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Adam marche lentement pour s’installer en face d’Anissa. Ses yeux ne quittent tellement pas Nawel et Djinda que les gamines sont apeurées. Anissa leur enjoint de rejoindre Thierno car elle sait que les discussions qui vont suivre seront électriques.

─ Tu es la dernière personne que j’espérais voir ici aujourd’hui, dit-elle après que les jumelles soient parties.

─ Ce sont mes filles n’est-ce pas ? demande sans détour Adam.

Madame Gueye regroupe toutes ses énergies négatives dans son regard afin de le lorgner de la plus sauvage des manières.

─ Il faut répondre à ma question. Ça ne sert à rien de me faire tes yeux de sorcière là !

─ Tu es malade de me demander ça ? Tu as tes filles avec qui ? Adam pardon, ne m’énerve même pas !

─ J’en déduis que ce sont mes filles.

─ Tu peux te foutre tes déductions là où tu encaisses toutes les queues de la ville.

─ C’est pas un peu homophobe ça ? Bizarre quand on a un mari qui est strictement gay !

─ Tu es venu chercher quoi ici au juste ?

─ Il fallait commencer par là. Je suis venu te dire d’arrêter d’importuner mon mec.

─ Ton mec ?

─ Oui, ton grand frère Drissa.

─ Eh ! Il est woubi lui aussi ? Décidément, vous avez envahi le pays.

Adam prend son téléphone car il vient de recevoir une notification. Anissa le détaille du regard en frottant ses jambes l’une contre l’autre. Elle est dans une période où son envie sexuelle est à son paroxysme et le fait de revoir celui qui l’a dépucelée a rendu son vagin humide sans qu’elle ne se touche.

─ Je te mets en garde, dit Adam quand il reprend la parole. Tu vas laisser Drissa hériter de ce qui lui est dû sinon je saisirai la justice pour obtenir la garde de mes filles.

─ Tu crois que ta pauvre menace m’effraie ? Légalement, tu n’as aucun droit sur elles.

─ Légalement, tu n’as pas non plus le droit d’empêcher Drissa de jouir de son héritage. Et pourtant, tu t’es fermement opposée à ce qu’il le fasse. Chacun sait sur quoi il compte.

─ Dégage d’ici !

Adam lui lance un sourire narquois avant de s’en aller.

Juste après son départ, Anissa ferme la porte à clé. Elle l’a foutu dehors non pas parce qu’elle était contrariée, mais parce que son excitation grandissait à une vitesse fulgurante. La restauratrice ressentait un fort besoin de se retrouver seule pour se masturber. Il y a une éternité qu’elle n’a pas fait l’amour et c’est le seul moyen dont elle dispose pour se satisfaire. Elle lance une vidéo érotique gay sur son ordinateur avant de caresser sa vulve d’une main et de pincer ses mamelons de l’autre.

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Æmeen a tout tenté pour se remettre avec Maysân. Il s’est même servi de Mustafa, leur unique enfant. Toutefois, aucune de ses stratégies ne s’est avérée payante.

Maintenant, il est prêt à passer à l’étape supérieure. Il veut pousser le bouchon un peu plus loin afin de déclencher un électrochoc chez Maysân. Ce qu’il compte faire est fou, mais pour lui, rien ne l’est assez quand c’est pour récupérer la personne qu’on aime.

Il attend l’arrivée de son ex-femme avec un couteau dans la main. En effet, elle doit venir pour récupérer Mustafa.

Quand elle gare son véhicule à proximité de sa maison, il laisse sa porte entrouverte toujours en tenant fermement son couteau.

Elle frappe à la porte. Il n’y a aucune réponse. Elle se permet donc d’ouvrir pour vérifier s’il y a quelqu’un. Elle est profondément choquée quand elle réalise qu’Æmeen a l’air de vouloir se suicider. En effet, ce dernier a placé la lame du couteau sur sa pomme d’Adam.

─ Wouh Seigneur ! Tu fais quoi comme ça ? hurle Maysân.

─ Si tu te maries avec ton gigolo là, je me tranche la gorge, menace Æmeen.

Maysân sort son téléphone discrètement et enregistre la scène.

─ Dépose ce couteau s’il te plaît, recommande-t-elle.

─ Dis-moi que tu ne vas pas te marier avec lui !

─ Où est Mustafa ?

─ Il est en train de jouer chez les voisins. Tu veux qu’il revienne et qu’il découvre que son père s’est ôté la vie ?

─ Le plus important pour moi, c’est de savoir que mon fils est en sécurité. Si tu veux, il faut te tuer. Tu peux te donner autant de coups de couteaux que tu veux. Je m’en carre complètement, déclare la libanaise avant de sortir de l’appartement.

Contente d’avoir une preuve de ce qui vient de se passer, elle range soigneusement son téléphone dans son sac. Ensuite, elle va récupérer son fils.

Æmeen, quant à lui, est fâché à cause la faillite constante de ses plans. Par conséquent, pour libérer toute sa haine, il se sert du couteau pour abîmer ses fauteuils.

🔪🔪🔪

Bushra répète plusieurs fois "Medhi" dès qu’elle voit son mari. Ce dernier est persuadé qu’elle le reconnaît. Elle a l’air d’être perdue dans un autre monde, mais semble à la fois, tellement lucide. Il constate qu’elle a une énorme cicatrice sur le coude. Il fait directement appel au personnel soignant.

─ Comment elle s’est fait ça ? demande-t-il en montrant la cicatrice.

─ Elle avait ça avant de venir hein !

─ Je ne pense pas avoir vu ça la dernière fois que je suis venu lui rendre visite.

─ Pfff moi je sais pas hein ! J'ai beaucoup de choses à faire, dit l’infirmier avant de tracer sa route.

Medhi fait un dernier câlin à sa femme et lui chuchote : « Je vais bientôt te sortir d’ici ». Elle se contente de sourire comme une gamine à qui on a proposé des friandises.

De retour dans son quartier, l'ex-prisonnier aperçoit un homme au loin qui agite ses bras. Ce dernier a des soucis avec sa voiture et réclame de l’aide. En se rapprochant de lui, il reconnaît son ami du cartel.

─ Henri, prononce-t-il avec vivacité avant de ricaner.

─ Eh…Medhi…je ne savais pas que tu étais sorti.

─ C’est normal vu que tu as arrêté de venir me rendre visite.

─ Mon pote, je suis vraiment désolé. J’avais tellement de…

─ Tu peux arrêter de faire l’hypocrite, coupe Medhi. Je sais que c’est toi qui m’a balancé à la police.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant