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Après avoir déposé ses filles à l’école, Thierno se rend dans cette compagnie d’assurances dont il n’a entendu que des bienfaits. Ses calculs se sont avérés justes car il tombe sur le conseiller-client qu’il désirait.

─ Waw ! Tu as réussi à me retrouver, commence Gil-Loïc.

─ Solène et moi discutons beaucoup quand nous déposons nos filles à la maternelle.

─ J’espère qu’elles vont bien.

─ Oui, elles se portent à merveille. C’est gentil. Merci.

─ Je t’en prie.

─ J’avoue que j’avais vraiment peur de venir vu comment tu m’as parlé la dernière fois, déclare Thierno.

─ Je suis vraiment désolé. Je sais que j’ai été exécrable. C’est parce que j’avais une tonne de boulot et ça m’avait rendu vraiment nerveux.

─ T’as vu comment le fait de ne pas exercer le métier que tu aimes t’as transformé ?

─ Tu as raison.

─ Tu m’as brisé le cœur, ce jour-là ! Moi, je voulais juste t’aider, tu sais.

─ Je n’en doute pas. Le problème, c’était moi, reconnaît Gil-Loïc. Encore pardon !

─ Je te pardonnerai si tu acceptes de dîner avec moi, propose Thierno.

À travers un regard, Gil-Loïc lui rappelle les raisons pour lesquelles il ne peut pas accepter. Thierno n’en démord pas. Il le regarde droit dans les yeux sans sourciller pour lui faire comprendre qu’il n’abandonnerait pas.

─ Eh Titi, ne rend pas les choses plus compliquées s’il te plaît !

─ Je ne te demande pas grand-chose. Accepte juste mon rendez-vous !

─ Ok. J’accepte, répond Gil-Loïc après quelques secondes d’hésitation.

Thierno a envie de tout casser sur son passage et d’embrasser son Gillo tant il est heureux. Il continue néanmoins de jouer le rôle d’un simple client jusqu’à son départ de la compagnie d’assurance.

De retour au restaurant, il surprend Anissa qui reçoit Drissa dans son bureau. Il est content car non seulement, sa femme a enfin repris le boulot, mais aussi, elle apprend à connaître son demi-frère. Toutefois, il se trompe lourdement sur sa dernière déduction. Anissa n’est pas d’humeur à faire connaissance. Drissa l’apprendra à ses dépens.

─ Je suis heureux que tu me reçoives ici. Contrairement aux autres, tu es la seule à avoir cherché à me parler.

La restauratrice le dévisage.

─ Alors comme ça, tu prétends être le premier enfant de mon père, dit-elle.

─ Je le suis.

Anissa ricane.

─ Je ne vais pas passer par quatre chemins. Mon père a trois filles. Il ne nous a jamais parlé de toi. Ça se trouve, tu as monté un plan avec le notaire pour piller les richesses de notre famille. Mais sache que je suis ton terminus. Si c’est le restaurant de Bouaké que tu veux, sache que tu as tiré à terre car tu n’auras rien.

─ Mais…

─ Sur ce, je te prie de sortir de mon bureau, coupe Anissa. J’ai beaucoup de travail à faire pour développer le restaurant de ma famille dont tu ne fais pas partie.

Drissa se contente de racler sa gorge. Il a été tellement assommé par les propos d’Anissa qu’il en a perdu son latin. Thierno le remplace dès qu’il s’éclipse.

─ Alors, comment ça s’est passé avec ton grand frère ? s’empresse-t-il de demander.

─ Ce n’est pas mon grand frère. Et d’ailleurs, comment tu es au courant de cette histoire ?

─ Ton père m’en a parlé un jour.

─ C’est une blague ?

Thierno exprime la négative en remuant sa tête.

─ Le jour où tu lui as annoncé que je co-gérais le resto et qu’il t’a demandé de sortir…

─ Mais pourquoi il t’aurait révélé ça ?

─ Il m’aimait bien, tu sais.

Anissa expire bruyamment puis reste silencieuse.

─ Tu ne dis plus rien ?

─ Que veux-tu que j’te dise ?

─ Ce que tu as dit à ton grand frère.

─ Bah, je lui ai dit qu’il n’était pas le bienvenu dans la famille.

─ Mais, c’est le fils de ton père. Tu ne peux pas lui enlever ça !

─ Je ne peux pas accepter qu’un bâtard hérite des biens de mon papa. Cela salirait sa mémoire.

─ Il a hérité de quoi pour que tu sois aussi radicale ?

─ De son resto qui ouvrira bientôt à Bouaké.

─ Ah ! Je comprends mieux. C’est une question d’argent, en fait.

─ Mais pas du tout ! Je le fais pour sauver la réputation de notre famille.

─ Si tu le dis, conclue Thierno avant de sortir du bureau de sa femme.

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Adam sent que son amoureux n’est pas dans son assiette. Depuis sa conversation avec Anissa, Drissa a le moral dans les chaussettes. Il s’en fout du fait que sa demi-sœur le rejette. Ce qui l’attriste, c’est qu’elle s’oppose à ce qu’il hérite de ce que son géniteur lui a légué. Il se voyait déjà accroître ses sources de revenu ; il a donc peur que tout lui soit arraché avant même qu’il n’ait pu en profiter. Couché à côté d’Adam, il demeure pensif.

─ Mon cœur, tu as quoi ?

Comme s’il a attendu cette question toute sa vie, Drissa explique toute la situation à son petit-ami. Celui-ci voit rouge. Déjà qu’il avait une dent contre son ex, sa haine s’intensifie avec ce que son amoureux vient de lui raconter.

─ Mais cette connasse d’Anissa, elle se prend pour qui ? Tu as droit à ce que ton père t’a cédé et elle ne va rien faire pour t’en empêcher.

─ Je n’ai pas envie de m’engager dans une bataille judiciaire.

─ Tu n’en auras même pas besoin. Je vais de ce pas lui dire deux mots.

─ Adam, non…

─ N’aie pas peur bébé ! Je la connais très bien. On va voir si elle aura le toupet de mal me parler.

Laissant Drissa dans ses pensées, Adam fonce tête baissée pour aller défendre son copain. Il a la ferme intention de restaurer son honneur. Plus rien n’a plus d’importance pour lui à cet instant.

Quand il arrive, il dépasse les serveurs, les managers, tous ceux qui sont sur son passage. Il est clairement venu en découdre. Il fait irruption dans le bureau de son ex.

─ Maman, c’est qui ? demande Djinda.

Anissa lève la tête. Malencontreusement, elle fait tomber la cuillère qu’elle utilisait pour nourrir ses filles.

Adam, quant à lui, est figé depuis qu’il a ouvert la porte. Stupéfait, il réalise que les jumelles d’Anissa sont le portrait craché de Dame Zouzoua, sa mère. Toute la colère qu’il avait est redescendue sur le champ. Il vient de trouver quelque chose de beaucoup plus important que la défense de Drissa.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant