─ Allô ! Je te rappelle après. Je suis en plein entretien.
─ D’accord bébé. Bisous.
Anissa raccroche aussitôt et reconcentre son attention sur Thierno.
─ Désolée si le fait de répondre à cet appel vous a déplu. J’aurais dû mettre mon téléphone sur silence.
─ Ne vous en faites pas ! Je ne m'en suis pas formalisé.
─ Comme je vous ai vu écarquiller les yeux...
─ Ah non, ce n’était pas pour ça.
─ Très bien. Où en étions-nous ?
─ Je vous demandais s’il n’y avait pas d’autres postes à pourvoir.
─ Nous avons lancé une offre pour recruter des serveurs.
─ C’est tout ?
─ Oui, répond Anissa.
─ Vous n’avez pas besoin d’un comptable… je sais pas moi... ou même d’un cuisinier. J’ai vu que vous comptiez rajouter des plats d’Afrique de l’Ouest à la carte. Mes parents sont sénégalais et ils m’ont appris à faire le fameux thieboudiène. Pour quelqu’un qui a un Master, je trouve que serveur, c’est un peu humiliant.
Anissa le fixe pendant un moment. Elle semble quelque peu déconcertée par son discours.
─ Monsieur Gueye, vous me permettez de vous dire vraiment ce que je pense ?
─ Allez-y !
─ C’est bien d’être ambitieux, mais parfois, il faut savoir être réaliste. Si votre sœur en est arrivée au point de nous supplier pour que vous ayez du travail, c’est parce que vous devez sûrement vous noyer dans le chômage. Ça se voit que vous êtes intelligent ! Mais quand on est dans votre situation, désolée de le dire, on ne fait pas la fine bouche. Alors, à partir de maintenant, vous allez déposer votre fierté à l’entrée du restaurant parce que je vous annonce que vous êtes pris. Rendez-vous lundi prochain pour votre premier jour en tant que serveur qui est un noble métier.
Thierno est tellement surpris d’avoir été embauché qu’il ne le réalise qu’une dizaine de secondes après que sa patronne lui ait tendu la main avec un large sourire. Il s’empresse d’accepter sa poignée de main.
─ Merci madame Jaber.
─ Je vous en prie. Mais, vous n’êtes pas content ou quoi ?
─ Euh si.
─ Alors, faites-moi votre plus beau sourire, voyons !
Thierno s’efforce d’esquisser quelque chose qui ressemble à un sourire. Anissa le charrie avant de le raccompagner vers la sortie.
N’ayant plus personne à recevoir, elle appelle Adam pour savoir ce qu'il avait à lui dire.
Après s’être échangés quelques “je t’aime’’, Adam déclare à sa petite-amie qu’il souhaite rencontrer ses parents. Elle panique. Il la rassure. Elle n’en a pas envie, mais elle sait bien qu’un jour ou l’autre, elle va devoir y passer.
─ Que dirais-tu de ce soir ? propose Adam.
─ Tu trouves pas que c’est un peu trop tôt ?
─ Plus tôt ce sera, mieux on s’en portera.
En réalité, Adam Zouzoua désire que le processus du mariage s’enclenche rapidement pour qu’il puisse, au plus vite, explorer sexuellement le corps d’Anissa. Il en a marre de ne pas pouvoir la toucher comme il le voudrait. Pour lui, il n’aurait plus à subir les sauts d’humeur de Thierno si Anissa était sa femme vu qu’il pourrait librement, à ce moment-là, coucher avec elle.
🍋🍋🍋
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. En effet, pour la toute première fois, Anissa a décidé de fermer les portes de son restaurant à 15h. Et alors que cette décision peinera sûrement les clients fidèles, elle ravit au plus haut point les employés. Elle l’a fait pour préparer la présentation de son amoureux à sa famille.
La belle trentenaire n’a pas lésiné sur les moyens pour que les siens soient dans les meilleures dispositions pour recevoir la nouvelle. Son père la surprend en train de cuisiner de bons petits plats.
─ Hayati¹, tu es revenue tôt aujourd’hui, dit-il avant de lui faire la bise.
¹(arabe) : Ma vie
─ Oui oui. En fait, je dois vous présenter quelqu’un de spécial. Je n’en dis pas plus.
─ Ta mère m’a dit qu’il y a un homme qui veut t’épouser. C’est lui n’est-ce pas ?
─ On ne peut vraiment rien te cacher. Oui, c’est bel et bien lui.
─ Et il n’est pas libanais ?
─ Papa, il est ivoirien.
─ Hum, j’attends de le voir avant de me prononcer.
Une heure plus tard, le repas est prêt. Bushra ainsi que la fille de ménage s’occupent de le dresser sur la table à manger pendant que l’aînée se pare de ses plus beaux vêtements.
Au même moment, Maysân fait son arrivée. Sa petite sœur, n’ayant toujours pas digéré son absence lors des entretiens d'embauche, se met à lui crier dessus. Une violente dispute éclate entre les deux sœurs. C’est leur mère qui intervient pour les calmer.
Anissa attache son foulard quand elle constate, à travers sa fenêtre, qu’Adam vient de stationner sa voiture devant leur portail. Elle descend aussitôt pour l’accueillir.
─ Bébé, tu es tout beau, complimente-t-elle.
Pour sa tenue, le petit-ami d’Anissa a fait le choix d’un boubou marocain avec des babouches. Il a voulu mettre toutes les chances de son côté afin de plaire aux parents de celle qu’il aimerait tant épouser.
Tout le monde s’installe dans le salon. Au fil des échanges, Adam montre qu’il est un garçon bien éduqué. La mère d’Anissa semble déjà sous son charme, alors que le père, ne laisse rien transparaitre.
Anissa, quant à elle, demeure stressée. Tout se déroule bien, mais le sujet de la religion n’a toujours pas été abordé. Elle sait que cela risque de tout faire basculer.
Il est 19h15 et c’est l’heure à laquelle les Jaber effectuent la prière d’Isha. Le patriarche interrompt alors Adam qui était en train de parler de ses études universitaires.
─ Il est l'heure de prier. Adama, tu as fait tes ablutions ?
Anissa serre les dents avant de cacher ses yeux avec ses mains.
─ Euh, en fait, je ne suis pas musulman.
Les sœurs d’Anissa froncent simultanément les sourcils.
─ Comment ça ? s’étonne le chef de famille.
─ Je suis juif.

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Mariage de couverture
RomanceC'est l'histoire de l'union entre une hétéro et un homo. Généralement, c'est le gay qui se sert d'une femme afin de cacher sa sexualité. Mais, dans ce récit, c'est la non-gay qui utilise le non-hétéro pour se couvrir. Mais de quoi ? Lisez donc pour...