Mariage de couverture

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Anissa se rhabille précipitamment. En tant que mère, elle imagine ce que sa petite sœur peut ressentir. Si quelqu'un lui retirait ainsi ses jumelles, elle en serait morte de trouille. Elle est tellement pressée qu'elle sort de la chambre avec ses talons dans la main.

Quand le téléphone d'Anissa s'était mis à sonner, Henri avait déjà préparé ses meilleurs arguments pour la retenir au cas où elle serait tentée de partir. Mais la situation le dépasse lui-même. Impuissant, il la regarde courir pour rejoindre une Maysân en détresse.

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Æmeen est assis au volant de sa voiture avec une mine sévère. Il ne fait attention ni aux autres véhicules, ni aux jacassements de Mustafa. Il conduit comme un fou furieux quitte à causer des désagréments aux autres usagers de la route.

Le mariage de son ex-femme lui donne la gerbe. Il ne comprend pas comment elle a réussi à se défaire de lui. Il a toujours cru qu'il avait l'avantage et que quoiqu'il arriverait, elle reviendrait vers lui en rampant.

Digérant mal le fait qu'elle se soit entichée d'un autre homme, en l'occurrence, de quelqu'un qu'il considère comme un gamin, il a littéralement pété un câble. Vu qu'il souffre d'un chagrin d'amour depuis plusieurs années, il veut lui imposer la douleur de perdre son enfant. Il n'est pas heureux. Il ne veut pas non plus qu'elle le soit.

Le problème avec les personnes aussi instables, c'est qu'elles agissent sous le coup de l'impulsivité. En effet, Æmeen n'avait absolument rien préparé. Il s'est réveillé le jour du mariage et s'est dit qu'il allait kidnapper l'enfant. Il n'a pas pensé aux répercussions, aux éventuelles contre-attaques. Rien de tout ça ! Il a foncé tête baissée.

Eh bien, c'est tête baissée qu'il a été arrêté par la police. Il n'a même pas eu le temps de sortir de la commune que son véhicule a été localisé par les forces de l'ordre. Il faut dire que le désordre qu'il créait sur son passage ne l'a pas aidé à rester discret.

Encerclé par des voitures de police, l'homme se voit bien obligé de se rendre. Face aux policiers, il reste bien silencieux. La facilité avec laquelle il se soumet est déconcertante. On n'aurait pas dit que c'est l'homme qui, quelques années en arrière, battait sa femme.

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Une heure après ce moment, Maysân retrouve enfin Mustafa. Elle est soulagée et le manifeste en étouffant son fils unique dans ses bras, lui-même encore traumatisé par les récents événements.

La nouvelle mariée en profite pour dénoncer les violences qu'elle a subies de la part de son ex-mari. Elle s'était résolue à tourner la page, mais avec ce qui vient de se passer, elle désire plus que tout qu'il pourrisse au fin fond d'une cellule.

Thierno, accompagné de Gil-Loïc, a été la première personne à se lancer à la poursuite d'Æmeen. Malgré sa détermination, il n'y est pas parvenu avant la police. Même s'il n'a pas reçu les honneurs pour avoir capturé le criminel, il a gagné le respect de son amoureux. Et cela lui importe beaucoup plus.

─ Mon Titi, tu as été vraiment courageux. Alors que tout le monde s'affolait, tu as gardé ton sang-froid et tu t'es lancé à la poursuite de ce fou. Tu es un vrai super-héros.

Thierno laisse apparaître ses dents, signe de sa satisfaction.

─ Merci mon amour. Cette situation m'a fait prendre conscience que les choses qui comptent pour nous peuvent nous être arrachées en un rien de temps. Et moi, je ne veux pas te perdre. Je suis donc prêt à te présenter officiellement à Anissa.

─ Euh pour quoi faire ?

─ Pour demander le divorce et lui dire que je serai avec toi.

─ Ça me touche. Mais, j'ai pas besoin d'être là si tu veux le faire. J'avoue que ça me fait un peu peur. Imagine, elle me saute dessus, s'inquiète le wedding planner.

Monsieur Gueye rigole en remuant la tête dans tous les sens.

─ Elle ne te fera rien. Elle sait déjà que je suis gay et que je suis avec toi. Je veux que tu sois présent pour te prouver que je ne mens pas.

─ Ne serait-il pas préférable que vous en discutiez d'abord tous les deux ?

─ Oh Gillo, ne fais pas ta chochotte ! J'avais dit à Anissa que j'allais me séparer d'elle un jour ou l'autre. Elle ne sera pas vraiment surprise. Détends-toi bébé !

─ D'accord.

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Thierno ouvre la porte de son appartement, se décale afin de laisser la primeur à Gil-Loïc de s'y introduire.

Quand ils sont tous les deux à l'intérieur, ils constatent que le salon est sens dessus dessous. Thierno est énervé, d'autant plus que son chéri est témoin de la porcherie.

─ Nawel, Djinda, venez ici tout de suite ! hurle-t-il.

Les jumelles se précipitent pour faire un câlin à leur père. Mais ce dernier leur met un stop.

─ Qui a dérangé le salon comme ça ?

─ C'est moi, intervient Anissa qui passait par-là. Je suis en train de chercher mon téléphone.

Thierno expire bruyamment, fait un bisou à ses filles et leur permet de retourner jouer dans leur chambre.

─ La façon dont tu as tout mélangé là, j'espère au moins que tu as retrouvé ton téléphone.

─ Non, pas encore. Je ne sais même pas où il est.

─ Tu l'as utilisé où pour la dernière fois.

Après quelques secondes de réflexion, la libanaise sort spontanément : « Ah merde ! ». Thierno lui demande donc ce qui se passe.

─ Je vais t'expliquer quand ton amant sera parti, dit-elle.

Thierno se tourne vers Gil-Loïc.

─ Tu vois ? Je t'avais dit qu'elle te connaissait.

L'intéressé se contente d'esquisser un sourire.

Sans même proposer à ses partenaires de s'asseoir, Thierno annonce sa décision sans aucune forme de procès. Anissa est un peu abasourdie, oubliant même qu'elle a oublié son téléphone chez Henri.

─ Je comprends que tu veuilles divorcer. Mais les filles sont encore petites, continue Anissa. Tu ne penses pas que ça pourrait les déstabiliser ?

─ Et si on s'asseyait pour en parler ? suggère enfin Thierno.

Pendant qu'Anissa discute de l'avenir de son mariage, son téléphone vient d'être retrouvé par Solène. En effet, madame Amani lisait sa Bible tranquillement quand elle a entendu le bruit d'une notification. Elle s'est donc abaissée et a directement vu le téléphone. Quelle n'a été sa surprise quand elle a vu le message suivant sur l'écran : "Ma Anissa chérie, j'ai adoré te faire l'amour. Mon lit n'avait pas autant vibré depuis...".

Pour voir la suite du message, elle doit déverrouiller le téléphone. Or, elle n'a pas le code. Mais ce petit extrait est suffisant d'autant plus que le prénom de l'expéditeur du message est bien visible. Il lui rappelle curieusement quelqu'un !