58

174 22 17
                                    

En plus de devoir s’occuper de ses enfants, Medhi a endossé la responsabilité de prendre soin de sa femme qui a des comportements encore plus immatures. C’est dur. Mais par amour, il tient le coup.

Cette journée sera deux fois plus difficile car toute la famille ira au mariage de Maysân. Medhi compte y emmener Bushra. Le pari s’annonce risqué. Mais il estime que malgré son état, elle mérite aussi d’assister au bonheur de sa grande sœur.

Chez les Gueye, l’ambiance est similaire. C’est le père qui prépare les enfants car il a, au final, pris l’habitude de le faire. Heureusement pour lui, les jumelles se tiennent sagement. Les robes de princesse qui leur sont réservées y contribuent grandement.

Il est l’heure de partir. Anissa tente d’attraper la main de Nawel pour sortir de l’appartement, mais celle-ci refuse et court vers son père.

Les deux mains de Thierno sont occupées par les gamines et aucune d’elles ne semble vouloir marcher aux côtés d’Anissa.

─ Djinda, viens à côté de moi ! Nos robes ont la même couleur, fait remarquer la maman.

─ Non, je veux rester avec papa.

─ Donc, vous préférez être avec votre père plutôt qu'avec moi ?

─ Oui, répondent simultanément les jumelles.

Anissa se force à émettre un rire. Au fond, elle est un peu vexée. Thierno ne le ressent pas, mais il a l’intelligence émotionnelle de se dire que ce refus ne lui doit pas être très agréable à vivre.

─ Ne t’en fais pas ! Ce ne sont que des enfants. Aujourd’hui, elles me préfèrent. Demain, elles vont me détester quand je vais leur interdire de sortir après minuit, rassure-t-il.

─ C’est qu’elles vont encore te préférer hein, parce qu’avec moi, ce sera au lit à 22h.

Thierno pouffe de rire. Contaminées, les jumelles rigolent aussi ignorant qu’elles se moquent ainsi de leurs futurs malheurs.

😆😆😆

Le mariage entre Maysân et Edgar, initialement prévu pour 10h, commence avec une heure de retard. La règle selon laquelle les cérémonies africaines devraient se dérouler avec du retard ne manque jamais de s’appliquer.

Vu qu’ils ne sont pas de la même religion, le couple a décidé de sauter le mariage religieux. Ils ont prévu de s’unir directement devant le maire.

S’agissant de ce mariage, absolument personne n’a émis d’objections, et ce, malgré le jeune âge d’Edgar. Dame Jaber n’en pouvait plus de voir sa fille porter le statut de mère célibataire. Quand elle a su qu’Edgar a fait sa demande, elle a crié "Alléluia !" alors qu’il est de notoriété publique qu’elle est musulmane.

Le maire, le marié et les invités regardent tous vers la même direction. En effet, Maysân est en train de faire son entrée. Elle a voulu bouleverser les codes en arborant une robe noire qui épouse toutes ses formes. « C’est mon mariage. Je m’habille comme je veux. » n’a-t-elle cessé de répondre aux détracteurs de sa tenue.

Elle a tenu à défiler toute seule. Pendant qu’elle avance, elle pense à son père. Il n’aurait pas consenti à ce mariage, mais elle a la ferme conviction qu’il sera toujours là pour veiller sur elle.

La mariée est loin de se douter que parmi les invités, il y en a qui nourrissent des pensées perverses à son égard. En effet, Yves n’arrête pas de reluquer son postérieur.

─ J'ai du mal à accepter que c'est ce jeune homme qui va profiter de ce cul ! Eh, j'ai mal. Si seulement j’étais riche, balance-t-il discrètement à Apo.

─ Je te comprends tellement, répond la jeune serveuse. Si j’avais beaucoup d’argent, j’aurais été avec Thierno.

─ Mais est-ce qu’il était intéressé par toi ?

─ Forcément ! Je le sentais. C’est parce qu’Anissa est friquée qu’il a renoncé à notre amour.

─ Si tu le dis.

Comme prévu, le couple consent au mariage et échange un bisou sous les acclamations du public.

👩🏻‍❤️‍💋‍👨🏾👩🏻‍❤️‍💋‍👨🏾👩🏻‍❤️‍💋‍👨🏾

Maintenant, place à la réception !

À ce niveau, c’est Gil-Loïc qui s’est chargé de tout. Après avoir refusé l’offre d’organisation de leur mariage, il s’est ravisé grâce aux encouragements de son bien-aimé.

La façon dont il a décoré la salle est sublime. Son Titi, son premier supporteur, a tenu à être le premier à le lui signifier.

─ Merci beaucoup. J’aurais aimé pouvoir le faire pour des milliers d’autres mariages. Mais je sais qu’après, plus personne ne va me rappeler.

─ Ne te décourage pas mon Gillo ! Je propose que tu continues le boulot que t’aime pas et que tu fasses ta passion à côté pour arrondir tes fins de mois. Mais je ne veux pas que tu abandonnes.

─ Très bien. Je vais suivre ton conseil.

Pendant que tout le monde s’amuse, Anissa préfère sortir de la salle pour changer un peu d’air. Elle s’ennuie.

Quelques instants après, contre toute attente, elle est rejoint par Henri.

─ Ma Anissa chérie !

─ Tu me suis ou quoi ? Qu’est-ce que tu fais là ?

─ Vu que je suis proche d’ici, je suis venu donner un coup de main à mon meilleur ami qui avait besoin d’aide pour la déco de la salle.

─ Ok. Mais, tu dois partir maintenant. Tu n’es pas invité à ce que je sache.

─ Pourquoi tu me repousses alors que je suis le seul qui se préoccupe de toi ?

─ Tu racontes n’importe quoi, dit Anissa avant de ricaner.

─ Mais si, c’est vrai. Tu es toute seule. Ton mari n’arrête pas de discuter avec mon ami comme si c’est avec lui qu’il est marié. Regarde la femme de Medhi ! Elle est hyper gênante, mais son mari est toujours à ses côtés. Toi, personne ne te calcule alors que t’es une femme incroyable.

Anissa comble son manque de mots en terminant son verre de jus. Henri se rapproche d’elle et lui caresse le bras.

─ Et si tu venais chez moi pour qu’on discute ? Comme je t’ai dit, j’habite juste à côté.

─ Mais... mes filles...

─ Tes filles sont avec leur mamie, coupe Henri. Pense à toi un peu !

Après un moment d’hésitation, poussée par l’adrénaline du moment, Anissa accepte de le suivre. Elle sait qu’ils ne feront pas que discuter. Elle est même convaincue qu’ils ne discuteront pas. Et c’est justement la raison pour laquelle elle a donné son accord. Son corps n’arrête pas de lui réclamer beaucoup plus que des doigts et il est grand temps qu’elle le satisfasse.

🍆🍆🍆

La libanaise avait tout prédit à la lettre. Dès qu’ils sont arrivés, Henri a profité de l’absence de sa petite famille pour se jeter sur elle. Ils ont fait l’amour passionnément.

Lors du 2ème round, Anissa reçoit un appel.

─ Laisse sonner, supplie Henri.

─ Non, attends ! C’est ma sœur.

─ Oh mais qu’elle s’occupe de son mariage ! Pourquoi elle t’appelle ?

─ Aucune idée, répond Anissa avant de décrocher.

Henri tend l’oreille.

─ Allô !

─ Anissa, tu es où ? demande Maysân en panique.

─ Euh… je me suis déplacée. Pourquoi ?

─ Reviens vite oh ! Æmeen vient d’enlever mon fils. Il l’a arraché de force à maman et il s’est enfui avec lui.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant