31

234 25 20
                                    

─ Monsieur Amani, vous avez fait le meilleur choix pour votre famille. Monsieur Reda a été arrêté.

─ Medhi a été arrêté ? Déjà ?

─ Eh oui ! Nos agents sont efficaces.

─ J’espère que vous ne lui direz pas que c’est moi qui l’ai dénoncé.

─ N’ayez aucune crainte !

─ Merci monsieur le commissaire.

Henri rentre chez lui le cœur lourd. En effet, il se sent mal car il a dû balancer son ami à la police. Mais, en même temps, il est rassuré car il est certain de ne pas pourrir en prison.

Tout a commencé le jour où Medhi et lui se sont enfuis discrètement de la villa où il devait y avoir une réunion du cartel. Henri avait peur que les membres surpris par la police le dénoncent. Alors, il a préféré se rendre en négociant un accord avec la police. Ainsi donc, pour sa liberté, il a dû payer une forte amende et dénoncer tout ce qui se passait au sein du cartel ; ce qui impliquait le fait de livrer son ami aux mains des flics.

La réception du mariage a été écourtée à cause de l’arrestation de Medhi qui a choqué les invités. Pendant que certains essaient d’en savoir un peu plus, d’autres, animés par l’esprit de gourmandise, en profitent pour se remplir les poches de nourriture. Anissa est déçue car elle a participé en majorité aux dépenses d’une réception qui a, finalement, été gâchée. Son nouvel époux, quant à lui, s’en réjouit car il craignait de danser devant les invités.

Plusieurs membres de la famille Jaber sont au commissariat pour soutenir Bushra et pour mieux comprendre ce qui se passe. Anissa s’y est rendue avec ses parents ainsi que Thierno. Estomaqués, ils y apprennent que Medhi trempait dans des histoires de narcotrafic.

Bushra se sent extrêmement humiliée. Elle n’arrête pas de pleurer dans les bras de sa sœur.

─ Comment est-ce qu’il a pu me faire ça ? s’écrie-t-elle la voix cassée. Qu’est-ce que je vais devenir sans mon mari ?

─ Calme-toi s’il te plaît ! Nous sommes entourés de gens qui ne doivent pas te voir dans cet état, murmure Anissa.

─ Toi, tout ce qui t’intéresse, c’est la réputation de la famille.

─ Oui, et je l’assume ! Le fait que ton mari soit en prison va nous faire une mauvaise pub pour le restaurant. Alors, n’en rajoute pas avec tes pleurs ! Tu te dois de rester forte pour tes enfants.

Abasourdi, Thierno observe la scène de loin. Il ne se sent pas légitime d’assister à ce drame familial. Il en a marre et ressent le besoin de s’évader. Son vœu sera exaucé quand sa belle-mère prend la parole.

─ Anissa, je pense que vous devriez rentrer pour profiter de votre première nuit en tant que nouveaux mariés.

Papa Jaber renfrogne sa mine. Il a un pincement au cœur car il réalise que sa fille a définitivement coupé le cordon. En effet, Anissa et Thierno vont désormais passer le plus clair de leur temps dans un appartement que louera la jeune patronne. Son statut de femme mariée lui coûtera beaucoup d’argent car c’est à elle qu’incombera la charge de s’occuper de toutes les charges étant donné que Thierno ne gagne pas grand chose. Conserver une image respectable auprès de la société a un prix et Anissa devra s’en acquitter aussi longtemps qu’elle voudra la garder.

Monsieur et madame Gueye arrivent dans leur nouvelle demeure. Thierno ne prend même pas la peine de contempler ses nouveaux appartements. Il se dirige tout droit vers la chambre pour se débarrasser de son boubou qui l’étouffe. Anissa l’y rejoint quelques minutes après.

─ Tu veux que je te serve quelque chose à boire ? propose-t-elle.

─ Non, j’ai sommeil.

Elle se rapproche de lui.

─ Écoute Thierno, c’est vrai que tous les deux, on ne s’aime pas. Mais vu qu’on va vivre sous le même toit, je pense qu’on pourrait faire des efforts pour communiquer un tant soit peu.

Thierno souffle. Il retire son pantalon avant d’allumer la clim.

─ Apporte-moi une boisson bien glacée, s’il te plaît !

─ Tout de suite !

Si Anissa se montre aussi serviable, c'est parce qu'elle a une idée derrière la tête. C’est la chose la plus perverse qu’elle a prévu de faire en 32 ans d’existence.

Dans la cuisine, elle sort une bouteille de bière qu’elle avait spécialement achetée pour mettre en œuvre son plan. Elle la sert dans un verre avant d’y insérer une grande quantité de GHB : substance dangereuse qui permet notamment de favoriser la perte de conscience.

Elle remet le verre empoisonné à Thierno, tandis qu’elle-même a une boisson vierge de toute substance.

L'ivoiro-sénégalais a l’intention de boire quand il sent une odeur qui lui semble bizarre.

─ Je rêve ou tu m’as servi de l’alcool ?

─ Oui et ?

─ Je suis musulman. Et tu es censée l’être toi aussi non ?

─ Oh ! Arrête-moi ton cinéma là ! Quand tu couchais avec Adam, tu pensais à l’islam ?

Thierno reste silencieux.

─ Bois cette bière, mon cher, continue Anissa ! Tu as déjà fait le pire, autant en profiter.

La jeune trentenaire boit de grosses gorgées pour montrer l’exemple à son mari qui, lui aussi, finit par la suivre.

─ Alors, t’aime bien ?

Thierno chuchote un : « AH ! » avant de répondre.

─ Ça a un goût vraiment bizarre. Je sais pas pourquoi les gens en raffolent autant.

─ C’est parce que c’est ta première gorgée. Bois encore ! Tu vas finir par apprécier le goût.

Thierno obtempère au point de finir tout le verre. Petit à petit, le GHB fait son effet. Le mari d’Anissa somnole, dort pendant quelques secondes et se réveille.

Après, il finit par perdre complètement connaissance. Anissa en est très satisfaite. Pour le moment, son plan se déroule comme sur des roulettes.

Par la suite, elle salit la couverture du lit avec du faux-sang. Pour finir, elle déshabille son mari qui est littéralement inerte et s’allonge à côté de lui toute nue. Elle ferme les yeux en espérant que sa stratégie ait les effets escomptés.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant