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Depuis une dizaine de minutes, Henri ne se gêne point pour draguer ouvertement Anissa. Le charme de la belle libanaise lui fait tellement perdre la tête qu’il en oublie presque l'existence de Solène.

Anissa est agacée par sa lourdeur. Néanmoins, elle reste patiente vu qu’elle veut comprendre d’où il détient toutes ces informations sur elle.

─ Anissa, ma belle Anissa, demande-moi de décrocher la lune et je le ferai sur le champ.

─ Pourtant, tu n'as pas hésité à venir me réclamer le reste de ton argent hein ! Sacré gentleman !

─ Oui, mais…

─ Pardon, j’ai beaucoup de travail, coupe la restauratrice.

─ J’espère qu’on se reverra ma Blanche Neige de Koumassi.

─ Je ne te comptais pas te revoir, et ce surnom ridicule me rassure dans l'idée que j'avais.

─ Je pensais qu'il te ferait sourire.

─ Tu peux voir à l'expression de mon visage que c'est raté.

─ Permets-moi de t'inviter quelque part pour que je puisse me rattraper !

─ Explique-moi d’abord comment tu sais autant de choses sur moi !

─ Que dirais-tu si je t’expliquais tout ça autour d’un bon repas ? propose Henri plein d’ambition.

─ Pfff !

─ Je vais prendre ça pour un oui. Je t’enverrai un message pour t’indiquer le lieu et la date de notre premier rencard.

─ Je ne viendrai pas.

Henri se contente de lui offrir son plus beau sourire avant de s’éclipser.

😁😁😁

Resté toute la matinée dans son lit, Thierno ne cesse de se tordre de douleur. Il se sent vraiment mal.

L’abus de GHB dont a fait preuve Anissa commence à avoir raison de lui. Surpris par une nausée désagréable à souhait, il se précipite vers les toilettes afin de régurgiter tout ce qu’il a avalé. La bouche entrouverte, il déglutit face à son reflet dans le miroir. Il n’a jamais eu aussi sale mine.

Quelques minutes après, habité par la bravoure d’un lutteur de son pays d’origine, Thierno récupère son téléphone portable. Il appelle Anissa dans le but qu'elle lui vienne en aide. Celle-ci décroche sur le champ.

─ Tu veux quoi ? commence-t-elle.

─ Je..je…

─ Oh mon ami, je n’ai pas le temps pour t’écouter bégayer. J’ai une montagne de travail. Ce que visiblement tu ne peux pas comprendre vu que tu es couché dans ma maison comme un pacha. Au revoir !

─ Att…

Trop tard ! Anissa lui a raccroché au nez. Il décide par conséquent de se tourner vers Albert. Il a conscience du fait que celui-ci doit être occupé soit par son travail, soit par son fils, mais il n’a plus d’autre choix. Malheureusement, le petit-frère de Dialika réalise après avoir lancé l'appel qu’il n’a plus suffisamment de crédit.

Bushra, de son côté, souffre d’une autre forme de douleur : celle de savoir son mari derrière les barreaux. Ce matin, elle a dû inventer un mensonge pour expliquer l’absence de Medhi à ses enfants. La benjamine de la famille Jaber a toujours su que son mari n’était pas un enfant de chœur. Mais, elle n’aurait jamais pensé qu’il tremperait dans des affaires aussi sombres.

Elle décide de se rendre au commissariat en espérant y trouver un rebondissement favorable quant à la situation de son mari.

Après sa déclaration d’amour à Anissa dans le restaurant des Jaber, Henri est retourné dans l’endroit où il n’a eu aucun scrupule pour dénoncer Medhi. Il s’y est rendu pour jouer la carte de l’ami présent dans les moments difficiles et le détenu n’y voit que du feu.

─ De tous mes amis, tu es le seul qui est venu pour le moment, déclare le mari de Bushra. Merci beaucoup pour le soutien.

─ Je t’en prie, mon frère. C’est normal. Est-ce que tu as une idée de comment tu t’es retrouvé ici ?

─ Apparemment, quelqu’un m’a dénoncé. Mais, je ne sais qui.

─ Si je retrouve celui qui t’a fait ça, je vais lui casser la gueule, rage Henri avec un air menaçant très convaincant.

─ Mon avocat m’a dit que le témoignage ne sera pas suffisant. Il faut qu’il y ait des preuves beaucoup plus concrètes. Si la police n’arrive pas à les rassembler, je vais bientôt être relâché et retrouver le connard qui m’a foutu ici.

─ Ah ! C’est super !

Henri tente de garder la face. Mais, au fond, il est paniqué. Il tente de changer de sujet pour ne pas que cela se perçoive.

─ Est-ce que tu sais que j’ai l’intention de gérer¹ l’une de tes belles sœurs ?

¹: sortir avec, draguer

─ Qui ça ?

─ Devine !

─ Maysân ! Il paraît que son mari la tabasse.

─ Non, Anissa.

─ Mais, elle vient à peine de se marier. Tu es fou ?

─ Laisse ça ! Actuellement, ma femme est enceinte et elle devient de plus en plus moche.

─ Ouais, j’avoue que c’est chiant, reconnaît Medhi. Quand Bushra était enceinte, elle ressemblait à Shrek.

Simultanément, ils éclatent de rire.

─ Tu vois que j’ai raison de vouloir m’amuser un peu. Anissa va bientôt tomber raide dingue de moi.

─ Anissa va faire quoi ? demande Bushra qui vient d’intercepter la conversation entre les deux hommes.

Medhi, complètement gêné par la situation, fait les présentations. L’air d’Henri n’inspire pas confiance à sa femme. Toutefois, elle garde les révélations de son intuition pour elle. Elle n’a pas envie d’embêter davantage son mari avec tout ça.

🚩🚩🚩

C’est après une longue journée de travail qu’Anissa revient chez elle. Elle frappe plusieurs fois à la porte, mais personne ne lui ouvre. Elle se rabat donc sur son plan B : ses clés.

─ Thierno, j’espère pour toi que tu n’es pas dans cette maison parce que ça fait une éternité que j’attends derrière la porte, hurle-t-elle après être rentrée.

N’entendant aucun son en guise de réponse, elle file spontanément vers la chambre. Le choc se dessine sur son faciès quand elle découvre un Thierno allongé à même le sol avec un liquide visqueux qui dégouline de sa bouche. Prise de panique face à ce tableau effrayant, elle appelle immédiatement les secours.

Une ambulance arrive rapidement et récupère Thierno qui est toujours inerte. La libanaise culpabilise à mort. S’il lui arrivait quelque chose, elle s’en voudrait à vie.

😰😰😰

Tête baissée, Anissa est dans la salle d’attente depuis plus d’une heure. Elle remarque, par la suite, des pas qui se dirigent vers elle. Elle lève spontanément la tête. C'est une femme vêtue d'une blouse blanche.

─ Madame ?

─ Oui.

─ Soyez vraiment forte !

─ Pitié, ne me dites pas ça !

─ Je suis vraiment désolée de vous l’annoncer ainsi… Mais, malheureusement, votre mari n’a pas survécu.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant