaie de calmer sa femme, c’est comme s’il soufflait sur des braises. Elles se rallument de plus belle.

Pour couronner le tout, la cadette des Jaber retire sa bague et la piétine. Elle ne veut plus de cette union comme le ciel ne veut plus des nuages après la pluie.

Malheureusement pour Æmeen, le soleil agréable et l’air doux environnants n’auront pas pu sauver son mariage.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant