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─ Monsieur, avez-vous besoin d’autre chose ?

─ Oh Thierno, nous ne sommes que deux. Arrête de me vouvoyer !

Le serveur fait mine de n’avoir rien entendu. Il s’efforce de rester professionnel avec Adam. Mais celui-ci ne lui facilite pas la tâche. En effet, le petit-ami d’Anissa s’agenouille devant lui. Il comprend vite les intentions de ce dernier. Mais bizarrement, il veut d’abord le laisser aller au bout de ses idées avant de réagir.

Adam fixe l’entrejambe de son sexfriend avant de le renifler sensuellement. Thierno y prend goût comme le témoigne son pénis qui se met rapidement en érection. Adam ouvre au fur et à mesure la fermeture éclair de son pantalon.

Vu que le serveur ne porte pas de sous-vêtements, Adam aperçoit rapidement l’objet de sa convoitise. Il s’apprête à l’avaler quand Thierno se décale avant de ranger son engin. Adam souffle d’exaspération. Il était si proche du but.

Thierno tente de s’échapper, mais il constate que la porte est fermée à clé. Adam en profite pour s’accrocher à lui. Il rapproche petit à petit son visage du sien.

─ Embrasse-moi, s’il te plaît, souffle-t-il les yeux fermés.

Le serveur n’arrive plus à résister. L’excitation du moment prend le dessus. Il joint rapidement ses lèvres à celles d’Adam. Il le plaque contre la porte et l’embrasse avec un mélange de passion et de brutalité. Adam savoure chaque moment du baiser. Le corps de Thierno lui avait tellement manqué.

Un petit moment de répit entre deux batailles de langue suffit à l’ivoiro-sénégalais pour reprendre ses esprits. Il réalise qu’il a commis une énorme bourde en succombant à la tentation. Il pense avoir trahi sa patronne et se met à culpabiliser sur le champ. 

─ Laisse-moi sortir ! ordonne-t-il.

Adam le caresse, mais il le repousse violemment.

─ Ça va pas ? Qu’est-ce qui t’arrive ?

─ Adam, je veux sortir. Oupôta* !

*Façon qu’ont les ivoiriens de dire « Ouvre la porte ! ».

─ Thierno, je t’en supplie. Une dernière fois, implore Adam.

Le serveur s’énerve et le saisit violemment par les cols. Adam qui ne l’a jamais vu dans cet état, est apeuré et lui indique donc l’emplacement de la clé.

─ Tu as beau me résister, il y aura toujours un truc entre nous. On s’attire mutuellement et tu ne peux rien contre ça.

Thierno lui balance la clé au visage avant de s’échapper du bureau. Il est directement accueilli par Apo qui s’impatientait de le revoir.

─ Tu as duré là-bas hein ! Il te voulait quoi ?

─ Rien.

Par la suite, il fouille dans son sac dans l’espoir d’y trouver une cigarette. Son souhait est exaucé. Il récupère un briquet avant de se diriger vers la sortie. Durant tout ce temps, il est suivi par sa collègue.

─ Tu vas fumer, c’est ça ?

─ Oui.

─ Il y a des clients hein !

─ Je m’en fous. J’ai besoin de sortir d’ici.

─ Je t’accompagne.

─ Je veux être seul.

─ D’accord. Je vais te couvrir alors.

─ Comme tu veux !

Thierno s’éloigne du restaurant avec sa cigarette dans la bouche. Il s’en veut d’avoir poussé le bouchon avec Adam. Ce n'était qu'un baiser, mais sa conscience ne cesse de le gronder. Il espère ne plus jamais céder ainsi à ses pulsions.

Dans sa voiture, Anissa chante des comptines africaines avec ses neveux.

🎶Amina tolé
Éléssiba
Ina ahô 🎶

Thierno la voyant arriver reconnaît immédiatement sa plaque d’immatriculation. Il chuchote un « Merde ! » avant de se cacher derrière un poteau électrique. Toutefois, sa carrure athlétique le trahit car sa patronne le remarque quand même. Elle se gare à côté du poteau.

─ Hey Thierno ! Qu’est-ce que tu fais là ?

Le serveur jette discrètement sa cigarette avant de la piétiner.

─ J’étais en train de marcher un peu.

─ Tu peux aussi marcher dans le restaurant hein !

─ Désolé madame.

─ T’inquiète pas ! Allez monte !

Thierno, gêné, prend place dans le véhicule. Il est encore plus froid que d’habitude. Il n’arrive même pas à orienter son regard vers celui d’Anissa vu qu’il a des choses à se reprocher vis-à-vis d’elle. Sa culpabilité le ronge. Il se promet de ne plus jamais consentir aux avances d’Adam.

─ Les enfants, je vous présente Thierno. Thierno, voici Mustafa et Syrine.

Il leur adresse un bref regard.

─ C’est ton amoureux ? demande Syrine.

─ Euh non, ma chérie. Je vais vous présenter mon petit-ami quand on va arriver.

─ Je t’ai dit que c’était pas son gars, intervient Mustafa. Il est trop noir. Mémé m’a dit qu’on doit se mettre avec des gens comme nous.

─ N’écoute pas ta grand-mère hein Muss ! Souvent, elle raconte n’importe quoi. Tu as compris ?

─ Oui tata.

Une fois arrivés au restaurant, Anissa laisse ses neveux sous la surveillance de Thierno. Celui-ci est déjà sur les nerfs. Il n’a jamais aimé les enfants car il les trouve insupportables. Il s’est toujours convaincu que c’est la raison pour laquelle Dieu l’a créé homosexuel.

Syrine et Mustafa ont commandé de l’alloco. J’ai bien dit alloco et non makemba ou encore plantain frit. Je répète : ALLOCO ! J’espère que c’est clair. Bien, je retourne au mode impersonnel.

Quelques minutes après avoir servi le plat des enfants, Thierno entend des cris. Il revient et surprend Mustafa en train d’administrer des coups de poing à sa cousine. Il l’arrête sur le champ.

─ Mais pourquoi tu la tapes ?

─ Elle a volé mon alloco.

Thierno souffle d’exaspération. Il n’en peut déjà plus.

─ Ton papa ne t’a pas dit qu’on ne frappe pas les femmes ? s’énerve le serveur.

─ Bah non ! Lui-même, il frappe maman tous les jours.

─ Quoi ?

─ Oui kêh ! La dernière fois, il lui a donné beaucoup de coups de poing et elle pleurait.

─ Comment toi tu sais ça ? s’inquiète le serveur.

─ Je les regardais à travers le petit trou de la porte, répond fièrement le fils de Maysân.

Consterné, Thierno se demande ce qu’il doit faire de cette information.

Mariage de couverture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant