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Henri se précipite dans sa voiture, mais le bruit inhabituel du moteur lui rappelle qu’elle est en panne. Il se sent tout à coup piégé.

─ Tu n’as pas besoin de t’enfuir. Je ne vais rien te faire. Je ne compte même pas me venger, rassure Medhi.

Le dealeur sort de sa voiture avec une certaine délicatesse.

─ Je suis désolé de t’avoir balancé aux flics. Il fallait que je préserve ma famille.

─ C’est vrai que je n’avais ni femme, ni enfants, ironise Medhi.

─ Pardon mon ami… Pardon…

─ Je ne t’en veux pas.

Henri souffle de soulagement.

─ Comment tu as su que c’est moi qui t’ait dénoncé ?

─ J’avais juste des doutes. C’est ta réaction qui les a confirmés.

─ J’aurais aimé que les choses se déroulent autrement.

─ Elles devaient se dérouler ainsi. C’était mon destin. En prison, j’ai beaucoup médité, tu sais. Ça m’a fait du bien. Ce passage derrière les barreaux m’a rendu mature. Le karma s’est bien occupé de moi.

Henri le regarde la mine déconfite. Il ne reconnaît plus son ancien ami. Néanmoins, il n’a pas le temps de s’attarder sur son changement. Il se réjouit juste du fait que ce dernier ne veuille pas appliquer la maxime : « œil pour œil, dent pour dent ».

Grâce à l’aide du mari de Bushra, le mari de Solène parvient à redémarrer son véhicule. Il conduit en trombe jusqu’à l’école de sa fille. La panne l’ayant retardé, il arrive une demi-heure après la fin des cours. Il retrouve sa fille Lana dans les bras de Nawel.

─ Quand je suis venu la chercher, elle a refusé de laisser ta fille toute seule ici. Elle m’a dit que tant qu’on ne viendrait pas la chercher, elle ne l’abandonnerait pas, explique Thierno.

─ Je n’en suis pas surpris. Ma fille n’a que le prénom Nawel à la bouche.

─ C’est vraiment beau. J’espère que leur amitié va durer.

─ Il faudrait qu’en tant que parents, on y mette du nôtre. On devrait se voir plus souvent. Ça te dit qu’on vous invite chez nous ? propose Henri.

Thierno n’en a clairement pas envie. Il aime bien Henri et Solène, mais pas au point de se rendre chez eux. C’est le genre de personnes qui a du mal à développer ses amitiés. Il aurait aimé profiter de son temps libre pour se retrouver seul. Mais par politesse et surtout parce que Nawel lui met la pression, il se voit contraint d’accepter.

─ C’est génial ! Je tiens à ce que tu viennes avec ta femme hein ! Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vue. Elle ne vient jamais chercher vos filles on dirait.

─ Tu sais, avec la perte de son père, elle ne pouvait vraiment pas.

─ C’est normal. J’espère que tout va mieux maintenant.

─ Oui, par la grâce de Dieu.

Les deux papas discutent des modalités de leur rencontre en famille avant de se séparer.

Thierno dépose les filles au restaurant avant de faire un tour chez lui. Il doit s’y préparer pour son rendez-vous avec Gil-Loïc. Il se tire à quatre épingles car il tient à mettre tous ses atouts de son côté.

Sa grande sœur arrive au restaurant. Vu qu’elle n’y est pas souvent, Anissa est surprise de la voir.

─ Ma belle, quelle surprise ! s’exclame-t-elle.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant